4 - En pleine forêt

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Selene

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Je tourne en rond dans la prison faite de terre, creusée là, par qui ou quoi... jamais je n'aurais pensé que si près de chez moi, se trouvait un endroit aussi sombre et hostile. C'est comme si un voile tombait de devant mes yeux et me révélait que nous ne sommes en sécurité nulle part.

Je tourne ma langue dans ma bouche, mordille les peaux mortes de mes lèvres. Finalement, je m'assois tout en poussant un profond soupir puis observe le revolver que j'ai dérobé à ce bougre. Il est plutôt joli, en bronze, la cross entourée d'un cuir épais, brodé aux initiales G.B.

Pfff, je vais le tuer dès que je serai sortie de ce trou... maugrée-je pour moi-même.

Je dois retrouver mon père, trouver le moyen de faire porter une missive au roi. La seule chose en ce monde capable de tenir en vie mon père et probablement même le sauver, c'est cet Arbre de Vie. Si je parviens à le sauver, je sauve mon père. Le roi aurait forcément une dette envers moi, peut-être aurais-je donc le droit de profiter de l'une de ses racines en présent pour le guérir.

Je me fais probablement des illusions, mais c'est aussi ce qui me tient, ce qui me permet de ne pas me morfondre et pleurer en laissant ce monstre me vendre aux Mages. Je ne souhaite pas devenir une esclave et encore moins d'un être comme un ou une Mage.

J'entends des bruits de pas, alors je me relève aussitôt. Je ne vois pas grand chose avec la brume sauf une corde qui m'est jetée de là-haut. Je coince le revolver dans mon tablier puis je m'accroche à cette corde pour grimper. Je vais enfin pouvoir sortir.

Le travail à la ferme est physique, cependant, grimper à une simple corde, fine, qui brûle la paume des mains, dans un trou humide et plein de terre, ce n'est pas une mince affaire. Je retrousse mes lèvres, je force sur mes pauvres bras ramollis par tout le fromage que j'ai aimé manger le soir au coin du feu. Parfois, j'appuie mes pieds contre le mur, d'autres, j'essaie d'enrouler la corde autour de ma chaussure pour mieux m'y accrocher.

Malgré tous ces efforts qui me paraissent inutiles voire même ridicules quelques fois, je parviens, par un miracle quelconque, à me hisser hors de ce trou maudit. Je m'accroche à tout ce que je trouve, des lianes étranges qui ressortent du sol, dont sûrement des ronces puisque je sens des épines s'enfoncer dans mes doigts qui m'arrache un grognement.

Je n'ai le temps de crier victoire que quelqu'un me retourne brusquement sur le dos, je sens son genou s'appuyer contre ma poitrine et sa main se plaquer contre ma bouche. Je gesticule dans tous les sens quand on me saisit les poignets pour me les ligoter à nouveau. J'étais parvenue à me libérer de mes premiers liens et me voilà de nouveau attachés, les bras au dessus de la tête. Je n'ai le temps de rien qu'on me redresse brusquement et me prive du revolver. L'homme face à moi arbore un visage balafré, quelques cheveux sur le crâne, des dents jaunâtres et des vêtements qui empestent les urines.

Je m'appuie sur l'inconnu qui me tient les poignets pour ensuite frapper mes pieds contre cet étranger face à moi. Il recule de quelques pas, bousculé par mon coup, lâche le revolver et tombe à la renverse dans le trou juste derrière lui. En tombant, il a probablement appuyé sur la détente puisqu'un coup de feu est parti pile dans la tête de son compagnon. Lorsqu'il tombe, je le suis dans sa chute alors que j'ai senti son sang chaud gicler sur mon visage. Je suis sur le côté et je me tortille comme une chenille pour parvenir à me redresser, tout en tirant sur mes liens pour les défaire.

TENEBRIS LUMINA : L'Arbre de Vie [INTÉGRALE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant