Chapitre 24 (nouvelle version)

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MARLOW

Malgré ce fabuleux moment de détente avec les enfants, je n'arrive pas à m'ôter de la tête les paroles de sœur Clarence.

« Un dossier vide, ce n'est pas normal »

Cette affirmation ne cesse de me tourmenter. Je ne comprends pas ce que ça peut signifier. Est-ce que l'on me cache des informations ? Ai-je vraiment été abandonnée par ma mère, comme le disait sœur Mary-Grace? Ai-je des frères et sœurs ?

Comment puis-je n'avoir aucun souvenir de ma vie avant ma sixième année ? À cet âge, j'aurais dû me rappeler de mes parents. La seule réminiscence que j'ai n'est pas une image, mais un son. Une mélodie. Une douce musique qui envahit mes oreilles. Un son mélodieux et calme. Une berceuse, peut-être ? Si je pouvais me remémorer plus de détails, mais j'ai beau me creuser les méninges, rien ne vient.

Espèce de cerveau ramolli !

Puisque manifestement, je ne peux pas forcer mon esprit à se souvenir, autant me servir du numéro de téléphone de sœur Mary-Grace.

Je sors mon smartphone, et compose le numéro qui est écrit sur le bout de papier.

Merci sœur Clarence.

Au moment d'appuyer sur la touche appel, j'hésite.

Il est vrai que l'ancienne directrice de l'orphelinat ne me portait pas vraiment dans son cœur. Peut-être va-t-elle tout simplement m'envoyer paître. Et alors, je n'aurais jamais la réponse sur l'identité de mes parents.

Je m'assois sur le bord du lit, dépitée.

Nom d'une mangrove, secoue-toi Marlow !

Je me relève, décidée, et déclenche l'appel.

Bip.

Bip.

Bip.

Merde, réponds !

« Vous êtes bien sur le répondeur vocal de sœur Mary-Grace, merci de laisser un message après le bip...sauf si c'est encore toi, vieux gredin de frère Benoît, arrête avec tes blagues téléphoniques et occupe-toi de la sacristie plutôt que d'emmerder les braves sœurs »

Charmant.

BIP !

Prise au dépourvu, je laisse un message totalement improvisé.

Euh bonjour sœur Mary-Grace, j'ai eu votre contact, parce que je recherche des informations sur mes parents. J'étais à l'orphelinat, mais... mon dossier est vide... et je... Au fait c'est Marlow Smith, bon, bref, rappelez-moi, merci.

Je raccroche, contrariée. La gourde !

— C'était du grand art !

Je sursaute et fais volte-face pour découvrir Jake à la porte de ma chambre.

— Oui, bon ça va, je ne pensais pas tomber sur sa messagerie, répliqué-je, un peu vexée.

— Ah bon ? Parce que les sœurs répondent systématiquement à leurs téléphones ? C'est un précepte de Dieu, Smith ?

Je le regarde, énervée qu'il prenne ça à la légère. Il me gonfle !

En plus, il sait pertinemment que je déteste ce nom de famille que l'on m'a attribué à mon entrée à l'orphelinat. D'ailleurs, il ne l'utilise jamais d'habitude, il fait juste ça pour me chatouiller. Néanmoins, je ne suis pas d'humeur à jouer, la situation ne s'y prête pas.

— Tu... Tu me fatigues, Jake !

L'expression que j'affiche lui efface ce sourire espiègle collé au visage depuis son arrivée.

Forever Young (histoire terminée)Where stories live. Discover now