Chapitre XII

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La pluie avait enfin cessé sur le continent de Ponenterra. Il avait plu durant près d'une journée entière avec abondance. Les personnes présentes dans le groupe avaient affirmé qu'ils n'avaient assisté à cela qu'une seule fois dans leur vie. Dix années plus tôt, lors du massacre des Rexaron. Les gens disaient que les dieux pleuraient leurs morts. Peut-être avaient-ils raison. Tout le monde s'était mis à l'abri dans leurs tentes respectives, bien que certaines avaient percé malgré tout, le tissu s'imbibant d'eau. Les mieux protégées se trouvaient sous les arbres encore feuillus malgré les températures qui baissaient, sans être réellement froides pour autant puisqu'ils étaient dans le nord, et l'automne qui était déjà présent. Nyala en faisait partie, ayant partagé sa tente avec la paysanne. Elles n'avaient pas prononcé un mot. Aucune ne s'était échangée quoi que ce soit. Nyala avait passé son temps à affuter ses lames tandis que la seconde était restée dans son coin, silencieuse.

Lorsque la pluie s'était arrêtée et que la vie reprenait dans le camp, elle sortit et s'approcha d'Alin et de Jordin. Ils célébraient la fin de l'averse, se remplissant des pintes avec du vin. Nyala les accompagna et trinqua avec eux.

-Alors ? A-t-elle dit quelque chose ? demanda Jordin.
-Rien. Pas un mot. Elle n'a rien d'une princesse. De plus, tout le monde sait qu'elle a été tuée lors de cette nuit lugubre, répondit la jeune femme. Ce n'est qu'une paysanne. Elle n'a rien de spécial. Finalement, Garmen a peut-être raison. Elle vous a envoutés, dit-elle amusée, prenant une gorgée de son verre.
-Jordin et moi-même l'avons déjà vue dans notre enfance... C'est elle. J'y mettrais ma main de combat à couper, affirma Alin.
-Dans ce cas, pourquoi ne vous a-t-elle pas reconnu ? l'interrogea Nyala.
-Techniquement, elle l'a fait, fit Jordin.
-Comment ça ? demanda-t-elle, haussant un sourcil. Je n'ai rien entendu de tel.
-Lorsque je lui ai donné mon prénom, elle a su que j'étais un Trafalgar. Je ne suis pas le seul Jordin des neuf royaumes et pourtant, c'est la première idée qui lui est venue, répondit le jeune homme.
-Mh... Ce n'est pas faux, mais cela peut-être dû au hasard. Après tout, il lui aurait suffi de lire des histoires à ton propos, retorqua Nyala.
-Ah ! S'il y avait des histoires sur lui, il ne cesserait de les raconter, se moqua Alin.

Jordin lui mit une claque derrière la tête, faisant rire davantage son cousin.

-Tais-toi donc, imbécile, grogna Jordin avant de rire à son tour.
-Dans ce cas, si elle vous connaît... Pourquoi ne dit-elle rien depuis que vous vous êtes agenouillés devant elle ? questionna-t-elle les deux hommes.
-Je ne sais pas, soupira le plus vieux des deux.
-Je pense que vous vous trompez. Elle ne m'inspire pas confiance, souffla la jeune femme.
-Tu ne fais confiance à personne, s'amusa Alin.
-C'est faux ! Vous deux, Garmen, les autres... Mais pas elle. Je ne vois en elle qu'une pauvre fille paumée. Elle n'a pas l'âme d'un leader. C'est à vous de reprendre le trône. Pas à cette potiche incapable de se défendre, affirma-t-elle avec conviction.
-Nous ne voulons pas du trône, rétorqua Alin avant de boire.
-Alors pourquoi vous battez-vous ? demanda-t-elle, ne comprenant pas.
-Pour l'honneur de notre père et oncle, répondit Jordin. Pour l'honneur des Trafalgar.
-Et pour la survie des neuf royaumes, au passage, fit Alin avant de rire.
-Oui ! Bien évidemment. Cela ne me paraissait pas utile de le préciser, grommela Jordin.

Alin se mit à rire une nouvelle fois, tapotant le dos de son cousin.

-Mais alors... Qui reprendra les neuf royaumes une fois qu'on aura eu la tête de ce fils de catin ? reprit Nyala.
-Rhiannon, affirma Jordin. Elle est notre reine légitime.
-Ce n'est pas elle. Je sais que vous voulez voir quelque chose en elle, un espoir, mais elle n'est rien de tout cela. C'est une paysanne. Les Rexaron sont morts, tous. La preuve, elle avait des parents ! Vous vivez dans une illusion... Tout ça parce qu'elle a des yeux bleus ? Ce n'est pas la seule. Regardez, moi, par exemple, j'ai les yeux bleus. Je suis donc la princesse ? se moqua-t-elle.
-Non, souffla Alin levant les yeux au ciel. Tu as de très jolis yeux, mais ça n'a rien à voir. Ils sont bleus, tout ce qu'il y a de plus banal.
-Tss ! Ils n'ont rien de banal ! grogna-t-elle, bien qu'amusée en réalité.
-Peu importe... Je suis sérieux, soupira le jeune homme. Les siens sont typiquement ceux des Rexaron. Bleus et dorés. Regarde le contour de ses pupilles. Ils sont intensément dorés. Ça n'a rien à voir avec les tiens ou ceux des autres. C'est là le cadeau des dieux. La marque divine. Ils sont les élus des dieux. Ce sont eux qui doivent régner sur le trône, poursuivit Alin.

Nyala haussa un sourcil et elle termina sa pinte, l'abandonnant auprès des deux hommes et elle retourna vers sa tente. Elle y pénétrait et la paysanne n'avait pas bougé. Elle était assise au sol, les genoux contre sa poitrine, dans un coin. Nyala s'approcha de la jeune femme et elle se baissa à sa hauteur. Elle posa ses mains au sol pour se soutenir et elle se pencha sur elle. La prétendue princesse se recula, se demandant ce qu'elle lui voulait à la regarder de la sorte.

-Arrête de bouger, grogna-t-elle, attrapant son menton dans sa main pour tirer son visage vers le sien.

Elle observa son regard. Les deux hommes avaient raison. Elle ne pouvait nier que ses yeux avaient un quelque chose de spécial. Ils étaient, en effet, d'un bleu intense, presque irréel, et la pupille était étreinte par une couleur semblable à l'or. D'ailleurs, ce n'était pas seulement la pupille. En y regardant de très près comme elle le faisait, elle pouvait voir que ses iris étaient parsemés de petites tâches de la même couleur. Ils ressemblaient presque à des pierres précieuses.

-Ça suffit ! Qu'est-ce que tu me veux ? râla la jeune femme en poussant Nyala qui se recula.
-Je ne faisais que regarder tes yeux. Aucune raison d'être aussi désagréable, souffla-t-elle.
-Ils n'ont rien de spécial ! Laisse-moi tranquille ! affirma la paysanne.
-Je ne t'ai rien fait, soupira Nyala en levant les yeux au ciel. Ils sont persuadés que tu es la princesse, je voulais juste vérifier.
-Je ne suis pas cette princesse ! Je m'appelle Myla ! C'est tout ! grogna-t-elle.
-C'est ce que j'essaie de leur faire comprendre. Ceci dit, Jordin a relevé un point intéressant. Comment as-tu su qu'il est de la maison Trafalgar ? l'interrogea-t-elle.
-J'ai lu des histoires sur lui. C'est le seul Jordin dont j'ai jamais entendu parler, voilà tout, répondit Myla.
-Tiens... C'est drôle. Alin le taquinait justement sur ça. Personne n'a jamais écrit sur lui. Il n'est encore personne... Si ce n'est le fils du vaillant Fredrik Trafalgar, releva-t-elle.
-Et bien, je me suis trompée. J'ai lu sur son père ! Ca revient au même ! s'énerva la jeune femme.
-Tu sais ce que je vois dans ces yeux si spéciaux ? demanda-t-elle avant de répondre elle-même à sa question. De la peur... De quoi as-tu peur ?
-Que vous me preniez pour la mauvaise personne ! Je veux juste rentrer chez moi et retrouver mes parents, bien vivants, eux ! affirma Myla.
-Ils sont morts, c'est certain. Ma foi... Tu sais quoi ? Tant mieux s'ils se trompent. Tant mieux s'ils sont tous morts et que tu n'es qu'une farce qu'ils s'infligent à eux-mêmes. Les Rexaron étaient des pourris. Tout le monde le sait. Les histoires parlent d'eux en bien seulement pour faire joli. Ils n'étaient que des horribles monstres, lâches et dépourvus de bon sens. Ils ont mené les royaumes à leur perte. Ils n'ont jamais su se battre. Élus des dieux, bah ! Laisse-moi rire. Des bons à rien. Kal n'avait rien d'un bon roi. Et pour sa pauvre femme, la mort a dû être un soulagement. Tous savaient, mais se taisaient. Il la maltraitait et la trompait à tout va dès qu'un bordel se présentait à lui. Son fils ne valait pas mieux d'ailleurs. Un couard qui pleurnichait comme un enfant dans les jupes de sa mère. Il se dit qu'il s'est pissé dessus lorsque les Venom sont arrivés et qu'il s'est caché. La princesse s'est même fait égorger comme une truie de ce qu'on dit. Son corps a été retrouvé près de sa mère à ce que j'ai entendu. Elle devait pleurer après elle aussi, lâche comme tous les Rexaron...
-Assez ! Tu ne sais rien du tout ! Thera n'a jamais pleuré ! Elle s'est sacrifiée, le sourire aux lèvres cette nuit-là ! s'emporta Myla avant de sentir la panique l'envahir.
-Thera ? Sacrifiée ? Cette nuit-là ? demanda Nyala, souriant amusée. Je pensais que tu n'étais qu'une villageoise, comment pourrais-tu savoir ce genre de chose ?
-Je... Je... Va-t-en ! Laisse-moi ! Je n'ai rien à te dire. ! s'exclama Myla.
-Très bien... Je m'en vais, princesse, dit-elle en souriant en coin après s'être relevée.

Elle sortit de la tente et revint auprès d'Alin et Jordin. Elle remplit sa pinte avant de prendre les leurs et de les resservir. Elle leur rendit et trinqua à nouveau avec eux. Les deux hommes se trouvaient dans l'incompréhension. Que s'était-il passé dans cette tente pour qu'elle réagisse de la sorte ? Avait-elle découvert qu'ils se trompaient et en était satisfaite ?

-Je m'incline ! Vous aviez raison ! dit-elle en faisant une courbette.
-Ses yeux t'ont convaincu ?! fit Alin surpris. Je disais justement à Jordin que...
-Non. Enfin, pas réellement, le coupa Nyala. Elle a des yeux atypiques, je l'admets, mais ce n'est pas ce qui a confirmé votre idée.
-Alors quoi ?! s'impatienta Jordin.
-Et bien... Elle sait des choses que seule la princesse pourrait savoir... dit-elle, restant énigmatique.
-Comme quoi ?! Cesse de nous torturer ! râla Alin.
-Thera Reath, où a-t-elle été retrouvée ? Comment est-elle morte ? demanda la jeune femme.
-Ah... La malheureuse s'est faite égorger dans un couloir, aux côtés de la reine et de la princesse, présumément... Tu ne le savais pas ? répondit Jordin.
-Et bien, je pense qu'il n'y avait que son corps et celui de la reine. Pas celui de la princesse, puisqu'elle est ici... J'ai abordé le sujet et j'ai parlé d'une seule fillette égorgée et elle s'est énervée. Elle ne doit pas savoir qu'il est dit qu'il y avait deux corps et elle a directement su que je parlais de Thera. Elle m'a dit qu'elle s'était sacrifiée, le sourire aux lèvres, expliqua-t-elle.
-Sacrifiée ? Comment ça ? l'interrogea Alin.
-Je ne sais pas. Elle n'a donné aucune précision. Elle s'est tut dès qu'elle a compris qu'elle venait de révéler quelque chose qui confirme son identité, répondit Nyala. C'est donc bien la princesse dans cette tente, mais elle a peur. Je ne sais pas de quoi, mais c'est évident. Elle craint quelque chose, poursuivit la jeune femme.

Alin posa sa pinte et il s'avança vers la tente de Nyala. Il entra et sourit à la jeune femme qui lui lança un regard. Il s'approcha et elle se recula, se trouvant bien vite bloquée par le tissu qui l'entourait. Il s'arrêta et s'assit où il se trouvait, n'avançant pas plus.

-Nyala vient de nous dire ce qui s'est dit dans cette tente... dit-il avec douceur.
-Ce sont des mensonges. N'écoutez rien de ce qu'elle peut dire, répondit-elle froidement.
-Elle nous a aussi dit que tu avais peur et je le constate. Pourquoi ? demanda Alin, toujours sur le même ton.
-Je ne suis pas la princesse ! Je ne mourrais pas en son nom ! grogna la paysanne.

Alin ne put retenir un petit rire en entendant ces paroles.

-Penses-tu vraiment que nous souhaitons ta mort ? Si tel était le cas, pourquoi ne t'aurions-nous pas déjà tuée ? demanda-t-il ensuite.
-Pour me torturer ou parce que vous n'êtes pas sûrs des bêtises que vous colportez ! répondit-elle.
-Pourquoi aurais-je envie de tuer celle avec qui je jouais dans les jardins du château ? J'adorais la compagnie de la princesse. Elle était si douce et pure... Lorsque j'ai appris pour le massacre, j'en étais fort attristé. Cela m'a fendu le cœur. Je trouvais cela injuste, bien plus encore, mais je ne saurais l'exprimer avec de simples mots. Jordin et moi-même n'avons aucunement l'intention de te faire du mal. Nous ne voulons voir la tête que d'une seule personne au bout d'une pique en ce monde et ce n'est pas la tienne, lui assura Alin.
-C'est parfaitement ce que dirait celui qui voudrait s'en prendre à la princesse et je ne suis pas elle ! dit-elle, restant sur ses positions. Il vous serait bien utile de l'éliminer si elle était encore en vie. Un obstacle de moins pour accéder au trône !
-Comment savais-tu pour Thera ? Son sacrifice ? Quel était-il ? demanda le jeune homme.
-Ce n'était que paroles en l'air. Elle disait des choses horribles sur ma... Les Rexaron, répondit-elle simplement.
-Sur ta famille, mh ? Ecoute, je comprends que tu aies peur, mais nous ne voulons pas le trône. C'est bien trop de responsabilités. Notre seul souhait est de reprendre l'honneur perdu de mon oncle, et du père de Jordin. Tiphon le lui a enlevé lorsqu'il l'a capturé et laissé mourir de faim. Notre seul objectif est de tuer Tiphon et ses fils pour que le trône soit rendu à des gens honnêtes. Les Reath, les Valerin, les Rotovo ou les Stornald, peu importe... Mais si tu es bien Rhiannon alors le trône te revient de droit. Je te le redis : nous ne voulons pas des neuf royaumes. Tu n'as rien à craindre de nous. Si nous étions si horribles au point de vouloir tuer la princesse, nous ne prendrions aucun risque et tu serais morte. Cela ne nous importerait que peu même si le doute était présent et il ne l'est pas, lui expliqua Alin, souriant. Alors... Maintenant que cela est dit, veux-tu bien me parler de Thera ? De ce qu'il s'est passé et de pourquoi tout le monde pense que tu es dans une tombe ?
-Je... Il n'y a rien à dire. Je ne sais rien. Je n'y étais pas, grogna-t-elle, se refermant comme une huître.
-Nyala est bien des choses, mais elle n'est pas une menteuse. Si elle nous a dit que tu avais parlé de Thera et de son sacrifice, sourire aux lèvres, alors c'est que tu l'as fait... Tu peux me parler. J'ai vieilli, j'ai grandi, mais je suis toujours le mioche que tu as connu... tenta-t-il à nouveau.

La jeune femme sentait les larmes lui monter aux yeux. Il était douloureux pour elle de penser à cette nuit. Thera... Elle lui manquait affreusement et c'était la première fois en dix longues années qu'elle avait prononcé à nouveau ce prénom. Elle n'avait jamais pu en parler. Ses parents étaient des gens biens, mais elle avait toujours eu peur d'être amenée devant le roi et qu'il mette fin à ses jours. Elle ne pouvait mourir aussi bêtement. Pas après ce que son amie avait fait pour elle.

-Tu n'en as jamais parlé, mh ? Ça doit être difficile pour toi. Je comprends. Bon, je vais te laisser tranquille, mais vu ce que je sens, le repas devrait bientôt être prêt. Si tu as faim, libre à toi de nous rejoindre. Sinon, tu peux rester ici, mais sache juste que tu es en sécurité avec nous. Nous ne te voulons aucun mal, insista le jeune homme avant de se relever et de sortir de la tente.

La jeune femme resta à sa place, laissant les larmes couler sur ses joues. Elle ne savait pas si ce qu'il disait était vrai, s'ils ne comptaient réellement pas la tuer, mais elle se souvenait en effet d'avoir joué plusieurs fois avec Alin Trafalgar. Fredrik était un bon ami de la famille et rendait souvent visite à Kal, son père. Il emmenait donc souvent son fils et son neveu qui restaient toujours ensemble, à faire des bêtises ici et là. Elle ne put s'empêcher d'avoir un sourire nostalgique. Étaient-ils toujours les mêmes qu'auparavant ? Étaient-ils toujours ces grands gamins intrépides qui se chamaillaient en riant à gorge déployée ? Il était certain qu'ils n'étaient pas des imposteurs. Il lui aurait été impossible de savoir qu'ils jouaient ensemble dans les jardins. Elle ne doutait donc pas de qui il était, mais de ses intentions. Certes, en arrivant près du camp, elle avait entendu ce chant sur le roi, mais cela ne prouvait rien. Tuer le roi ne voulait pas dire qu'ils étaient ses alliés... Seulement qu'ils comptaient lui retirer le trône et puis... L'avenir le dirait. Pourtant, elle avait la sensation qu'il était sincère, mais elle avait peur, bien trop peur. Elle essayait de se rappeler chacune des paroles qu'il avait dites. Il était vrai que s'ils étaient prêts à tuer la princesse avec qui ils avaient grandi, alors ils n'auraient eu aucun mal à la tuer s'ils avaient un doute. Elle soupira, passant ses mains sur son visage. Elle avait envie d'y croire, mais la peur la freinait. D'un seul coup, son estomac se fit entendre et elle glissa sa main dessus. La faim la tiraillait et l'odeur de la viande dehors s'était invitée dans sa tente, lui donnant l'eau à la bouche. Rester ici ne servait à rien après tout. Dedans ou dehors, s'ils voulaient sa mort, ils l'auraient. Elle se frotta donc les joues pour cacher ses larmes bien qu'Alin avait pu les voir et elle prit une grande inspiration avant de sortir.

Tous étaient installés autour d'un feu. Certains étaient debout, non loin, en train de parler, rire et boire. Alin eut un sourire envers elle lorsqu'il la vit et il lui fit signe de venir. Il arracha un morceau de viande et prit un bout de pain avant de lui tendre. La jeune femme accepta, s'asseyant sur un bout du tronc à côté duquel ils étaient installés. Elle commença à manger et elle ne prit pas vraiment le temps de profiter, ayant bien trop faim.

- Ça mange comme ça une princesse ? la taquina Nyala.
-Laisse-la tranquille... Elle n'a pas mangé depuis trois jours, il est normal qu'elle se goinfre, répondit Alin avec une petite pointe de taquinerie à son tour.
-Cessez de l'embêter, soupira Jordin. Est-ce que cela te convient ?
-Mhmh, souffla la jeune femme en hochant la tête tandis qu'elle mâchait sa nourriture.
-Bien ! Me voilà ravi ! Veux-tu du vin ? Nous avons aussi du rhum ou de la bière si tu préfères ! proposa-t-il.
-Hum... fit-elle avant d'avaler ce qu'elle avait en bouche. Du vin, ce sera très bien, répondit Rhiannon.

Jordin eut un sourire et il lui servit une pinte de vin avant de lui tendre. Il se réinstalla ensuite. Elle ne dit rien et bu une gorgée avant de grimacer un peu. À vrai dire, elle n'en avait jamais vraiment bu. Son père étant un gros buveur, sa mère préférait éviter qu'ils en aient chez eux. Pas parce qu'il devenait mauvais, mais parce que cela coûtait bien trop cher. Elle avait déjà goûté, certes, dans le verre de son père ou de sa mère, mais cela faisait bien longtemps et elle avait oublié le goût que cela avait.

-On n'a pas l'habitude ? se moqua Nyala qui se prit une claque derrière la tête.
-He ! s'écria-t-elle en regardant les deux cousins.

Ils se pointèrent tous les deux du doigt avant de se regarder, faussement offusqués.

-Puisque vous vous dénoncez tous les deux..! fit Nyala en se levant.

Les deux hommes savaient qu'ils allaient subir sa vengeance et ils se levèrent d'un bond avant de courir tout autour du camp, poursuivis par la jeune femme. Ils riaient comme des enfants. Rhiannon ne put s'empêcher de soupirer de soulagement avant de sourire. Ils n'avaient absolument pas changé Elle se sentait plus apaisée à présent. Alin avait visiblement dit la vérité. Ils n'étaient pas là pour lui faire du mal.

The Lost Kingdom [EN COURS]Where stories live. Discover now