7. Opus est sanitas - partie 3

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Elliot ferma les yeux de toutes ses forces, deux grosses larmes dévalèrent ses joues. Il inspira à nouveau. Un sifflement grinçant témoigna de ses difficultés à laisser l'air entrer.

— C'est peut-être de l'asthme ? proposa Fatiha.

— Je veux que tu essaies quelque chose, poursuivit Irène qui était certaine qu'il ne s'agissait pas d'asthme. Mais il faut que tu continues de respirer, surtout, continue de respirer. Je veux que tu écoutes ma voix et que tu tentes de répondre à mes questions.

— Je veux sortir. Je veux sortir.

— 300. 300 moins 3. Combien font 300 moins 3 ?

— Je veux sortir.

— Réponds. 300 moins 3 ?

— 297.

Irène continua à compter Elliot à reculons. Trois par trois. Ponctuant son exercice de « respire ».

— C'est super ! l'encouragea-t-elle. Tu continues encore un peu. Tu comptes à rebours, trois par trois. Jusqu'à zéro, s'il le faut.

Il compta. Et au fur et à mesure, la pression qu'il exerçait sur les doigts d'Irène diminua, jusqu'à devenir un doux contact qu'il ne rompit pourtant pas.

Quand l'équipe de secours arriva, Elliot murmurait le chiffre 180.

Un médecin et trois gardiens supplémentaires arrivèrent en courant. Edmée arriva peu après, ses pas rapides martelant le sol de ciment. Les renforts portaient une arme à la ceinture. Pensaient-ils à une stratégie d'évasion ou craignaient-ils simplement que la panique d'Elliot soit contagieuse et vire à l'émeute collective ? La santé d'Eliott ne devait pas être en tête sur la liste de leurs inquiétudes.

— Il est resté conscient ? demanda le médecin urgentiste.

Sur sa blouse vert pomme, un badge indiquait « Daniel Laisné - médecin-chef de la prison ».

— Oui, dit Irène, totalement conscient.

— Je me sens mieux, dit Elliot en lâchant la main d'Irène pour se mettre en position assise. Je peux répondre moi-même à vos questions.

Même s'il allait mieux, il se tenait toujours la poitrine comme si quelque chose à l'intérieur risquait de se décrochait. Sa respiration semblait encore difficile, haletante, et son teint restait blême.

— Tu as des antécédents médicaux ?

— Vous devez être au courant, articula-t-il comme si chaque mot lui causait des douleurs. La production a dû vous mettre au courant de nos passés, non ?

— Tu es Elliot, c'est ça ?

— Oui.

— Tu viens de la zone. Vous n'avez pas de suivi médical là-bas et pas de dossier non plus. Je ne sais donc pas si tu as déjà eu des problèmes de santé avant.

— Vous pensez à quel genre de problèmes de santé ?

— Asthme... précisa le docteur Laisné.

— Ce n'était pas de l'asthme, intervint Irène.

Le docteur se tourna vers elle et elle comprit qu'elle n'aurait pas dû participer. Il se retourna ensuite vers Elliot qui poursuivit.

— Non. Je ne me souviens pas de crises d'asthme dans mon passé. Mais ma mémoire n'est pas ce qu'il y a de plus fiable depuis 24 heures...

Le docteur ne releva pas. Sa main sur le poignet d'Elliot, il prenait son pouls tout en l'interrogeant.

— Souffle au cœur ? Malformation cardiaque ?

Ennemis jurés TOME 1 SuspicionΌπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα