18. Vox populi - partie 3

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Le sang d'Irène se figea. Incapable de se réjouir, elle ne parvenait pas à y croire. Elle était toujours là ! Toujours là !

La première chose qu'elle chercha des yeux fut sa mère. Elle applaudissait, mais ne la regardait pas.

Le public émit un chahut indistinct mêlant bravos et huées.

Puis :

— Traîtres ! Enfoirés de bâtards ! TRAÎTRES !

Captée par les micros, la voix de Guillaume était transmise par les haut-parleurs. Il hurlait à s'en arracher les cordes vocales. Jamais Irène n'avait entendu quelqu'un crier comme ça. Il tirait sur ses menottes comme un fou. Du sang coulait déjà sur ses bras.

— Non ! NON ! TRAÎTRES ! Vous êtes des enfoirés ! Des traîtres et des tricheurs ! Tous des enfoirés de tricheurs !

La cage de verre dans laquelle il se trouvait se mit alors en mouvement. Les box étaient construits sur des roues. Celui de Guillaume se déplaça lentement vers le centre de la scène, de façon que le garçon fasse front au public.

Quand il passa devant elle, il s'en prit à Irène :

— Toi ! TOI ! La pistonnée ! La tricheuse ! C'est elle qu'aurait dû partir ! C'est ELLE ! Elle a tout prévu.

Ces paroles la transpercèrent de part en part. Était-elle une tricheuse ? Était-elle une pistonnée ? Sa mère ne la regardait toujours pas, mais elle affichait une expression trop victorieuse.

— Détachez-moi ! Détachez-moi !

Il luttait contre ses chaînes, s'accroupissait, utilisant tout son poids pour tenter de les briser. Il allait se blesser.

— Un calmant, s'il vous plaît, réclama Achille Moreau.

Le docteur Laisné sortit alors de nulle part, une valise médicale à la main. Il prépara la seringue pendant que trois gardiens entraient dans la cage de verre pour immobiliser Guillaume. Le médecin-chef lui administra son calmant.

L'effet ne fut pas instantané. Le prisonnier continua quelques instants de se débattre, de gesticuler et de hurler. Pourtant, petit à petit, sa volonté capitula face à la chimie.

— Non, gémissait-il plus faiblement. Non.

— Dans quelques instants, nous allons entendre le témoignage de Guillaume. Mais pour savoir lequel des deux jumeaux Perrin aura la tâche de l'interroger... nous faisons de nouveau appel à maître Kaplan.

L'huissier descendit de l'estrade des magistrats. Il tenait une pochette. Arrivé au niveau d'Achille Moreau, il ouvrit sa pochette et en tira une enveloppe. Elle n'avait rien de spécifique, si ce n'est qu'elle était beige comme les bulletins de vote et que la même police d'écriture l'identifiait. Irène avait du mal à lire à cette distance, mais il lui sembla apercevoir la première lettre. Un G, comme Guillaume. Maître Kaplan transmit le courrier au présentateur.

— Merci, Maître. Il y a plusieurs jours, avant le début de cette émission et avant les séances d'hypnose, les participants ont tous écrit sur des papiers leur réponse à une question. Il leur était demandé s'ils plaidaient coupable ou non coupable dans cette émission. Ici, dit Achille Moreau en levant son bras pour agiter la précieuse enveloppe, se trouve la réponse de Guillaume. Nous allons l'ouvrir et découvrir la raison de sa présence ici.

« Et la mienne », déduisit Irène. Même si son innocence ne faisait plus aucun doute depuis sa discussion avec Iphigénie, elle mourait d'envie d'en avoir la confirmation.

— À ce stade de l'aventure, nous tremblons tous d'impatience.

Achille Moreau observa les détenus tour à tour. Les déductions d'Iphigénie avaient fait le tour de la prison. Le suspense n'était pas aussi grand que ce que suggérait Achille Moreau. Pourtant, avec son enveloppe dans la main, il détenait un certain pouvoir sur chacun d'entre eux, une préscience avec laquelle il s'amusait follement.

« Allez, ouvre, sale épouvantail ! » pensa Irène avec rage. « Ouvre ! »

Achille Moreau défit l'enveloppe. Il procédait tout près de son micro pour que tout le monde entende le son du papier déchiré. Il tira le document, puis, sans le lire, il le retourna face caméra. Sur les grands écrans du tribunal s'afficha l'écriture maladroite et grossière de Guillaume.

Il devint alors certain que tous les détenus n'avaientpas été honnêtes avec Iphigénie.

Il devint alors certain que tous les détenus n'avaientpas été honnêtes avec Iphigénie

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Fin du chapitre 18.

Ennemis jurés TOME 1 SuspicionWhere stories live. Discover now