36 - Torture

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Gabriel 

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Je tourne dans mes mains, l'aiguille que j'utilise pour passer sous les ongles de Dorius et les lui arracher. Elle est déjà tâchée de son sang, deux de ses ongles ont volé et je compte bien continuer. Les Sous-Sols sont conçus par les Érudits pour que tout individu doté de pouvoirs ne puissent les utiliser en ces lieux. Cela consiste à graver des sceaux sur les murs et les imprégner de magie pour bloquer celle des prisonniers. 

En ces lieux, Dorius Grygorian n'est rien d'autre qu'un homme, avec ses failles. Il serre les dents, de la transpiration goutte sur son front, il grimace, ses doigts rétractés mais ses poignets restent formellement ligotés. 

— Si tu me parles tout de suite, je cesse la torture. 

Je dis cela, tout en lui jetant un regard. Lui me toise avec bestialité, sa respiration rapide. 

— Je ne savais pas que les petits toutous de Baralf collaboraient avec les Érudits, peste Dorius. 

J'inspire profondément puis expire par la bouche, comme un long soupir que je veux théâtrale.  En réalité, je suis épuisé mais je m'efforce de le cacher, afin qu'il ne le remarque pas. Ma main m'est toujours affreusement douloureuse, parfois, mes doigts tremblent, d'autres, je ressens simplement une compression insupportable. 

Je saisis son doigt que je lève et j'enfonce l'aiguille sous son ongle sans même attendre. Dorius tape ses pieds sur le sol, balance sa tête en arrière et se mord les lèvres tout en gémissant. Il fait tout pour ne pas hurler de douleur. Je tourne l'aiguille puis soulève son ongle que j'arrache alors que le Mage devient rouge comme une tomate tant il souffre. 

Je recule d'un pas. Il gesticule sur la chaise, sans cesser de geindre comme un enfant. 

— Pour qui tu travailles ? insisté-je.

— Vas te faire foutre, Gabriel Arellano ! Je vais te tuer ! 

Je m'accroupis pour sonder son regard, puisque maintenant, sa tête pend en avant. 

— Tu veux me tuer comment ? 

Ses lèvres retroussées, il me fixe. 

— Tu crois que je ne sortirai pas d'ici ? vocifère-t-il. Je vois que tu sous-estimes encore beaucoup trop les Mages. 

Je me redresse, serre le poing puis le frappe en plein visage. Sa tête valse en arrière, sa joue s'égratigne aussitôt. Je secoue ma main, encore engourdie par cette fichue magie noire. 

— Tu n'auras pas le temps de me tuer, Dorius, reprends-je. 

Il crache du sang sur le sol. 

— Atya sombrera avant que tu n'aies le temps de te libérer. 

Il relève la tête vers moi, l'air interloqué. 

— Selene avait raison, il y avait un traitre parmi les Sentinelles du roi et lui et ses acolytes ont détruit l'Arbre de Vie. 

— C'est impossible, s'offusque le Mage.

— Je l'ai vu de mes propres yeux. 

— Tu es un baratineur ! 

— J'aimerais baratiner en ce qui concerne l'avenir de ton Royaume mais... non. C'est la triste réalité. Du coup, tu comptes me parler maintenant ? Parce que, je ne doute pas une seule seconde que tu connais qui est à l'origine de tout ça. 

Dorius fronce les sourcils.

— Ne joue pas aux innocents avec moi. Le Mage pour qui tu travailles est aussi le Mage qui a vidé l'Arbre de sa magie. Qu'est-ce qu'il cherche ? A prendre le pouvoir en détruisant Atya ? Ou il souhaite devenir comme était devenu Emilius dans les légendes ? 

TENEBRIS LUMINA : L'Arbre de Vie [INTÉGRALE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant