Forever Young (histoire terminée)

Chapitre 36 (nouvelle version)

MARLOW

Ashley a pris des risques énormes pour arranger les choses. Devant mon sacro-saint milk-shake, je regarde Jake discuter au téléphone.

— Oui, je passerai demain. Merci. Au revoir, dit-il en raccrochant.

Mon amie l'interroge du regard.

— C'était le poste de police. Je dois faire une déposition demain après-midi. Maman a tout avoué. Il la garde en détention, le temps de récupérer mon témoignage. Paige aussi est là-bas.

Toute cette histoire est folle. Comment en sommes-nous arrivés là ?

Soudain, nous entendons le moteur de la voiture dans l'allée, annonçant le retour de Mike.Ash' se dirige vers la fenêtre et tire un pan du rideau, confirmant mes soupçons.

— C'est Pap's.

Plantés tous les trois dans le salon, nous attendons avec appréhension que la porte d'entrée s'ouvre. Ce qui ne tarde pas.

Mike, la mine blafarde, entre dans le salon et plonge directement son regard dans le mien.

— Marlow, suis-moi dans le bureau, nous devons parler, annonce-t-il d'un ton froid.

Hésitante, je jette un coup d'œil à Jake puis à Ash, avant de sortir de la pièce en compagnie de Mike.

Nous traversons silencieusement le couloir menant à son bureau. Mon père ouvre la porte et se dirige vers le fauteuil en cuir noir. J'entre à sa suite et referme derrière moi. Je reste cependant debout, tendue, à l'affût du moindre reproche qu'il pourrait me faire. En fait, j'ignore comment je me sens face à ce qu'il va me dire. Un étrange mélange de peur et d'excitation à l'idée de tout comprendre se distille dans mes veines, me procurant une sensation désagréable.

— Marlow, commence-t-il, je sais que tu dois être en colère, nous t'avons délibérément caché des informations avec Dina, mais la situation était complexe à l'époque et je... tu dois savoir que ça n'a jamais été facile de te laisser là-bas.

Comment peut-il être si paternaliste alors qu'il m'a abandonnée, moi, sa fille ? Ça me rend folle. Tout ça pour adopter d'autres enfants ! Il n'est pas question de me taire cette fois-ci. Toute cette tristesse et cette colère engendrées par la famille Hill me reviennent comme un boomerang. J'extériorise alors tout ce que je ressens depuis des jours.

— Je suis au-delà de l'énervement, Mike. Je suis chamboulée, perdue et dévastée. Je viens de découvrir que mon géniteur était sous mon nez pendant tout ce temps, comment tu crois que je me sens ? m'exclamé-je, en avançant vers lui.

Mike baisse les yeux, et m'empêche d'y déceler le moindre reflet de ses pensées.

— Je suis désolé. Je me rends bien compte que tu souffres à cause de moi. Et ce n'était pas le but. Tu veux des réponses ? Les voici.

Il ouvre un des tiroirs en acajou de son bureau, puis en sort une photo cornée qu'il me tend du bout des doigts.

Je m'approche, prudente, avant de saisir le cliché. J'y découvre Mike souriant à une femme brune, ils sont côte à côte, épaule contre épaule. Ils ont l'air heureux. La femme sur la photo ressemble à celle de mes visions.

Ma mère.

J'admire longuement son image pour la toute première fois. Sa chevelure est identique à la mienne, et j'ai hérité de ses yeux verts.

— C'est... commencé-je sans oser finir ma phrase.

— Oui, c'est ta mère, me confirme Mike.

— Elle est jolie, constaté-je en continuant de fixer la photographie.