TENEBRIS LUMINA : L'Arbre de Vie [INTÉGRALE]

16 - Guérison

Selene

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Je déteste la violence. Qu'elle soit physique ou verbale. Je déteste voir des gens se battre, alors devoir regarder Gabriel et le prince se battre m'a donné la nausée. Tout comme entendre Gabriel prononcer de tels mots à mon sujet. Je nous pensais amis et voilà qu'il m'insulte ouvertement devant Aïda. Sur le moment, je me suis demandé, que suis-je pour lui ? J'espérais qu'enfin, on porte un regard différent sur moi, qu'on cesse de m'associer au terme de Non-Mage et qu'on me considère davantage. Cependant, je crois que Gabriel est irrécupérable, même s'il a nettement évolué, certaines choses chez lui ne pourront être changées. C'est pourquoi j'accepte ses excuses, d'une part car il ne s'excuse jamais et de l'autre, parce que c'est lui, il est comme ça.

Je nettoie son visage couvert de poussière et de sang, il se laisse faire, docile. Je rince le linge que j'essore, je sens son regard peser sur moi, ce qui me met mal à l'aise.

— Je me suis quand même pris une sacrée raclée.

Je me pince les lèvres pour ne pas rire, même si je sens mes épaules trembloter.

— Et ça te fait rire ? s'étonne Gabriel.

Je me redresse puis croise son regard.

— C'est seulement qu'il est plus jeune et plus frêle que toi, c'est étonnant, voilà tout.

— J'avais le dessus à la fin.

— La magie ne compte pas, Gabriel. Retires ton pull, je vais regarder si tu n'es pas blessé.

Il hausse les sourcils.

— Tu ne t'es pas suffisamment rincé l'œil tout à l'heure ?

Je croise les bras tout en lui jetant un regard agacé. Il soupire puis retire son pull qu'il pose à côté de lui. Je passe le linge humide sur la coupure qui saigne sur son torse, ses côtes sont couvertes d'un hématome violacé important, je suppose qu'elles sont fêlées si ce n'est cassées, il se laisse faire mais mes yeux ne peuvent s'empêcher de dévier sur cette marque que je vois enfin de près. La cicatrice est très épaisse, je ne peux qu'imaginer la douleur que le feu inflige une fois en contact avec la peau.

C'est inévitable, j'ai envie d'y passer les doigts, de ressentir, de savoir, de connaître... Mais quand j'approche ma main, Gabriel me saisit fermement le poignet ce qui me fait sursauter. Je croise alors son regard sombre.

— Ne penses même pas à toucher cette marque.

— Pourquoi ?

Sa main serre mon poignet qu'il immobilise.

— Je déteste qu'on touche mes cicatrices.

— D'accord, excuse-moi alors... tu peux lâcher mon poignet ? Tu me fais mal.

Il lâche enfin mon poignet qui garde la marque de ses doigts. Je le masse légèrement puis ramène la bassine derrière le paravent.

— Je ne voulais pas te faire mal, Selene, l'entends-je dire de l'autre côté.

J'inspire profondément puis le rejoins, il s'est levé et a renfilé son pull. Il regarde par la fenêtre en tenant le rideau avec deux doigts.

— Pourquoi tu t'es infligé ça ?

Il me jette un regard, lâche le rideau et garde cet air renfrogné qu'il a depuis que j'ai essayé de toucher cette marque.

— Pourquoi tu veux le savoir ? Qu'est-ce que ça t'apporterait ?

— Ça me permettrait de te connaître davantage.

— Mais toi, Selene, tu ne me parles pas tant que ça non plus. Pourquoi je devrais me livrer sur mon passé de cette façon ?