Chapitre XL

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La rébellion d'Orien était en marche depuis un peu plus de deux mois déjà. Ils avaient pris le soin de dissimuler leurs traces aux abords de leur royaume. Ils avaient prit la route de la rivière, gardant les pieds trempés jusqu'à la Cité d'or, endroit où ils avaient pu se ravitailler. Leurs traces couvertes, ils espéraient qu'Alin n'aurait pas l'idée d'envoyer des hommes vers Deos. Après tout, des rebelles si près du roi n'avait aucune logique, c'était bien pour cela qu'ils avaient suivit la rivière tout du long. Une fois leur but atteint, le chef des nouveaux rebelles leur ordonna de se diviser en plusieurs groupes d'une dizaine de personnes. Il affirmait que ce serait bien moins suspicieux de se déplacer en plus petit nombre. Le premier groupe parti, ils avaient prit le soin d'indiquer le chemin qu'ils empruntaient en gravant des signes sur les arbres qu'ils croisaient. Cependant, bien avant, ils avaient désigné un énorme lac au sud d'Imisy comme lieu de rendez-vous si personne ne trouvait la rébellion. Ils espéraient sincèrement que celle-ci existait encore contrairement aux dires du lord d'Orien mais ils n'en avaient pas la preuve. Il fallait donc chercher ou recommencer. 

Le premier groupe atteignait enfin Imisy, du moins le lac qui se trouvait en dessous. Ils montèrent donc leur camp, heureux d'avoir enfin atteint ce but, mais ils savaient que ce n'était, au final, que le début de leur aventure. Il leur fallait trouver la rébellion ou alors ils devaient commencer la leur. Renverser Alin était le premier objectif de leur point de vue. Ensuite, il fallait s'occuper de Tiphon et des Venom. Pour Fredrik, pour Jordin et pour toutes les personnes qui avaient vu leurs vies gâchées à cause de ces êtres infâmes. Puisqu'ils ne trouveraient pas d'information au fond de l'eau, un homme se proposa d'aller jusqu'au village pour en savoir plus et découvrir si une rébellion était passée par là. Ils savaient que les informations ne seraient pas simples à avoir puisqu'ils devaient probablement se cacher s'ils existaient encore. L'homme poursuivit donc seul sa marche vers le village d'Imisy.

Après avoir marché une journée entière, ayant seulement prit le temps de se reposer durant la nuit, il arriva dans le village. Il s'arrêta dans une rue, se demandant où il allait bien pouvoir commencer. Il savait que pendant ce temps, les autres allaient arriver. Chaque groupe se suivaient d'une journée. Le second avait donc dû avoir rejoint le premier. Le lendemain, ce serait un autre et deux jours plus tard, tout le monde serait réunis. L'homme parti en éclaireur s'arrêta pour acheter quelque chose à manger et il s'installa sur des marches, mangeant son repas. Il regardait autour de lui et il n'avait réellement aucune idée de comment il allait bien pouvoir glaner des informations. Il fallait qu'il trouve puisqu'ils avaient tout ce chemin jusque là uniquement pour les retrouver et les rejoindre. Il essayait de penser comme Jordin mais il n'avait jamais été proche de l'ancien lord d'Orien. Il n'avait aucune idée de comment il agissait. De plus, ce n'était plus lui à la tête donc les choses avaient probablement été gérées différemment. L'homme poussa un soupir et il se dit qu'en se baladant, il finirait bien par entendre ou voir quelque chose qui le guiderait vers ce qu'il cherchait. Il termina donc son repas et commença à se balader dans les rues. Il y avait de l'animation par-ci et par-là, des gens qui discutaient, des musiciens qui jouaient, des enfants qui jouaient. Imisy était une ville paisible où il semblait faire bon vivre. Il essayait d'écouter les échanges entre les habitants mais rien n'en ressortait. Ce n'était que des conversations banales entre personnes qui se connaissaient. Alors qu'il avançait, une main se posa sur son épaule.

-Vous semblez perdu mon cher, fit la personne qui l'avait attrapé.

L'homme se retourna et un large sourire se dessina sur ses lèvres. Il ouvrit grand les bras et attrapa celui qui l'avait interpellé, le prenant dans ses bras.

-Alek ! Mais que fais-tu ici ?! s'exclama l'éclaireur.
-Je te retourne la question, mon cher Yvann, s'amusa le rebelle.
-Et bien, je ne sais pas si tu as entendu parler de ce qu'il se passe à Orien depuis quelques semaines, souffla-t-il doucement.
-Ah ! Si, si. J'en ai entendu parler. Alin est aussi fourbe que le roi, grogna-t-il avant de cracher par terre pour appuyer son désaccord et son mécontentement. 
-Tu n'imagines pas à quel point... Des centaines sont morts depuis qu'il a prit le pouvoir. Il tue toutes personnes refusant son autorité. Beaucoup trop sont partis de cette façon, expliqua-t-il.
-Tu as donc déserté ton poste ? Es-tu devenu fou ? S'ils te retrouvent, ils te tueront, soupira Alek.
-Je ne suis pas le seul à être parti, affirma-t-il, parlant discrètement. Nous sommes tout un groupe à avoir quitter Orien. Nous cherchons des gens qui seraient avec nous.
-Qui donc ? demanda-t-il intrigué, parlant autant des gens qui l'accompagnaient que ceux qu'ils cherchaient.
-Arlorn nous guide dans notre quête, affirma-t-il avant de s'approcher un peu plus. Nous cherchons la rébellion de Jordin, souffla-t-il à son oreille.
-Arlorn ?! Ce bon vieux Arlorn... Cela ne m'étonne pas venant de sa part. Il adore Orien et voir son peuple se faire exécuter encore et encore, il n'a pas dû le supporter, fit-il avant de soupirer tristement. Cependant, sais-tu que Jordin est mort ? Il est étrange de chercher sa rébellion alors qu'il n'est plus.
-Et bien, Alin nous a confirmé la mort de notre cher et défunt lord et il a parlé de la rébellion mais nous nous sommes dit qu'il y avait peut-être un espoir. Après tout, Alin n'allait pas nous pousser vers elle. Et si elle n'est plus, alors nous ferons la nôtre. Nous refusons de nous soumettre à ce traître, ce lâche, ce grippeminaud, cette sale ordure... répondit Yvann.
-Et que sais-tu de cette rébellion ? demanda Alek.
-Et bien... Rien, avoua-t-il. Nous ne savons qu'une chose, qu'ils sont vers le nord puisque c'était le plan de Jordin d'aller au nord mais nous ne pouvons pas savoir si cela est toujours d'actualité ou si nous allons devoir rebrousser chemin, souffla-t-il. Nous avons bon espoir et nous nous sommes dit qu'ici, à Imisy, il y aurait peut-être quelqu'un qui saurait.
-Et si tu m'amenais à ce groupe dont tu me parles ? demanda Alek en souriant.
-Oh... Hum... Pour quelle raison ? fit Yvann, plutôt méfiant.
-J'y ai des amis, non ? dit-il en souriant.
-Je... Oui mais... Tiens, tu ne m'as toujours pas dit ce que tu faisais ici, esquiva l'éclaireur.
-Ooh, je vadrouille ici et là, dit-il simplement.
-C'est tout de même étrange. Je pensais que tu étais bien installé dans ton village, souffla-t-il, restant sur ses gardes.
-Les choses changent. J'étais las de cette vie, dit Alek en haussant les épaules.
-Et quel genre de vie mènes-tu à présent ? demanda Yvann.
-Mène-moi à nos amis et tu le découvriras, proposa-t-il.
-Non, souffla l'éclaireur. Qui me dit que tu n'es pas de mèche avec Alin ? Peut-être souhaites-tu nous éliminer. Je ne prendrais pas ce risque, affirma-t-il, dévoilant les raisons de sa méfiance.

Aleksaro eut un sourire et il lui tapota l'épaule.

-Voilà qui me rassure. Je doutais de tes paroles mais maintenant que tu m'as dit ces mots, je pense pouvoir te faire confiance. J'ai la même crainte que toi, mon ami. Je trouvais ta présence ici étrange. Le fait que tu cherches une rébellion d'autant plus. Je craignais que tu aies été envoyé par le nouveau lord, mais si nous avons la même peur alors nous n'avons aucune raison de nous méfier, n'est-ce pas ? expliqua le rebelle avant de sourire. Viens, écartons-nous des oreilles indiscrètes, dit-il en s'éloignant.

Yvann trouvait son comportement étrange, mais malgré tout, il le suivit. Ils se retrouvèrent dans un coin plus tranquille, moins peuplé, à l'écart des personnes présentes et Aleksaro passa son bras sur ses épaules.

-Je suis de la rébellion, lâcha-t-il finalement. 
-Dis-tu seulement la vérité, Alek ? rétorqua Yvann.
-Je ne peux réellement te le prouver, pas comme ça. Cependant, je peux te proposer d'aller les voir et de leur parler, affirma-t-il.
-Bien. Amène-moi à eux et si ce que tu me dis s'avère vrai alors j'amènerai les autres, accepta l'éclaireur.

Alek hocha la tête, acceptant le marché. Un homme ne pourrait faire aucun dégâts aux rebelles s'il s'avérait qu'il travaillait en réalité pour Alin. Il lui proposa donc de se mettre en route pour la ruine. Le rebelle surveillerait ses moindres faits et gestes pour éviter qu'il puisse prévenir qui que ce soit. Puisque les rebelles n'avaient aucun signe distinctif, cela les rendait plus difficile à reconnaître. Ca avait l'avantage de ne pas éveiller les soupçons mais cela les empêchait aussi de se retrouver facilement. Ils devaient se tester pour s'assurer que tout cela n'était pas un piège. Alek avait donc décidé de faire un pas, se disant qu'Yvann ne pourrait pas faire de mal à la rébellion. 

Alors qu'ils avançaient, les deux hommes restaient très méfiants. L'un comme l'autre s'observaient. Alek se retournait souvent, vérifiant qu'ils n'étaient pas suivi, tandis que Yvann observait les alentours, analysant une potentielle embuscade. L'éclaireur espérait réellement qu'il n'était pas tombé dans un piège. Certes Alek ne savait pas où ils se trouvaient mais s'il n'était pas idiot, il comprendrait rapidement qu'ils ne devaient pas être bien loin d'Imisy. Il essayait de cacher son angoisse mais il ne pouvait qu'imaginer que c'était son dernier voyage. Après tout, Alek était réellement bien installé dans son village et voilà qu'il s'en trouvait fort loin. De plus, il était resté très évasif sur les raisons de sa présence même s'il avait fini par lâcher qu'il faisait parti des rebelles. Il n'en avait parlé qu'après sa propre révélation et Yvann se disait que c'était très probablement pour l'appâter. 

La nuit approchant, ils se firent un petit camp, ayant encore quelques heures de marche à faire. Les deux hommes restaient éloignés, chacun de son côté du feu. Ils restaient silencieux, observant les alentours dans la noirceur de la nuit. Les deux ne semblaient pouvoir dormir, bien trop aux aguets. Alek finit par faire un pas vers l'homme, lui proposant la moitié de sa miche de pain. Yvann l'accepta mais il attendit qu'il mange d'abord pour s'assurer que ce n'était pas empoisonné puisqu'il l'avait vu la couper en deux. Alek croqua dans son pain et Yvann le suivit lorsqu'il le vit avaler. Lentement, les heures passèrent jusqu'à ce que le soleil commence à se lever. Aucun des deux n'avait fermé l'œil de la nuit, se surveillant l'un et l'autre. Alek éteignit le feu et ils reprirent leur route jusqu'à ce que le soleil soit haut dans le ciel. Ils arrivèrent enfin à une ruine et Yvann fronça les sourcils en voyant où il avait atterrit. 

-Quel est donc ce guet-apens ? grogna l'éclaireur. Il n'y a rien ici ! s'exclama-t-il en sortant son épée de son fourreau. Je savais que quelque chose clochait chez toi ! Tu m'as attiré ici pour me tuer ! Je suis peut-être seul mais sache que les autres sont ensemble et qu'ils ne se laisseront pas faire ! Tu pourras dire à Alin que la rébellion ne fait que commencer ! Qu'il peut nous massacrer mais qu'il y aura toujours quelqu'un pour se soulever contre son règne ignoble et le renverser ! s'écria-t-il courageusement, prêt à affronter la mort.

Alek l'observa faire et l'écouta avant de rire de bon cœur. Il ne sortit pas son épée, secouant la tête, amusé. Il avait au moins la preuve qu'Yvann était sincère puisqu'il croyait avoir été amené dans un piège alors qu'il se trouvait réellement devant la rébellion qui se terrait dans la crypte. 

-Pourquoi ris-tu ?! Cela t'amuse de trahir tes amis pour un traître ?! grogna l'éclaireur, prêt à en découdre.
-Mais enfin ?! Quel est donc ce boucan ? s'exclama un homme qui sortait des ruines. Alek, que se passe-t-il ? Qui est cet homme ?
-Un nouveau membre de la rébellion, déclara-t-il en souriant. Range donc ton épée. Tu es en sécurité. 

Yvann observa l'homme qui venait d'arriver et il le reconnu. Il l'avait vu aux côtés de Jordin lorsqu'ils étaient revenu à Orien. Cet homme faisait parti de la rébellion. Il lâcha donc son épée, tombant sur les genoux avant de se prosterner.

-Ô grands dieux, merci, souffla-t-il, les larmes aux yeux, soulagé de savoir que ce jour n'était pas son dernier. 
-Allons, mon ami. Relève-toi. Tu es en sécurité, lui fit Alek en lui tendant la main.

Yvann l'attrapa et il se remit sur les pieds avant de prendre Alek dans ses bras.

-Pardonne-moi d'avoir tant douté de toi, souffla l'éclaireur.
-Je n'ai rien à te pardonner. J'ai douté tout autant, dit-il en souriant, lui tapotant le dos.
-Bon, on m'explique ? demanda Garmen en haussant un sourcil.
-J'ai rencontré Yvann à Imisy. Il est d'Orien, tout comme moi. Nous nous sommes connu là-bas, dès notre enfance. Il m'a parlé de sa recherche de la rébellion mais je ne savais pas s'il était là pour nous rejoindre ou nous disloquer. Puisque nous étions tous deux méfiants, j'ai décidé de l'amener ici. Un seul homme n'aurait pu nous briser. J'ai veillé à ce que nous ne soyons pas suivit, je l'ai surveillé toute la nuit et nous voilà, ici. Sa réaction face à nos ruines m'a permis de m'assurer qu'il était bien là pour nous rejoindre, expliqua brièvement Alek.
-Je vois. Et bien, bienvenue, lança Garmen en souriant. 
-Je ne peux rester, affirma Yvann. Il faut que je prévienne tous les autres, s'exclama-t-il avec une lueur d'espoir dans le regard.

Enfin, il avait trouvé la rébellion. Après tout ce temps à marcher vers l'inconnu, sans savoir où chercher, le destin avait placé Aleksaro sur son chemin et il l'avait amené à sa destination tant recherchée.

-Combien de personne vas-tu amener ? demanda Garmen.
-Nous sommes, au total, une cinquantaine. Nous nous déplaçons en cinq groupes d'une dizaine de personnes pour rester discrets mais nous nous sommes donné le lac au sud d'Imisy comme point de ralliement pour donner les informations que nous aurions pu récolter, expliqua Yvann.
-Cinquante ?! s'exclama-t-il avant de rire de joie. Ce ne sera pas de trop ! Va donc chercher tes compagnons ! Nous allons te donner un cheval pour les rejoindre plus aisément, affirma Garmen en allant vers l'écurie de fortune. 

Il lui amena le canasson le plus robuste qu'ils avaient et il lui tendit les rênes. 

-Tiens et va. Amène nous ces rebelles ! Ensemble, nous allons former la plus grande rébellion que les quatre continents aient jamais connu, affirma-t-il en souriant.

Yvann hocha la tête et il grimpa sur l'animal. Il claqua les rênes et il se mit en route. Il avait tant craint pour sa vie mais les dieux étaient avec eux. Ils avaient trouvé la rébellion. Ils allaient pouvoir se reposer et contribuer à renverser Alin et les Venom. Il n'était probablement pas encore assez pour cela, mais plus de gens comme eux les rejoindraient et plus ils se renforceraient. L'éclaireur était maintenant plein d'espoir et il avait hâte de rejoindre son groupe et d'autres qui devaient déjà être arrivés pour leur annoncer la bonne nouvelle. Il ne ménageait pas le cheval qui galopait à vive allure pour le mener à sa destination.

Le soleil couché depuis déjà un moment, il arriva enfin, surprenant les rebelles. Il en descendit, un large sourire aux lèvres.

-Je les ai trouvé, cria-t-il en levant les mains vers le ciel.

Tous se regardèrent un instant, décontenancé, ne s'y attendant pas avant de crier de joie, reprenant leur assurance. Ils se firent donc un petit festin, fêtant cette victoire. Ils avaient réussi ! Ils allaient pouvoir rejoindre les rebelles. Leur leader temporaire, Arlorn, avait raison. Les rebelles n'étaient pas éteint. Ils étaient toujours debout et prêts à les accepter pour grossir leurs rangs. Cette nuit était dédiée au bonheur et à l'espoir. 

The Lost Kingdom [EN COURS]Where stories live. Discover now