TENEBRIS LUMINA : L'Arbre de Vie [INTÉGRALE]

39 - La fin d'un Royaume

Selene

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— Espèce d'assassin ! Crié-je.

Je me jette sur Baralf le Brutal qui, d'un geste de la main, m'immobilise. Je suis, telle une statue, dans l'incapacité de bouger le petit doigt. Ce que je sens, cependant, c'est une larme rouler sur ma joue.
Baralf s'approche de moi, saisit mon menton et me fait tourner la tête vers Atya qui, doucement s'éloigne. Ce que je vois me déchire.

Les ténèbres ont envahi le Royaume dans lequel je suis née et dans lequel le corps de mon père réside encore. De loin, on dirait une île prise d'assaut par un orage fougueux. Les éclairs rouges s'abattent sur le Royaume comme la foudre, de la fumée s'élève dans le ciel et les terres semblent toutes noircies. Je n'ose imaginer l'état de notre ferme, de nos vaches. Ma maison a dû sombrer comme tout le reste d'Atya et toute ma vie s'efface dans l'obscurité qui anime dorénavant notre Couronne.

Gabriel n'a pu survivre à un tel fléau...

— Tu n'as plus rien, Non-Mage, me souffle Baralf en regardant ce spectacle qu'il semble trouver fabuleux.

Je ferme les yeux, la gorge nouée, le corps paralysé par la magie du Mage et mes larmes roulent sur mes joues. Lorsque je rouvre les yeux, je fixe ce monstre avec dédain.

— C'est vous... murmuré-je.

Baralf fronce les sourcils. Autour, les gens s'agglutinent pour regarder ce qui se passe. Entre leur Royaume déchu et deux grand Mages-Noirs qui s'invitent sur le bateau et prennent d'assaut une Non-Mage comme moi, il y a de quoi s'interroger.

— Tu arrives à contrer ma magie... constate-t-il.

Je parviens simplement à bouger les lèvres et émettre des sons pour parler, en aucun cas je pense pouvoir contrer sa magie.

— Si tu penses, Non-Mage, que Baralf le Brutal est derrière la destruction de l'Arbre de Vie, tu fais erreur, intervient Aowyn.

Je tourne les yeux pour le voir se poster devant moi. Mes membres tremblent de rage, de tristesse et d'impuissance. À quoi ont servi ces deux semaines d'entraînement si je suis incapable de me battre ? Mais Gabriel a su me le dire : ils sont trop puissants. Dorius, lui, face à son maître, ne daignera pas me venir en aide.

— Et si tu penses que l'Arbre de Vie assurait la sécurité d'Atya, tu te trompes également, reprend-il.

Il me jauge de ses yeux vairons. Un œil gris et un œil violet. Les Elfes ont des yeux gris, et les Érudits, des yeux violets. On dirait bien qu'Aowyn est avant tout un Bâtard aux gènes multiples qu'un Mage Noir de sang pur.

— Je vais te conter une histoire, que nous, les Mages Noirs, connaissons depuis toujours. Nos cultures sont bien différentes, et la croyance en des Dieux sont blasphèmes. De simples histoires que les faibles comme ton peuple se racontent pour se donner du courage et se sentir protégés. Les Érudits ont ce même problème... trop humains je supposent ou trop exposés pour se croire invincibles. Enfin, passons... votre histoire raconte un combat puissant au sommet de la colline entre Adriel le roi d'Atya et Emilius, le roi d'Eyos... Adriel, par son sacrifice, détruisit Emilius mais sa magie le consumant, devint un Arbre puissant capable de protéger Atya des Ténèbres. Le pouvoir d'Emilius ayant été si puissant, que la seule façon d'éviter aux ténèbres de se propager de nouveau, était de concentrer toute sa lumineuse magie dans un simple Arbre aux vertus incroyables. Mais tu sais, Non-Mage, les histoires, à travers le temps, sont modifiées et changées pour plaire à tous... c'est ce qu'on appel communément l'espoir et c'était votre espoir.

Je dis rien, alors qu'Aowyn marque une pause, tout le monde sur le navire l'écoute, même les marins. Dorénavant, nous voguons sur les mers en direction d'Eyos et de façon clandestine. Atya et Eyos ne sont pas en bon terme mais les hostilités ont pris fin il y a des années dorénavant. La seule condition était que les visiteurs d'Atya devaient se déplacer dans le Royaume voisin avec une décharge du roi Grigor Zeno Sweyn, autorisant le déplacement par dérogation, au cas par cas.