Forever Young (histoire terminée)

Chapitre 19 (nouvelle version)

JAKE

C'est elle. J'en suis certain. C'est Marlow qui l'a balancé à ma mère.

Je me sens trahi, putain ! pensé-je en parcourant la plage de long en large.

Comment ai-je pu lui faire confiance ?

J'aurais dû me douter qu'elle ne conserverait pas le secret bien longtemps.

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici, à réfléchir, à ruminer. Mon premier réflexe a été de contacter Daryl, mais comment lui avouer ce que j'ai fait ? Même mon meilleur ami n'est pas au courant de la folie qui me ronge. Paige, c'était mon secret. Quelle image lui renverrais-je ?

Je secoue la tête pour chasser ces interrogations. Il faut que j'agisse.

Je n'ai qu'à me barrer. Ouais, exactement. Fuir ma maison, c'est la meilleure solution que j'ai après le merdier dans lequel je me suis fourré. Plus de Marlow, plus de famille, plus de problèmes ! De toute façon, n'ai-je pas toujours été ainsi ? Ne songer qu'à moi, à mes démons, quitte à entrainer le reste du monde dans ma chute ?
Alors, à quoi bon ?
Je suis sur le point de mettre mes résolutions en pratique quand, soudain, l'image de Daryl se matérialise dans mon esprit. Mon ami. Mon frère. Celui qui a toujours été là pour me mettre une claque dans la figure lorsque c'était nécessaire. Je peux presque l'entendre m'engueuler, m'ordonner de me secouer les puces. Qu'au lieu de jouer aux lâches je ferais bien de prendre le taureau par les cornes.
Ma conscience a bien choisi son fantôme pour me rappeler à l'ordre, fais chier.
Il faut que je la vois. Je dois comprendre la raison de cet aveu de mon plus sombre secret à ma mère.

Je quitte la plage précipitamment et me dirige vers la maison à vive allure. Je ne prends même pas la peine de vérifier si les parents sont encore dans le coin, et fonce vers la chambre de Marlow.

J'ouvre la porte si violemment qu'elle finit sa course contre le mur, provoquant un bruit qui résonne dans toute la pièce.

Entrée fracassante, check !

— Tu... commencé-je d'un ton furieux, avant de m'interrompre.

La vision qui s'offre à moi me stoppe net dans mon élan.

Elle est dans son lit, perdue au milieu des coussins, comme un oisillon loin de son nid, Ashley est à ses côtés. Mais ce qui me perturbe le plus, c'est son regard. Ses prunelles larmoyantes reflètent un sentiment d'abandon que je connais que trop bien. Lors de son départ, il y a sept ans, j'ai ressenti la même émotion violente. La voir si chamboulée me fend le cœur, encore. J'ai envie de la prendre dans mes bras, j'ai envie de lui souffler que tout ira bien.

Ma colère surpassant tout le reste

Alors mes instincts reviennent au galop, me poussant à faire ce pour quoi j'ai toujours excellé.

Fuir.

J'opère un demi-tour et décampe en laissant ma sœur prendre soin d'elle.

Putain, ce petit bout de femme me rend fou. J'ai l'impression de n'être qu'un amas de slime* en sa présence, dégoulinant d'affection, rosé d'amour et carrément trop lâche pour le lui avouer.

Il ne manquerait plus que je me mette à danser **chaque fois que j'entends la voix de Marlow, tiens !

Je me réfugie dans ma chambre en sachant que je ne trouverai pas le sommeil cette nuit, hanté par le regard de Marlow. Je revois ses larmes, son petit corps tendu, je sentais presque son âme se fendiller de tristesse. En sa présence, tous mes sens sont exacerbés, c'est comme si, d'une certaine façon, j'étais connecté à elle. Il faut que je pense à autre chose.