VI.

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 Des coups résonnèrent à la porte de la chambre d'Horty et Baghera. Ce fut la première qui ouvrit, un filet de bave glissant toujours le long de sa joue. Dehors, il faisait encore sombre. Les rayons verts de Sélène se mêlaient à ceux bleus de Sîn. Ne manquait plus que Lycos pour compléter le tableau. Mais la lune rousse boudait manifestement.

— T'es pas prête ? demanda Onutrem en découvrant sa tenue.

Horty ne comprit pas ce qu'il lui disait. Ils n'avaient pas de représentation prévue avant après-demain et encore moins à une heure aussi étrange.

— On joue pour qui ? signa-t-elle un peu perdue.

— Jouer ? On joue pour personne ! C'est mon rendez-vous là-haut. Pour que t'essayes de retrouver Florence !

Le cerveau d'Horty était confronté à trop d'informations en même temps. Il détestait ça et avait pris le parti, depuis son passage en camp, de la plonger dans le sommeil lorsque c'était le cas. Elle sentit qu'elle commençait à perdre conscience, ce qui la paniqua d'autant plus. Elle ne pouvait pas rater ce rendez-vous ! C'était l'une de ses meilleures chances d'approcher Angle !

Rajouter une couche de panique à tout ce qu'elle devait déjà gérer était une très mauvaise idée. C'était tout le contraire de ce qu'elle devait faire si elle voulait garder le contrôle. Une main passa doucement dans ses cheveux et quelques notes de musique résonnèrent.

Des notes qu'elle connaissait par cœur et que Baghera entonnait à chaque fois qu'elle était proche de faire une crise. Sa sœur avait dû comprendre la situation et faisait de son mieux pour éviter le désastre.

La vision d'Horty se stabilisa. Elle reprit possession de ses moyens.

— J'avais oublié que c'était aujourd'hui ! Désolée ! On y va !

Onutrem tendit la main pour l'empêcher d'aller plus loin, un sourire moqueur sur les lèvres.

— Comme ça ? lança-t-il.

Horty baissa les yeux. Effectivement, se rendre dans les quartiers de la noblesse avec pour tout appareil un vieux caleçon que Baghera avait volé dans une pile de vêtements quand elle était de corvée de lessive n'était peut-être pas la meilleur des idées.

Elle rentra dans la roulotte et enfila le premier pantalon qui lui tombait sous la main. Baghera lui tendit une chemise et une veste à boutons, ainsi qu'un sac.

— Pour ta toilette, précisa-t-elle. C'est pas comme ça que tu vas la reconquérir.

— Elle est déjà folle de moi, répliqua Horty en enfilant la chemise et en saisissant le reste.

Onutrem commençait à s'impatienter. Et pour cause, son client voulait profiter de la nuit pour garder la visite secrète. Chaque minute qu'ils passaient au sol était une minute de perdue pour l'exploration du ciel.

— C'est bon !

Horty sortit en trombe de ce qui leur servait à la fois de chambre, de salon, de cuisine et de toute autre salle. Onutrem prit les devants, marchant d'un pas rapide alors qu'elle finissait de s'habiller à la va-vite derrière.

— C'est qui ? grogna une voix menaçante alors qu'ils se rapprochaient de l'entrée du campement.

— Horty et Onutrem, répondit la jeune fille aux mèches rouges.

MoMaN sortit de l'ombre, faisant reculer d'un pas Onutrem, surprit. Le garde n'était pas très grand, mais sa carrure en imposait. C'était souvent lui qui surveillait la porte la nuit, préférant la compagnie des ombres à celles des spectateurs, que son air bourru pouvait effrayer. Quand Astra était de sortie, c'était Gius, l'armoire vivante, qui le remplaçait avec son sourire et son accent chantant.

La Troupe des DamnésOnde histórias criam vida. Descubra agora