Chapitre VI

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Le soleil haut dans le ciel, ce dernier d'un bleu immaculé, les oiseaux gazouillaient vivement dans le village. Il y avait l'agitation habituelle dans les rues. Les marchands qui appelaient les gens à venir leur acheter leurs produits, les forgerons qui martelaient le fer chaud, le son des travaux des nouvelles constructions, les enfants qui jouaient dans les rues... C'était animé et chaleureux. Un village où il faisait bon vivre en somme.

-Oh ! Pardon Myla ! s'exclama un petit garçon en levant la tête vers une jeune femme.
-Ce n'est rien, mais fais attention, dit-elle en lui souriant, caressant sa chevelure rousse.

Le petit garçon eut un petit rire et il retourna auprès de ses amis sans attendre plus longtemps. La jeune femme garda son sourire, reprenant sa route. Elle s'arrêta devant le marchand de légumes, récupérant six poireaux, payant trois pièces de fer. Elle les mit dans son panier et rejoignit sa maison. Elle poussa la porte de bois et fut accueillie par sa mère.

-Myla ! Tout s'est bien passé ? demanda la femme.
-Oui ! À merveille. J'ai ce que tu m'as demandé. Trois cents grammes de bœuf et les six poireaux, répondit Myla en lui rendant la monnaie restante.

La femme compta les pièces et soupira doucement.

-Ah ! Maudit roi Tiphon... Les Venom nous prennent tout. Nous pouvons à peine nous permettre de manger de la viande. Ces impôts sont invivables... râla la femme. Si seulement les Rexaron étaient encore au pouvoir...
-Était-ce si différent ? demanda Myla.
-Tu n'imagines pas mon enfant ! Cela fait dix ans que les Venom ont pris le pouvoir et cela fait dix ans que les impôts ont pris deux fois et demi plus d'importance, rendant tout plus cher que cela ne l'était. La vie était paisible sous les Rexaron. Kal, dit le juste, était un roi formidable. Sévère mais tendre à la fois. Il savait contenter le peuple. Tiphon, cet imposteur, lui, il ne sait pas comment gérer les royaumes, si ce n'est par la force et la peur qu'il inspire. Il ne pense qu'à s'enrichir sur le dos des pauvres gens comme nous, lui expliqua sa mère.
-Faites attention à ce que vous dites, ma chère. Les murs ont des oreilles, souffla un homme qui venait d'entrer dans la maison.
-Oh ! Je n'ai que faire de ce qu'on pourrait lui rapporter, répondit-elle. Je ne dis là que la vérité. Ce n'est pas un roi, mais un tyran... Un homme abject qui a pris d'assaut le château en pleine nuit. Un lâche tapis dans l'ombre.
-Ta mère a toujours été une femme passionnée, fit l'homme amusé.

Myla eut un petit rire tandis que la femme levait les yeux au ciel, reprenant sa cuisine, coupant les poireaux.

-Alors ! Que mangeons-nous ce soir ? demanda-t-il.
-Des pommes de terres, des poireaux et du bœuf, lui annonça-t-elle.
-Du boeuf ? Combien cela a-t-il coûté ? Vous savez que les temps sont durs et que l'on ne peut se le permettre... soupira le père.
-Je le sais, mon cher, mais aujourd'hui est un jour spécial, affirma sa femme
-Oh ! Mais oui ! s'exclama l'homme. Cela fait une année de plus que nous avons notre chère Myla... dit-il, un sourire tendre aux lèvres. Alors, festoyons cette nouvelle année que nous allons pouvoir choisir.

L'homme s'avança vers sa fille et la serra dans ses bras, Myla lui rendant son étreinte. Cette femme et cet homme étaient des gens charmants, doux et attentionnés... Myla avait une chance inouïe de faire partie de cette famille. Elle en était heureuse, elle aurait pu tomber plus mal, comme chez les Venom par exemple. Cette famille avait vraiment mauvaise réputation auprès des petites gens. Leur notoriété était mauvaise. Personne ne semblait apprécier ces gens depuis qu'ils étaient sur le trône, mais personne n'y pouvait rien. Même si le peuple désirait se révolter, ils les massacreraient tous jusqu'à ce qu'ils se soumettent et ils le savaient donc personne ne faisait, ni ne disait rien. Ils obéissaient, payaient leurs impôts et survivaient comme ils le pouvaient avec le peu qu'ils avaient.

Une fois le dîner prêt, Myla lâcha son livre et s'installa à table avec ses parents. Elle remercia sa mère pour ce repas digne d'un festin vu leur condition. Ils mangèrent tranquillement, appréciant ce moment passé en famille.

-Dis-moi, m'apprendras-tu à lire ? Cela pourrait combler les moments creux de mes journées quand tu files je ne sais où... demanda la femme.
-Bien sûr, ce serait avec plaisir, accepta la demoiselle. Et je ne fais que me balader...
-Un jeune homme accompagnerait-il tes balades ? la taquina le père.
- Non ! Bien sur que non... Je le fais seule, s'amusa la jeune femme. J'aime me promener dans les forêts, c'est si paisible...
-Tant qu'il n'y a pas de loups, d'ours ou de sangliers pour t'attaquer. Tu devrais être plus prudente que ça... répliqua la mère.
-Je le suis, ne vous en faites pas, garantit Myla.
-Et n'y a-t-il donc personne qui t'intéresse ? J'ai cru voir un jeune homme ou deux te regarder, reprit l'homme.
-Ma vie amoureuse vous intéresse-t-elle tant, père ? s'amusa la jeune femme.
-Et bien... Tu as la vingtaine, tu ne vas tout de même pas finir vieille fille, dit-il en haussant les épaules.
-Oh ! Voyons ! Notre Myla est une femme charmante, elle n'aura aucun mal à trouver celui qui lui correspondra en temps voulu ! la défendit la femme.
-Exactement. Je n'ai simplement pas encore rencontré quelqu'un qui m'intéresse, conclut Myla, reprenant le repas en silence.

Ils terminèrent et Myla aida sa mère à débarrasser puis à nettoyer la vaisselle. Elle la rangea ensuite dans le placard. Elle sortit de la maison, ayant justement envie de se balader dans la forêt. Sa mère râla, mais accepta malgré tout. Myla était têtue et elle savait que se battre avec elle était inutile. Elle assura cependant qu'elle serait rentrée avant la tombée de la nuit. Elle marcha jusqu'à la forêt et se balada entre les arbres verdoyants. Elle s'installa sur un rocher, profitant du beau temps et du chant des oiseaux. Elle entendit des voix et se releva. Curieuse, elle s'approcha, mais en restant cachée malgré tout derrière un tronc d'arbre. Elle vit plusieurs hommes en armure, épée à la taille, arborant du noir et du doré. C'était, sans aucun doute, des soldats du roi Venom. C'étaient leurs couleurs. Elle se recula et son dos cogna contre quelque chose. Elle se retourna et vit un homme en armure.

-Bonjour ma jolie, dit-il en souriant.

Myla se recula d'un pas et il l'attrapa par le bras.

-Où vas-tu donc comme ça ? Es-tu pressée ? fit-il amuser, la serrant plus fort.
-Vous me faites mal, grogna Myla. Lâchez-moi...
-J'ai rarement vu telle beauté dans ma vie. Un beau chevalier tel que moi ne t'intéresse pas ? Quel homme indigne de toi a su se faire aimer de ta personne ? continua l'homme.
-Ne devriez-vous pas rejoindre vos compagnons, sir ? demanda-t-elle, essayant de se sortir de cette situation.
-Oh ! Ils n'ont pas besoin de moi à cet instant, j'ai mieux à faire, répondit le chevalier, en souriant toujours.
-Et bien, allez donc faire cela et lâchez-moi maintenant, grommela la jeune femme.
-Cette chose que j'ai à faire nécessite votre compagnie, répondit-il en l'attirant contre son armure froide.
-Je ne pense pas avoir donné mon accord pour faire quoi que ce soit avec vous ! maugrea Myla, tentant de se défaire de son emprise.
-Je ne te l'ai pas demandé, s'amusa l'homme en la plaquant contre le tronc d'arbre.
-Sûrement pas ! se débattit la jeune femme, le repoussant.
-Ooh voyons ! Un homme de ma stature, ça ne vous arrivera plus, continua-t-il.
-Je n'en ai que faire de votre stature, dit-elle avec sarcasme, vous ne m'intéressez pas, alors lâchez-moi ! cria-t-elle.

Myla continua de se secouer dans l'espoir qu'il perde prise et elle finit par réussir mais tomba au sol. Elle se mit à ramper pour s'éloigner avant de vouloir se lever. Le chevalier l'attrapa et la retourna, son dos maintenant à terre. Il se mit au-dessus d'elle, dégainant son membre tel une arme. Myla cria, se débattant toujours. Il glissa sa main sous sa robe, touchant l'intérieur de sa cuisse. Le goût du sang s'installa dans sa bouche tandis que l'homme s'écroulait sur elle. Elle repoussa difficilement le poids mort et elle vit une flèche plantée dans sa gorge alors qu'il agonisait. Myla regarda autour d'elle, cherchant qui était à l'origine de ce tir, mais elle ne vit personne. Sachant qu'elle serait tenue responsable, elle se leva et fuit la scène de crime. Elle retourna au village, couverte de sang. Des regards surpris se posèrent sur la jeune femme qui ne cessa sa course qu'une fois la porte de sa maison refermée derrière elle. 

- Myla ! Que s'est-il passé ? s'inquiéta sa mère.
-Je... Je... bégaya la jeune femme.
-Calme-toi, respire et explique-moi ! continua-t-elle.
-Un homme, dans la forêt... Il, il... Il a essayé de me violer... Mais...
-Tu n'as fait que de te défendre ! Il aurait été puni de toute façon ! la rassura la femme.
-Non, souffla-t-elle en secouant vivement la tête. C'était un chevalier, un soldat de la Garde royale ! Et je, je ne l'ai pas tué ! Quelqu'un, je ne sais pas, une flèche dans sa gorge... Il y avait du sang partout, dit-elle, encore sous le choc.
-Myla ? fit le père, entrant en catastrophe. On m'a rapporté que tu étais rentrée couverte de sang ! Que s'est-il passé ? s'exclama l'homme, alarmé.

Sa femme lui expliqua et il fronça les sourcils, prêt à sortir.

-Ce chien, je vais le tuer ! s'emporta-t-il.
-Mon cher, il est sûrement déjà mort ! N'allez pas risquer votre vie ! l'empêcha-t-elle de poursuivre.
-Il a tenté de violer notre enfant ! s'énerva le père.
-Assez ! Elle est ici, en vie et sans aucune blessure ! N'est-ce pas le plus important ? Que pourriez-vous y faire de toute manière ? continua la femme.
-Je... Cela ne devrait pas rester impuni ! grogna-t-il.
- N'avez-vous donc pas écouté ? Quelqu'un a lancé une flèche dans la gorge de cet homme. Une blessure dont il ne se relevera pas. Calmez-vous maintenant, soupira la femme.

L'homme fit les cent pas avant de s'arrêter, se penchant sur Myla.

-Tu n'as rien, mon enfant ? fini-t-il par demander enfin.
-Non... Rien. Je... Je vais bien, lui assura la jeune femme.
-Mais que font les soldats par ici ? se demanda-t-il ensuite.
-Peut-être transportaient-ils quelque chose de précieux, cela n'a aucune importance. Esperons simplement que personne ne l'a vue s'enfuir de là et qu'aucun mot ne sera rapporté au roi... grogna la femme. Si tel est le cas, je crains le pire, soupira-t-elle ensuite.
-Je suis désolée, souffla Myla qui savait que cela pouvait porter atteinte à sa famille.
-Tu n'as rien de mal, ma chérie, s'exclama la mère, posant ses mains sur ses joues. Tu n'as rien fait. Tout ira bien, dit-elle en lui souriant pour la rassurer. Va donc te nettoyer maintenant.

Myla hocha la tête et elle alla enlever le sang qui la couvrait, retirant ses vêtements. Elle se changea, remettant une nouvelle robe, tandis que sa mère vint prendre celle qu'elle portait précédemment. Elle alla dans leur jardin et elle la mit au feu que le père avait préparé. Myla poussa un long soupir, la regardant brûler. Sa mère y avait mis beaucoup de cœur, mais elle savait que c'était nécessaire. Il ne fallait laisser aucune trace d'un quelconque incident, surtout si le roi l'apprenait. Mauvais comme il était, pour le chaos, il pourrait envoyer des soldats raser le village en utilisant ce qu'il s'était passé comme prétexte pour détruire. Seulement pour le plaisir... Myla descendit, retrouvant ses parents qui fixaient la robe.

The Lost Kingdom [EN COURS]Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt