19. Reus - partie 1

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~ Coupable

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~ Coupable

Huit lettres en encre noire se détachaient parfaitement sur la blancheur du papier : Coupable.

Le cri étranglé d'Irène passa inaperçu, les exclamations du public dépassant tout ce qu'on avait entendu auparavant.

Autour d'elle, tout s'effondrait.

Un choc unanime. À la fois collectif et intime, vécu en groupe et dans le secret de sa chair. Irène ressentait vivement l'incompréhension des autres : la sidération d'Iphigénie, la confusion de Victoria et l'apitoiement d'Elliot. Pour ceux que la nouvelle atteignait plus durement, les réactions furent plus violentes. Caro serinait que ce n'était pas possible, en se noyant dans ses larmes. François paraissait évanoui. Elle-même était tombée à genoux, ce qui avait déchiré un morceau de son bandage. Elle ne parvenait plus à reprendre sa respiration.

— Quoi ? Il y a écrit quoi ?

Guillaume hurlait. Tout le monde savait. Sauf lui. Ne voyait-il pas les écrans géants ? Irène voulut suivre la scène, même si sa tête tournait.

— QUOI ?

— Coupable, déclara Achille Moreau. Guillaume Boucher a plaidé coupable. Il est venu sur Ennemis jurés pour obtenir une grâce. Expier ses crimes. Mais le pardon est un cadeau rare. Un cadeau que tout le monde ne mérite pas. Un cadeau que vous ne méritez pas...

Irène décrocha. Elle se désintéressa de Guillaume et d'Achille Moreau. Elle voulait connaître la réaction de sa mère. Pour la première fois depuis le début du procès, elle croisa son regard.

C'était un regard qu'elle ne lui avait jamais vu. De la peine. De l'inquiétude. L'air entra à nouveau dans ses poumons. Ce fut comme si elle reprenait son souffle après une longue noyade. C'était douloureux, mais salvateur.

— Madame Monteil.

Irène réagit comme si on venait de l'appeler. Mais ce n'était pas pour elle, évidemment.

Son hypnotiseuse de mère se leva et descendit sur la scène avec une démarche pleine d'assurance. Quelques secondes plus tôt, elle semblait inquiète pour elle, et à présent elle évoluait sur scène comme un poisson dans l'eau. Irène se demanda si elle n'avait pas fantasmé ce qu'elle avait vu.

Sa mère portait une belle robe longue en satin vert. Ses longs cheveux noirs tombaient en cascade dans le bas de son dos. Elle ne faisait pas son âge, paraissant vingt ans de moins que ses soixante-huit ans. Une sorcellerie qui devait moins à la méditation qu'à la chirurgie esthétique et au traitement de jouvence des laboratoires de génomique.

Les équipes de l'émission s'activèrent pour transporter le matériel de Mélanie Monteil sur scène. Un tabouret pour qu'elle puisse s'asseoir. Puis, beaucoup plus important, sa collection de bols chantants tibétains.

Ennemis jurés TOME 1 SuspicionWhere stories live. Discover now