Prologue

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Il y a trois cents ans, l'amour d'un homme se transforma en haine. Une haine matérialisée en un pouvoir surpuissant, qui ne pouvait être arrêté qu'en confinant son maître. 

Après qu'Emilius De Bellever ait compris que l'amour qu'il portait pour Adriel De Vernillac n'était pas réciproque comme il l'aurait espéré, quelque chose se brisa en lui. 

Alors quand il reçut la lettre écrite par Adriel lui affirmant que malgré tout l'amour qu'il lui portait, il épouserait la princesse, donnerait des enfants à la Couronne et oublierait Emilius, ce dernier crut mourir de chagrin. 

Contrairement à Adriel, Emilius ressentait des émotions décuplées, c'était là la particularité des elfes. Emilius ayant des gènes elfiques, ses émotions étaient parfois incontrôlables, tout comme sa magie, trop puissante. 

Ne supportant plus le chagrin, se sentant délaissé et trahi, il ne pouvait plus concevoir de tout ressentir si fort. Que ce soit l'amour, mais aussi la colère, la tristesse, toutes ces émotions qui faisaient chavirer un coeur pur vers quelque chose de plus impur. 

C'est alors qu'il inventa la marque du Fer Rouge. Un sceau maîtrisé par les Mages Noirs, capable d'endormir une âme meurtrie pour en extirper ses émotions et ainsi, faire oublier toutes les douleurs à celui qui était marqué. 

Seul dans son palais royal, Emilius laissait le fer en acier sous les flammes du chaudron. Il avait retiré ses vêtements et ses yeux restaient rivés sur le feu qui dansait en crépitant. Une larme roula sur sa joue lorsqu'il saisit le manche du fer. Renoncer à son humanité n'était pas quelque chose à prendre à la légère mais ainsi, il espérait ne plus jamais ressentir ce qu'était le chagrin. Il espérait ne plus jamais avoir le coeur brisé. 

Alors, enfermé dans cette petite pièce obscure, il saisit le fer et le plaça contre son pectoral droit. Il jeta sa tête en arrière tout en poussant un hurlement de douleur qui résonna dans les couloirs de la demeure. Tout son personnel et ses gardes entendirent ses supplices mais personne n'osa intervenir. Emilius était devenu un roi froid et peu clément. 

Les dents serrées, des gouttes de sueur perlant sur son front, le fer restait appuyé contre sa peau boursouflée qui rougissait et brûlait de plus en plus. Sa poitrine se soulevait rapidement, son cœur tambourinait contre sa poitrine. Un genou posé à terre par sa souffrance, Emilius ressembla toute sa volonté pour prononcer l'incantation scellant le sceau sur sa peau.

— J'en appel aux tourments... commença-t-il entre ses dents. Effacez toutes mes émotions, endormez mon âme à tout jamais et apaisez mes souffrances pour que jamais plus... je n'ai à verser de larmes... 

Il grimaçait, se tortillait, ses muscles se bandaient, sa souffrance était insoutenable mais c'était le prix à payer pour se sentir enfin libéré d'Adriel. 

— En contre partie, apportez moi le courage, la force et la volonté de me venger... La peur n'existera plus. Mon âme ne se réveillera plus. Je renonce à mon humanité.

Il lâcha le fer encore fumant qui retomba sur le sol dans un fracas et laissa sa tête pendre en avant, ses cheveux longs et noirs humides de sueur tant il avait souffert. Il appuya ses mains sur ses cuisses, en tentant de reprendre sa respiration. Lorsqu'il releva les yeux vers les flammes, ceux-ci n'abritaient plus aucune lueur d'humanité, plus aucun sentiment. 

Son âme venait de s'éteindre ce soir là et aucun retour n'était envisageable. 


Peu de temps après, Emilius voulut détruire Atya. Roi d'Eyos, il pouvait rassembler toutes ses troupes pour envahir le Royaume voisin mais au lieu de cela, il décida de s'y rendre seul. Il voulait pousser sa magie jusqu'à son paroxysme, découvrir tout ce dont il était capable. Il le ressentait en lui, son pouvoir n'avait aucune limite. 

Il donna l'ordre à ses hommes et à sa Main de protéger Eyos contre les visiteurs non-autorisés et confia à sa Main, le droit d'élire un nouveau Roi s'il ne revenait jamais d'Atya. 

Ainsi, Emilius De Bellever quitta une dernière fois ses Terres et n'y remit plus jamais le pied. Atya deviendrait son tombeau. 

Il est dit que le combat entre Adriel et Emilius déclencha torrents et tempêtes. Bons nombres d'innocents périrent sous l'obscur pouvoir du roi d'Eyos mais furent ranimés par la lumière d'Adriel lorsque ce dernier sacrifia sa vie pour son Royaume. 

L'Arbre de Vie gardait Atya en sécurité. Comme un pansement, il bouchait la brèche causée par le Mage Noir et empêchait les Abysses de remonter à la surface. 

Cependant, selon les cultures, certains tendent à croire que l'Arbre de Vie est la réincarnation du roi Adriel et d'autres affirment qu'il est le tombeau d'Emilius. 

Aujourd'hui encore, la vérité n'a pas été découverte. Il n'est écrit, dans aucun livre, quelle est la véritable source de l'Arbre de Vie. Si bien que, dorénavant anéanti, l'Arbre trône, monotone, sur sa colline noircie par un puissant ensorcellement. 

Le Royaume d'Atya a péri de nouveau, trois cents ans plus tard et personne n'en connaît la raison. 

Seuls les prophètes affirment que l'unique espoir de sauver le Royaume est d'unir deux âmes, pour contrer le mauvais sort d'Emilius et d'Adriel. 

Il est dit que l'Amour est l'essence même de la Vie, et la Trahison, celle du Chaos. 

Seules deux âmes unies par l'Amour et la Trahison pourront contrer la Magie Noire d'Emilius de Bellever. 

 

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TENEBRIS LUMINA : L'Arbre de Vie [INTÉGRALE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant