TENEBRIS LUMINA : L'Arbre de Vie [INTÉGRALE]

14 - Dorius Grygorian

Selene

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Je ne comprends pas. Alors que le fameux Mage que nous sommes censés tuer s'est présenté à moi et me demande de le suivre à l'étage de son auberge, lorsque je me lève, je constate que Gabriel et Fred sont escortés à l'extérieur. Je ne suis pas sans voir une arme à feu braquée contre les côtes de Gabriel qui me jette un regard pour me faire comprendre qu'il va falloir que je me débrouille seule tant qu'ils ne se seront pas débarrassés de cette crapule.

Soudain, je me sens quelque peu anxieuse. Mon coeur bat plus fort et j'ai peur que Dorius ne s'en rende compte. Sa main se pose contre mes reins, alors je détourne mon regard et le suis. Nous montons les escaliers, tandis que je sens de toutes petites décharges d'électricité en provenance de sa main au contact de mon corps.

— Vous êtes bien plus jolie que toutes les Non-Mages que j'ai pu croiser, déclare-t-il.

— En avez-vous croisé beaucoup ?

— Il se peut... Disons que je préfère votre aura à celle de mes paires.

Il ouvre une porte menant dans une suite. Mon coeur bat si rapidement que j'ai peur de m'étouffer. Je passe le seuil de la porte et je l'entends la refermer derrière lui. Je déglutis, regarde autour de moi. La pièce est plutôt spacieuse, principalement décorée de rouge pourpre, la tapisserie, les tapis, les draps du lit, les sofas satinés... un feu de cheminée crépite et illumine la pièce. C'est très... luxurieux. Il y a une petite table près de la porte vitrée donnant sur un balcon sur laquelle est posé deux verres et une carafe de vin blanc. Plusieurs miroirs sont entreposés sur les murs et arborés de dorés pour les maintenir.

— Je vous sers un verre, Selene ?

Je me suis présentée à lui lorsqu'il s'est assis à ma table et me suis faite passée pour une Non-Mage en quête d'aventure, afin de justifier le fait que je porte des pantalons et que je me trouve à Estéria, chez les Érudits. Je ne sais pas si c'était une bonne idée car je suppose qu'il me pense fougasse alors que je suis loin d'être une femme très intéressée par les pratiques charnelles et encore moins avec des Mages.

Dans ma vie, j'ai dû avoir une seule relation avec un homme et nous n'avons jamais été plus loin que des échanges de baisers, de caresses plus ou moins tendancieuses. Je ne me suis jamais penchée sur le sujet et comme ce jeune homme m'a brisé le coeur, je n'ai plus jamais voulu m'intéresser à quelqu'un d'autre.

— Volontiers... soufflé-je.

Je m'efforce de sourire pour paraître ouverte et non suspecte. Cependant, les Mages sont puissants, comment le tuer ? Comment le repousser ? Bon sang, pourquoi il faut toujours que Gabriel se fourre dans de drôles d'histoires ?!

Dorius me rejoint puis me tend le verre. Je le vois dans son regard qu'il rêve de me coucher sur ce lit pour me faire je-ne-sais-quoi. Nous trinquons, nous regardons droit dans les yeux puis nous buvons une gorgée de ce vin qui, je l'admets, est plutôt gouteux.

— Parlez-moi de vous, Selene.

— Vous savez, je cherche simplement à explorer Atya... La plupart des gens de mon peuple ne sortent pas des vallées. Nous ne sommes pas assez robustes pour survivre aux terres hostiles d'Atya.

— Mais vous, vous êtes différente alors...

Dorius me semble très intéressé. Il n'est pas laid, il arbore des cheveux blonds, bien coiffés sans un seul épi, bien apprêté, il sent bon. Il est très grand et paraît plus large avec son long manteau gris. Son nez long lui donne un aspect plus familier et pourtant, il m'intimide quelque peu.