18 - Une rencontre inhabituelle

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Selene
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— Lâchez-moi ! hurlé-je en me débattant. 

Après avoir traversé le Passage, Aowyn me jette contre le sol. Je roule sur le parquet, m'écorche les bras et me redresse vivement pour garder le draps enroulé autour de mon corps nu. Il m'a réveillée, alors que je dormais profondément et m'a aussitôt emmené avec lui. Je n'ai eu le temps de ne rien faire que j'étais déjà passée de l'autre côté, j'ai seulement entraperçu Gabriel avant que le Passage ne se referme. 

Après ce qu'il s'est passé cette nuit, je me sens davantage proche de lui. J'ai ressenti tellement de choses venant de lui, toute son humanité est ressortie, j'ai aimé le regarder droit dans les yeux et voir cet éclat de vie. Je sais qu'il souffre de bien des maux mais je sais aussi qu'il est sur la voie de la guérison et j'en suis heureuse. Je l'ai haï et peut-être que je le haïrai encore durant de longues années mais une part de moi s'est attachée à lui, si fortement, que lorsque je me trouve loin de lui, je me sens incomplète. 

Je fusille du regard Aowyn qui s'avance vers moi, saisit brusquement mes bras pour me redresser avec violence. 

— Cesse de geindre comme une truie qu'on égorge ! Je t'avais dit de m'aider, tu as préféré suivre ce scélérat ! Dorénavant, je te fais prisonnière et tu n'auras plus le droit à la liberté. Lorsque j'en aurai fini avec toi, je te trancherai la gorge et te laisserai te vider de ton sang. Alors rhabilles-toi, Constant ne va pas tarder à arriver. 

Je fronce les sourcils, alors qu'il lâche enfin mes poignets devenus rouges sous sa force. J'attrape les vêtements sur la table au milieu de cette immense bibliothèque, Aowyn se retourne, pour regarder derrière le rideau tiré. Je ne vois pas de lumière de soleil, je ne vois que le fléau d'Atya : les ténèbres. 

J'enfile rapidement les pantalons trop grands et la chemise d'homme que je rentre dans mon pantalon. Je rajoute les bretelles pour ne pas le perdre et la porte s'ouvre sur ledit Constant. C'est un homme d'une cinquantaine d'années, la barbe fraîchement taillée, les cheveux plaqués en arrière et la moustache retroussée. 

— Aowyn, combien me payes-tu pour effectuer ce travail ? C'est contre les règles instaurées par l'Ordre des Trois Couronnes. 

Il dit cela en retroussant ses manches. Aowyn lâche le rideau puis suit Constant des yeux qui se dirige vers l'immense bibliothèque. C'est un Mage, lui aussi, mais il ne pratique pas la magie noire. 

— Je sais, vas-tu me faire un procès pour ça ? 

— Non, seulement si les Stozars que je reçois sont à la hauteur de mon intervention. 

— Quelle intervention ? grogné-je. 

Ils me jettent un regard tous les deux, Constant s'avance vers moi, la tête penchée, les yeux plissés. Il me détaille de la tête aux pieds.

— Eh bien, il y a du potentiel ici, commente-t-il. 

Lorsqu'il souhaite toucher une de mes mèches de cheveux, je frappe son bras tout en lui lançant mon plus mauvais regard. 

— Il faudra l'attacher, Aowyn. 

— Nous le ferons. 

— Aowyn, je vous aiderai à retrouver votre fils mais pitié, ne me faites pas cela. 

Il me jette un regard en biais, il est terriblement en colère et je peux le comprendre, cependant, je n'y suis pour rien. De plus, son fils est un traitre et l'auteur de tout ce chaos. 

— Tu as été noyée dans le fleuve de l'Arbre de Vie, je veux savoir ce que tu caches. 

— Le pouvoir convoitise le pouvoir, intervient Constant en tirant une chaise sur laquelle il me force à m'asseoir à l'aide de sa magie. De ce fait, si tu renfermes un pouvoir inédit, il va de soit que nous devons savoir ce qu'il en est. Peut-être ferais-je un rapport à l'Ordre des Trois Couronnes, par précautions. 

TENEBRIS LUMINA : L'Arbre de Vie [INTÉGRALE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant