Chapitre XXX

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La Cité d'or se dressait fièrement au bord de la mer rouge. Une ville pleine de hauts bâtiments dédiés principalement au savoir. La plupart était ornés d'or, d'où le nom que portait la cité. Les iatres venaient y apprendre la médecine, étudier la religion plus profondément, la philosophie, l'art de la guerre, ... Une ville paisible et calme. Le crime y était plutôt rare contrairement au reste du monde. Ici, les gens venaient s'instruire. 

Cela faisait plusieurs semaines que Rhiannon avait fuit le camp. Elle s'était cachée dans la forêt durant un long moment, survivant seule grâce aux enseignements de Nyala. Elle chassait pour se nourrir, faisait des feux pour se réchauffer et restait cachée de ses ennemis. Elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour survivre. Elle ne pouvait se faire capturer ou pire. Nyala s'était sacrifiée pour elle. Et pas seulement... Jordin, Garmen et tous les autres membres de la rébellion. Un bain de sang qui avait très certainement mal fini. Nyala lui avait promis qu'elle la retrouverait mais dans le fond, Rhiannon avait peu d'espoir. Elle craignait ne jamais la revoir. Elle ne pouvait dire si elle était en vie ou non, si les autres l'étaient et elle connaissait les Venom. Elle avait pu les voir à l'œuvre et ils laissaient rarement des gens vivre. Elle avait été chanceuse dans son malheur à l'époque et dans le fond, elle se disait qu'il aurait peut-être été mieux qu'elle meurt cette nuit, plus de dix ans plus tôt. Cela aurait très probablement évité pas mal de problème à énormément de gens. Ses parents adoptifs, Shanae et Arwin, Ezio, Tommy, Herard et les autres habitants de Egressera seraient encore en vie. Toutes ces pauvres femmes innocentes n'auraient pas été tuées sous prétexte qu'elles avaient les mêmes caractéristiques physique qu'elle. Alin n'aurait jamais tenté de tuer Nyala pour elle et n'aurait pas été banni de la rébellion. Jordin, Garmen, Nyala et les autres seraient vivants... Elle avait l'impression de n'apporter que le malheur autour d'elle. Cela la pesait. La solitude encore plus... Rhiannon avait l'impression de devenir folle à force de ruminer jour et nuit. Elle se rongeait l'esprit, maudissant son existence. Elle avait même pensé en finir tant elle haïssait être la cause de ce désespoir. Cependant, elle ne pouvait se résoudre à faire cela. Toutes ces vies perdues l'auraient été sans aucun but si elle était passée à un tel acte. Thera se serait donnée aux soldats de Venom pour rien. La rébellion aurait combattu pour rien... Elle se devait donc de rester en vie et de se battre pour régler son compte à Venom même si elle ignorait comment elle pouvait l'atteindre. Elle trouverait un plan, quelqu'un pour l'aider à atteindre ce but, n'importe quoi mais elle n'abandonnerait pas tant qu'elle n'aurait pas venger tous ceux qu'elle avait un jour aimé. Le trône n'avait aucune importance à ses yeux. Elle n'y avait jamais été destiné puisque c'était son frère aîné qui devait y monter à la mort de leur père mais il n'avait jamais eu cette occasion. Cependant, elle avait assisté à tant de souffrances causées par cette vipère de Tiphon qu'elle ne pouvait accepter que cela continue. Ils s'étaient battus pour sa survie et elle allait se battre pour la survie des neuf royaumes. 

Alors qu'elle se cachait dans la forêt, elle avait repensé à une phrase que son père disait souvent : pour se cacher d'un ennemi, le mieux est d'être devant son nez. Aryn avait longtemps dit que ces mots n'avaient aucun sens. Comment être caché lorsque la personne est devant lui ? Mais Rhiannon avait fini par comprendre ces paroles. Il ne parlait pas d'être littéralement devant l'ennemi. Ce que son père voulait dire était que se cacher était une évidence pour l'ennemi, il chercherait là où il pensait que les personnes se cachent mais qu'il ne penserait pas à regarder juste devant lui, là où quelqu'un n'irait pas se cacher. En somme, si la personne que l'ennemi cherche est juste sous ses yeux, il n'y prêterait pas attention, trop entêté à chercher quelqu'un qui se dissimule. Rhiannon avait donc décidé d'appliquer ce que son père disait. Elle ne se cacherait pas dans la forêt mais là où ils ne penseraient pas la chercher, à la vue de tous. Elle s'était donc rendue à la Cité d'or. Elle espérait pouvoir y trouver des gens sages qui pourraient l'aider dans sa quête de vengeance même si un sage lui répondrait très probablement que se venger n'avait rien de raisonnable. Elle s'était donc trouvée un habit à capuche et elle entra dans la cité avec son cheval, le tissu de sa cape couvrant son visage. Elle finit par descendre et elle continua en marchant, tenant les rênes de son destrier. Rhiannon décida de s'arrêter dans une taverne pour se désaltérer et manger quelque chose, son estomac réclamant. Elle attacha son cheval et elle entra, s'installant à une table, proche d'un groupe d'hommes qui discutaient. 

-Que de malheurs persécutent les neuf royaumes, souffla l'un deux.
-Ne m'en parle pas, soupira un second. Avez-vous entendu parler de ce qu'il se passe à Orien ?

Rhiannon ne put que voir son attention captée par ces mots. Orien... La maison de Jordin et Alin. Elle fronça les sourcils, écoutant discrètement cette conversation.

-Et bien, je sais que Jordin Trafalgar est mort, oui, répondit le troisième de la tablée.
-Certes, nous le savons déjà tous mais il n'y a pas que ça. Le roi Tiphon a offert Orien à Alin Trafalgar, son cousin. Depuis qu'il est à Orien, il y a des vagues d'exécutions. Il paraîtrait que les habitants se révoltent. Ils refusent l'autorité du nouveau lord. Chaque semaine, il y a une quinzaine de mises à mort, expliqua le second.
-Sans parler de l'exécution de Salma Trafalgar, ajouta le troisième homme.
-Cela ne m'étonne pas. Les habitants d'Orien et les Trafalgar se sont toujours opposés au règne des Venom et voilà que du jour au lendemain, Alin annonce qu'il est fidèle au roi, fit le premier, pouffant avec sarcasme. J'ai même entendu dire que c'était lui qui avait vendu la rébellion que Jordin montait, souffla-t-il discrètement.

Rhiannon entendait tout ce qu'ils se disaient et elle serra les poings. La colère l'envahissait mais pas seulement. La tristesse berçait cette animosité qui s'emparait de son être. Jordin était mort... S'il l'était, les autres l'étaient aussi. Garmen et tous les membres de la rébellion. Nyala... Elle sentait les larmes lui monter aux yeux. Elle avait envie de balancer sa table, de hurler de toutes ses forces mais elle serrait les poings, se ongles ses plantant progressivement dans ses paumes alors que des larmes coulaient sur ses joues, silencieusement, tandis qu'elle serrait les dents, si fort qu'elle avait la sensation qu'elles pourraient se briser. Rhiannon inspira profondément et essuya ses larmes discrètement. Elle se redressa et lorsque la serveuse s'adressa à elle, elle lui demanda simplement une pinte de rhum. Ces nouvelles lui avaient coupé l'appétit. Alin avait donc osé trahir son cousin, sa famille, son sang, ses supposés amis et son peuple. Elle avait du mal à y croire en un sens. Alin n'avait jamais montré aucune malveillance envers Jordin mais dans le fond, était-ce réellement si étonnant ? Il avait tout de même tenté de tuer Nyala. Elle avait l'impression que ce n'était qu'un parfait étranger malgré le temps passé avec lui. Rhiannon comprenait donc qu'elle ne pouvait se fier à personne puisque les seuls en qui elle avait pleinement confiance étaient morts. Elle se retenait de verser davantage de larmes. Elle ne cessait de penser à Nyala. Même si elle était convaincue qu'elle avait rejoins les dieux, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir une pointe d'espoir. Elle doutait de sa survie mais ces paroles entendues lui donnaient envie d'espérer que sa mentor ait pu s'enfuir. Discrète comme elle l'était... La princesse secoua légèrement la tête. Elle n'aurait jamais fuit le combat. Son espoir se réduisait donc à nouveau. Nyala était une vraie guerrière, trop fière et trop loyale que pour fuir lâchement. Alin aussi devait payer ses crimes. Il ne s'en sortirait pas sans conséquences. Tiphon et Alin étaient donc ses cibles. Elle n'avait aucune idée de comment les atteindre mais elle y passerait toute sa vie si cela était nécessaire. Jamais elle n'accepterait cela sans essayer de se battre. 

Sa pinte devant elle, Rhiannon ruminait ces nouvelles. Elle essayait de mettre au point un plan pour atteindre son but. Il fallait qu'elle trouve quelqu'un à qui s'adresser mais à qui pouvait-elle faire confiance ? Personne. Elle ne pouvait croire personne. Tous pouvaient la jeter aux serpents qui se feraient une joie de s'enrouler autour d'elle pour briser ses os un à un. Elle avait beau réfléchir, elle ne voyait pas comment faire pour y parvenir sans maudire par sa simple présence ceux assez fous que pour tenter de l'aider. Rien que la couleur de ses yeux la trahissait. Ils étaient particulier et en un coup d'œil, Tiphon saurait et il la tuerait sur le champ et tous ceux qui participeraient à son plan. Alors qu'elle ne cessait de penser, encore et encore, tournant tout en boucle dans sa tête, les trois iatres, qui se trouvaient à côté d'elle, se levèrent pour quitter la taverne, sortant Rhiannon de ses tourments. Elle se dit qu'elle ferait mieux de s'en aller aussi. Elle ne trouverait pas de solution dans du rhum, c'était certain. Elle termina sa pinte et posa cinq pièces de fer sur la table avant de se lever. Elle sortit et récupéra son cheval. Elle reprit sa route, ne cessant de réfléchir. Elle avançait sans savoir où elle allait. Elle ne cherchait pas vraiment un endroit particulier, ni une personne spécifique. Elle concevait son plan qui n'en était pas réellement un puisqu'elle n'avait aucune piste. Seule, elle n'y parviendrait jamais. Elle ne pouvait pas simplement entrer dans le château et attaquer le roi Tiphon. Il était protégé par ses gardes et il y avait son fils, Silo. Ce dernier reprendrait le trône. Elle ne pouvait tous les éliminer seule, même en y allant de nuit et dans leur sommeil. Quelqu'un finirait par être alerté et elle se ferait tuer, laissant les neuf royaumes à leur sort. Surtout qu'elle n'avait pas la discrétion de Nyala bien qu'elle avait su la suivre dans cette forêt mais la pénombre l'avait aidée à rester à couvert, ayant failli se faire repérer plus d'une fois. Rhiannon poussa un long soupir, désespérée par ses pensées. Elle ne trouvait rien sans devoir offrir sa confiance à quelqu'un. La brune n'avait que peu d'argent avec elle, loin d'être assez que pour s'offrir les services de mercenaires. Leur dévoiler son identité n'était pas une option puisque le roi offrirait très certainement une belle récompense pour la livrer à lui. Rhiannon s'arrêta au bord d'une fontaine, laissant son animal étancher sa soif. Elle s'assit, observant les gens aller et venir, faisant leur vie. Les iatres ne l'aideraient pas. Ces derniers étaient au service du roi et des neuf royaumes. Même si elle les convainquait qu'elle était la princesse légitime et que le trône lui appartenait, ils n'en feraient rien. Alors qu'elle regardait dans le vide, toujours perdue dans sa tête, quelqu'un se tint devant elle et elle leva les yeux pour la regarder. Une femme, vêtue d'une cape noire.

-Que voulez-vous ? demanda-t-elle alors qu'elle lui souriait.

La femme ne dit rien et lui fit signe de la suivre. Rhiannon fronça les sourcils. Elle ne savait pas si cela était une bonne idée mais elle ne pouvait empêcher un sentiment de curiosité la prendre. Elle se leva et la suivit avec son cheval, marchant à ses côtés. Elle avait une impression étrange. Comme si elle devait la suivre. Elle ne pouvait restreindre cette sensation. Il fallait qu'elle la suive. La femme entra dans une maison et Rhiannon hésita avant d'attacher son cheval. Elle le caressa doucement avant de souffler. Elle posa sa main sur la poignée, hésitant toujours. Elle sentait qu'elle devait entrer mais elle redoutait tout de même le pire malgré tout. Elle inspira profondément et poussa la porte. La femme était installée près d'un feu. Rhiannon s'approcha et elle lui désigna une chaise de la main. Elle la tira et s'assit devant elle.

-Vos tourments sont bruyants, princesse, lança-t-elle, calmement.
-Qu'est-ce que vous dites ? souffla la jeune femme.

Comment cette femme pouvait-elle savoir qui elle était ? Son visage était couvert, ses cheveux aussi et ses yeux à peine visible. Elle s'était plantée devant elle avant même de pouvoir les apercevoir.

-N'ayez crainte, dit-elle en souriant. Ce sont les dieux qui m'ont mené à vous. Ils désirent que je vous vienne en aide.
-Pourquoi donc ? demanda-t-elle, restant méfiante malgré tout.
-Je suppose que, tout comme vos ancêtres, vous êtes l'élue. Ils veulent que je vous aide à accomplir votre destinée, répondit simplement la femme.
-Quelle destinée ? continua Rhiannon.
-Je n'en ai aucune idée. Ils ne me disent pas tout. Tout ce que je peux dire est qu'ils m'ont mené à vous. Je priais lorsqu'une vision m'est apparue. J'ai vu la fontaine et une capuche noire. Il n'y avait que vous et vous portez le vêtement de ma vision. J'ai vu beaucoup de sang, de corps et entendu des cris d'horreur et de douleur. Je ne sais pas ce qu'il a pu vous arriver mais je l'ai ressenti. Ces tourments, cette peine, ces souffrances, ce désespoir... La torture que vous infligez à votre esprit. Votre âme est agitée et inquiète. Je sens que vous vous demandez comment je sais qui vous êtes. Les dieux me l'ont dit. Votre prénom, Rhiannon, résonnait dans ces cris. Ils veulent que je vous sauve mais seule vous savez comment je peux vous aider, lui expliqua-t-elle, toujours aussi calmement.

Rhiannon avait retiré sa capuche pendant qu'elle écoutait les paroles de la femme, découvrant son visage.

-Je... Je n'en ai aucune idée, souffla-t-elle, baissant les yeux.
-Je ne peux vous aider davantage si vous ne savez quoi faire, affirma la femme.
-Vous, vous êtes une prêtresse noire, je me trompe ? demanda Rhiannon en relevant les yeux vers la femme.
-En effet, dit-elle avec un sourire avant de pencher légèrement la tête. Ces yeux... Ils sont d'une beauté. L'or ornant vos pupilles est si intense. Nul doute que vous êtes bien la princesse, lança-t-elle alors qu'elle la fixait dans les yeux.
-Ces yeux sont maudits, soupira Rhiannon avant de réaliser. Je sais ! Je sais comment vous pourriez m'aider, affirma-t-elle.
-Je vous écoute, dit-elle en souriant.
-Ce sont mes yeux qui trahissent ma personne. S'il était possible d'en changer la couleur, par votre magie, alors je pourrais peut-être me rapprocher du roi sans qu'il n'ait de doute. Il n'aurait donc aucune raison de me tuer et là, je pourrais m'en prendre à lui. Je pourrais venger ma famille et mes amis, sauvant les neuf royaumes par la même occasion ! s'exclama-t-elle.
-Je reconnais bien là le cœur vaillant et ardent des Rexaron. Vous ne reculez devant rien pour ceux que vous aimez, déclara-t-elle, souriant toujours. Cependant, je dois vous mettre en garde. Sans ces yeux, il n'y a plus aucune garantie que vous êtes la princesse. Le trône pourrait vous passer sous le nez. Est-ce réellement ce que vous désirez ?
-Je me fiche du trône. Je n'ai jamais été destinée à l'avoir. Aryn était le futur roi, pas moi. Je ne veux que deux choses : venger ceux que j'aimais et aider ceux qui sont encore en vie. Le règne de cette vipère doit cesser, le plus vite possible. Il n'offre que chaos et désespoir. Quelqu'un d'autre prendra sa place et fera revenir la paix. Il le faut. Je n'ai que ça comme solution. Je ne peux dévoiler qui je suis. Cela me mènerait à ma perte mais si je parviens à me rapprocher des Venom et à les tuer, alors les royaumes seront libres de choisir leur nouveau souverain. Ils seront libres de décider quel sera leur sort, affirma-t-elle, pleine d'espoir et de conviction.
-Quel cœur pur vous avez, souffla la prêtresse. Les personnes qui désirent mes services sont, en général, en quête de gloire, de pouvoir et de richesse. J'ai rarement, peut-être même jamais, eu affaire à quelqu'un qui ne désire que la paix sans y insérer son propre intérêt, avoua-t-elle ensuite. 
-Aidez-moi à sauver nos royaumes. Ces gens ne méritent pas la misère dans laquelle Tiphon les a plongé. Aidez-moi à les aider, souffla la princesse, venant lui prendre les mains.

La femme regarda ses mains dans celles de Rhiannon. Elle sentait tout un mélange d'émotions l'envahir. Colère, tristesse, désespoir, sérénité, joie, espoir, ... Toutes se contredisaient et se complétaient à la fois. Elle n'avait jamais ressentit une telle chose. Elle retira ses mains et hocha la tête.

-J'accepte. Cependant, bien que les dieux m'ont conduis à vous, je ne peux offrir mes services gratuitement, dit-elle, souriant.
-Je... Je n'ai que peu d'argent sur moi et j'en aurais probablement besoin, souffla Rhiannon avant d'entendre son cheval hennir.

Elle tourna la tête vers l'animal, le voyant par la fenêtre et elle serra les dents. Il était, avec son épée et ses vêtements, tout ce qui lui restait de Nyala. Il l'avait accompagné durant toutes ces semaines de cavale. Cependant, si la solution pour sauver les royaumes étaient là, elle devait agir et accepter de s'en séparer. Rhiannon poussa un long soupir et reposa les yeux sur la femme qui souhaitait lui venir en aide.

-Ce cheval pourrait-il payer vos services ? demanda-t-elle, leur cœur déchiré à l'idée de cette séparation.
-Il me semble être en bonne forme. Il me serait utile pour mes voyages. Ma foi, j'accepte ce paiement bien qu'il sorte de l'ordinaire, répondit la femme.
-Alors, marché conclu, affirma Rhiannon.
-Bien. Dans ce cas, je vais vous concocter une potion pour changer vos yeux, dit-elle simplement en se levant.

La femme s'approcha d'étagères sur lesquelles elle prit plusieurs fioles qui contenaient du liquide de différentes couleurs. Elle alla ensuite près de ses plantes, prenant des feuilles sur celles-ci. Rhiannon ignorait ce qu'allait contenir cette potion mais si cela pouvait l'aider à éliminer les Venom, ça valait le coup, même si elle perdait son cheval. Elle l'observait donc faire. Elle versa quelques gouttes de ceci et cela dans un bol. Elle écrasa ensuite vigoureusement les feuilles qu'elle avait prit, extrayant leurs huiles. Elle mélangea le résidu des plantes dans le premier bol. Une fois le tout bien mêler, elle prit des tiges séchées de sauge et les allumèrent au-dessus du bol.

-Dearos Godeus y Godeas, listoriaran mis prayajas dim loaja yona womina. Givakoriran kuo mis ayasis sin mia diviririaros ul ha fathalaisa divina, incanta la femme en faisant des ronds avec la sauge fumante.

Elle posa ensuite ses brins encore fumants et elle versa le contenu du bol dans une fiole avant de revenir vers la table et elle la posa devant Rhiannon.

-Buvez ceci et votre demande sera exhaussée par les dieux, eux-mêmes. Ils vous offriront les yeux qui vous mèneront à votre destinée, dit-elle simplement.

Rhiannon la prit et elle était prête à la boire mais la femme l'arrêta.

-Pas ici, non. Trouvez-vous un endroit tranquille et laissez la magie opérer, souffla-t-elle.

La princesse hocha la tête et se leva, mettant la fiole dans sa poche.

-Merci, dit-elle avant de lui sourire.

La prêtresse l'invita à s'en aller. Rhiannon sortit donc de la maison et elle s'arrêta près de son cheval. Elle le caressa avec douceur, venant ensuite embrasser le haut de son museau.

-Sois un bon cheval. Tu as été un compagnon fidèle. Merci pour tout... Cela m'attriste de devoir te laisser mais c'était nécessaire. Tu vas me manquer, dit-elle avant de soupirer.

Elle s'éloigna du cheval, remettant sa capuche sur la tête. Elle retourna à la fontaine et s'installa dessus. Elle sortit la fiole de sa poche et la regarda quelques instants. Elle la débouchonna et renifla le contenu avant de grimacer. Ca ne sentait pas bon mais cela n'avait pas d'importance. Tant que la potion fonctionnait, ça valait le coup même si elle s'imaginait déjà le goût atroce que cela pouvait avoir. Elle approcha la fiole de ses lèvres et inspira doucement, profondément. Elle versa le contenu dans sa bouche et l'avala. Rhiannon grimaça de dégoût, secouant légèrement la tête. Elle attendit quelques secondes et les effets commencèrent à se faire sentir. Sa vision se troubla. Tout était flou autour d'elle. Petit à petit, sa vision se restreignit. Plus les secondes passaient et plus le noir l'entourait jusqu'à ne plus rien voir. Rhiannon sentait son coeur s'emballer. Elle ne voyait rien, plus rien. C'était le noir le plus complet. Elle regarda partout autour d'elle mais rien. Elle enleva précipitamment sa capuche et elle s'aspergea le visage de l'eau de la fontaine. Cela ne changea absolument rien. Elle était plongée dans les ténèbres.

-Regarde maman ! La madame, elle a les yeux tout blancs ! s'exclama un petit garçon, non loin d'elle. 

The Lost Kingdom [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant