Chapitre 21 (nouvelle version)

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JAKE

Je rentre de mon footing matinal lorsque je découvre un message collé sur la porte du frigo, j'arrache presque le papier en le prenant dans la main.

« Les enfants, nous avons besoin de souffler. Nous partons pour le week-end. Nous rentrerons dimanche soir. Appelez-nous en cas d'urgence... »

Les parents sont partis.

Je soupire, en reposant le mot sur le bar. Même lorsque nos parents sont confrontés à une crise, ils se voilent la face, préférant abandonner leurs enfants pour voyager. Je comprends maintenant d'où vient ma lâcheté.

Et si seulement, il n'y avait que ça.

Ma mère régente la famille d'une main de fer. Quant à mon père, il s'apparente plus à un fantôme. Il est physiquement là, mais son esprit est ailleurs. En même temps, ils sont aussi très secrets. Avec Ashley, nous avons finalement peu d'éléments sur leur jeunesse, ils n'en discutent jamais avec nous. J'ai juste appris au détour d'une conversation que ma mère a eu une enfance difficile, mais chaque fois que j'essaye d'aborder le sujet, elle se refermée comme une huître. Sujet à éviter, donc.

La porte d'entrée s'ouvre et j'aperçois Marlow avancer vers la cuisine d'une démarche conquérante.

— Ah ! Tu es là ! Parfait, j'ai un truc à te demander, et non ce n'est pas sexuel, m'annonce-t-elle presque sans respirer.

Je hausse les sourcils, surpris par ce ton taquin et jovial. Définitivement, ça fait bien longtemps que je ne l'ai pas vu comme ça, si enjouée, si heureuse. En y réfléchissant bien, depuis son retour, elle n'était plus vraiment la même. Elle avait laissé place à une version plus calme et contenue d'elle-même. La retrouver aujourd'hui, comme elle était sept ans auparavant, gonfle mon cœur de bonheur.

Puis le souvenir de sa trahison me revient et emporte avec lui tout ce que je ressens.

— Bonjour traîtresse, asséné-je d'un ton froid pour la faire culpabiliser.

J'ai beau être énervé contre elle, la voir juste devant moi me procure une euphorie difficilement contenable. Comment réussit-elle à effacer ma colère par sa seule présence ? Alors même que cette hostilité est dirigée vers elle ? J'ai l'impression que Marlow arrive à noyer les ressentiments qui jusqu'alors logeait dans mon cœur. Elle est en train de me transformer, le problème, c'est que je n'ai aucune idée de la teneur de ce changement qui s'opère en moi.

— Rah, ça va ! Ce n'est pas moi qui fais un gang bang tante-nièce. Assume tes choix, mon petit Jake, répond-elle en souriant.

Bien joué, mon capybara.

Faisait. Et je n'ai jamais couché avec les deux en même temps.

Je ne suis pas irréprochable, c'est d'ailleurs tout le contraire, mais même dans mon comportement destructeur, j'ai mes limites.

— Pardon, Monseigneur « je dégaine plus vite que mon ombre », je ferai attention à mes paroles la prochaine fois, ironise-t-elle avant d'ajouter. Ou alors, peut-être que tu pourrais t'abstenir de coucher avec l'amie de ta mère.

Ce ton de reproche – aussi légitime soit-il – m'exaspère. Elle ne sait pas ce que j'ai vécu avec Paige. J'ai l'impression qu'elle me juge, comme ma mère, sans chercher à comprendre.

— On se tait quand on ne connaît pas toute l'histoire, Marlow, grogné-je en m'approchant d'elle, les poings serrés.

— Eh bien, explique-moi ! Je n'attends que ça ! rétorque-t-elle en me désignant avec ses mains.

Forever Young (histoire terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant