13. Accuso - partie 3

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— Quoi ?

— T'as triché à l'épreuve tout à l'heure. Je ne sais pas comment tu t'y es prise, mais t'as triché !

— Bien sûr que non.

— Comment tu savais ce qu'il y aurait dans tes assiettes alors ?

— Je l'ignorais.

— Menteuse ! cria-t-elle en venant plus près d'Irène. J'en ai parlé aux autres et ils sont tous d'accord avec moi, tu n'aurais pas dû surenchérir autant... quatre assiettes ? Et le sourire quand j'ai abandonné, je ne l'ai pas rêvé. Je l'ai vu. Tu t'es bien moqué de nous.

— J'ai surenchéri autant de fois que toi !

— Tu essaies de me faire croire que c'est une coïncidence ? Comme par hasard, tu remportes l'enchère et, comme par hasard, c'est un truc facile à manger qui arrive sur la table. Comme par hasard ça t'arrive à toi, Mademoiselle Monteil !

Les coïncidences existaient pourtant. Irène n'avait pas été la seule à en profiter. Elliot aussi avait eu la chance d'avoir des saucisses. Enzo avait surenchéri en faisant un pari fou. Et puis, si Irène avait réellement été favorisée, sa mère aurait aussi pris en compte les autres membres de son équipe ! Les accusations de Victoria n'étaient pas totalement fausses, mais elles n'étaient pas totalement justes non plus. Irène voulut se défendre et donner tous ses arguments.

— Je ne suis pas la seule...

Elle ne put pas aller plus loin, Guillaume venait de tourner le dos à la cheminée et lui coupa la parole.

— Tu savais qu'il y aurait des piments dans mon assiette et tu ne m'as rien dit ?

Il s'était métamorphosé. Sa peau s'était empourprée, ses lèvres épaisses tressautaient de rage. Il serrait même les poings. Le pouls d'Irène s'accéléra.

— Mais non, je n'en savais rien. Même si... même si j'avais réellement su, je n'aurais pas pu te prévenir sans avertir aussi Fatiha...

— Voilà ! cria Victoria. Elle reconnaît qu'elle savait.

— Moi ? Mais non, je n'ai pas...

— Tu vas me le payer, menaça Guillaume en franchissant les derniers mètres qui les séparaient.

Irène prit la fuite. Ce qu'elle vivait était si soudain et surréaliste ! Encore une hallucination ?

— Non, arrête, je n'ai rien fait de mal, dit-elle en tournant en rond autour du cercle, comme dans un jeu de chaises musicales.

Elle se réfugia derrière un fauteuil que Guillaume rejeta avec violence.

— Arrête ! cria Irène.

Quelques voix s'élevèrent pour la défendre : « Guillaume ! Calme-toi ! », mais ceux et celles qui se trouvaient entre elle et son agresseur s'écartaient prudemment.

Elle recula encore, jusqu'au moment où elle se retrouva acculée dans un coin. Guillaume l'attrapa par le col de sa veste et la souleva. Ses pieds ne touchaient plus le sol. Le tissu lui compressait la trachée.

Elle cria comme elle put, se défendit en remuant les jambes. Elle perçut la voix synthétique de l'I.A., mais ne prêta pas attention à ce qui était dit. Lâche-moi, pensait-elle. Lâche-moi. Ses doigts se cramponnaient aux mains qui la tenaient prisonnière. Elle enfonçait ses ongles rageusement dans la chair de Guillaume. Lâche-moi.

Il la jeta à terre. Elle s'effondra dans le vacarme assourdissant du fer renversé. Le pare-feu de la cheminée gisait près d'elle. Elle ne comprit pas tout de suite où elle avait atterri. Puis, elle sentit la chaleur.

Ennemis jurés TOME 1 SuspicionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant