Promesse traitresse

3.8K 151 48
                                    

Lay

TW : Tentative d'agression


Très chère Mademoiselle Salvator, votre conversation est des plus divertissantes.

La main de Walford se glisse au creux de mes reins. Mon corps se crispe de dégoût. J'essaie de capter le regard d'Ase qui se tient au devant le bar. Mais lorsque ma vision tombe sur le comptoir, il n'est plus là. La main potelée de Walford glisse plus bas sur mes hanches. La pression dans mes veines pulse. Putain, où est-il passé ?

Venez donc, ne soyez pas timide ma petite, m'appelle l'homme de toute ma répugnance.

Il tapote sur ses cuisses. Je plante mes yeux dans les siens, petits, ronds, vicieux et surtout pervers. Tout chez cet homme m'inspire de la répulsion. Malgré cette aversion, je prends sur moi, j'inspire de toutes mes forces et m'oblige à sourire. Je peux jouer ce rôle. J'ai fait ça toute ma vie. Me fondre dans un moule pour disparaître.

Il commence à m'attirer sur ses genoux, je n'ai qu'une envie c'est de mourir. J'observe chaque recoin de la salle dans l'espoir de croiser la mort. Cette mort qui sera mon seul salut. Cette mort qui m'a promis de rester à mes côtés ce soir. Et qui, comme tous les autres, a failli à son serment. Mon cœur résonne dans tout mon corps.

Je m'éloigne de la poigne de Walford instinctivement. Je ne veux pas avoir une quelconque proximité avec cet homme. Pour garder les apparences je lui lance avec le peu de conviction qu'il me reste :

Voyons Monsieur Walford, nous ne pouvons pas nous exposer de telle façon dans un lieu public...

Mon sourire s'agrandit comme pour me convaincre de ce mensonge. Le visage bouffi de ma cible me scrute avec un plus grand intérêt. Je crains d'avoir fait une erreur. Les pupilles dilatées de Walford me confortent dans ma mauvaise décision d'avoir ouvert la bouche. Putain, c'est comme si je lui suggérais d'aller dans un lieu plus intime ! Je me frappe mentalement d'avoir commis une telle bourde. Le corps potelé de mon interlocuteur se lève de son siège, ses mains répugnantes jettent les cartes qu'elles tenaient quelques secondes avant.

Vous êtes tellement plus sage, ma petite Salvator. Vous avez entièrement raison, il ne faudrait pas être surpris. Je ne voudrais pas que votre mari nous surprenne.

J'ai presque envie de rire quand il prononce le mot mari. Si Ase était mon mari, j'ose espérer qu'il ne m'aurait pas abandonnée aussi lâchement. La trahison est un doux poison qui récidive de douleur chaque fois que vous accordez votre confiance.

Venez donc, ma douce, m'intime Walford en soufflant contre mon oreille.

Sa respiration chaude qui rebondit sur ma peau me donne des frissons d'effroi. Je viens de me foutre dans la merde. Ses doigts retrouvent leur position initiale dans le creux de mes reins. Il me guide vers ma sentence. Mes jambes s'actionnent mécaniquement. Nous avançons vers un endroit obscur du casino. Ma peur s'allonge dans mon ventre.

Ase, où es-tu ?

Prouve-moi que tu tiens ta promesse...

Même avec mes supplications mentales, je sens que la solitude me pèse. Je pourrais lui envoyer notre signal d'alerte, mais sortir un téléphone devant Walford pourrait lui mettre la puce à l'oreille. Il est hors de question que je fasse tout capoter. Peut-être que quelqu'un viendra à mon secours indiquant que la mission est terminée ? J'ai bien peur que mes espérances soient vaines. Je vais devoir me débrouiller seule.

Je suis passée de la chasseuse à la proie en l'espace d'un clignement de cil.

Je sens que nous allons bien nous amuser, se réjouit Walford.

SHADE OFFWhere stories live. Discover now