Forever Young (histoire terminée)

Chapitre 32 (nouvelle version)

JAKE

Je n'ai pas dormi de la nuit.

Après avoir consolé Ashley, je l'ai conduite dans sa chambre et je suis restée auprès d'elle. Assis contre la tête de lit, j'ai écouté les ronflements de ma sœur en repensant aux derniers évènements. Pourquoi mes parents ont préféré taire la vérité sur le passé de Marlow ? Pour ma mère, la raison me paraît évidente : La preuve de l'infidélité de son mari était sous ses yeux. J'imagine qu'elle a été étouffée par ses ressentiments envers Marlow. Mais qu'en est-il de mon père ? Avait-il honte ? N'osait-il pas nous avouer sa paternité ? Avait-il peur de notre réaction ?

Les premiers rayons de soleil illuminent la chambre et m'éblouissent pendant quelques secondes. J'écoute les bruits qui viennent du rez-de-chaussée, devinant qu'au moins l'un de nos parents est réveillé. Je me lève, bien décidé à remettre cette famille dans le droit chemin.

J'emprunte les escaliers et une fois sur la dernière marche, je remarque ma mère dans la cuisine. Je m'approche, lui révélant ainsi ma présence.

Une tasse à la main, elle me salue, comme si la soirée d'hier n'avait jamais existé. Comment peut-elle nier un tel chaos ? Ma mère a-t-elle un cœur caché sous cette tonne de glace ? J'attends qu'elle engage la conversation, mais rien ne vient. Elle reste muette, dégustant son café tranquillement, comme si c'était un jour comme les autres.

Pourtant l'infidélité de mon père a dû la détruire. Quand je pense que nous n'avons rien soupçonné, avec Ashley. Ils se sont bien gardés de nous en parler ou même de le montrer. Qu'est-ce que les Hill peuvent encore dissimuler dans leurs placards ?

— Sa fille, hein ? C'est pour ça que tu ne l'as jamais aimé. Tu as bien caché ton jeu, maman, constaté-je.

Elle sirote sa boisson chaude sans stress et prend son temps pour me répondre.

— Je l'ai découvert lorsque ton père et moi avons compris que nous ne pourrions jamais avoir d'enfants. Son infidélité, je pouvais lui pardonner, mais faire un enfant à une autre, ce n'était pas supportable. Je lui ai demandé de choisir et c'est ce qu'il a fait. En déposant cette fillette à l'orphelinat, me glisse-t-elle d'un ton bien trop calme.

A-t-elle conscience que Marlow n'est pas responsable des actes de mon père ? J'ai beau comprendre sa démarche, je ne la cautionne pas. Et je ne me gêne pas pour lui dire.

— Tu l'as forcé à abandonner son propre enfant. Je ne sais pas ce que ça fait de toi. Mais tu ne vaux pas mieux que lui.

Ma mère plante ses yeux dans les miens.

— Je n'ai jamais été une femme parfaite. J'ai été élevée dans un milieu où, si tu ne mords pas, on te dévore tout cru. On m'a toujours appris à obtenir ce que je souhaite par la force, parce que personne ne te donnera satisfaction sans un échange. Rien n'est gratuit dans la vie, mon fils.

Ma mère me révèle une nouvelle facette de sa personnalité. Nous n'avons jamais discuté de son passé. Avec Ash', nous savions que ma mère venait d'une famille assez particulière et que son éducation fut compliquée, en revanche, elle n'a jamais rien révélé d'autre. Aujourd'hui, toujours selon elle, ils sont tous décédés. Mais qui sait ? Qui me certifie que les mots sortant de sa bouche ne sont pas encore un moyen de nous manipuler ?

— As-tu, une foutue fois, dit la vérité à propos de notre famille ou sur ton enfance ? rétorqué-je en m'énervant.

Elle pose la tasse sur le comptoir et s'approche de moi. Posée, presque détendue, ma mère semble soulagée. À croire que l'abcès percé hier soir a emporté avec lui son mal être.