LII.

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 — Bon, tu peux essayer la transformation, annonça DamDam. Mais toujours en étant encadré, et vas-y doucement.

— C'est vrai ? Merci ! s'écria Étoiles.

— Attention, au moindre excès ce sera interdiction de voler et retour au lit, compris ?

— Oui, oui. Je vais faire attention !

— Je vais prévenir Ultia, tu peux y aller !

Étoiles sortit du bureau de la druidesse qui avait gagné en gallon ces derniers jours. Il était partagé entre la joie de pouvoir enfin prendre part aux activités du groupe et le fait de passer du temps avec Ultia. Il n'avait rien contre elle. Ou du moins il essayait de se convaincre qu'il n'avait rien contre elle. Mais il devait avouer qu'il l'avait plus ou moins ignoré dès qu'il en avait l'occasion, l'accusant intérieurement de lui avoir volé Antoine.

Plus d'une semaine était passée depuis ce baiser et le discours de ZeratoR. Il avait évité toutes les occasions de parler à l'ancien membre de la noblesse, faute de savoir quoi lui dire.

— Salut, mec, je suis passé à autre chose en fait ! Je vais plus t'embrasser par surprise t'inquiète, bisou. Enfin, non pas bisou justement. Bref. Bye.

Ce scénario avait beau prendre place dans sa tête, il était assez traumatisant pour qu'il contracte les épaules de gêne. S'il voulait passer pour l'ex jaloux qui faisait semblant d'aller mieux, c'était parfait. Et puis appeler Antoine « mec » ? Qu'est-ce qui lui prenait.

De toute façon, rien ne pressait. Après tout, cette acceptation était toute neuve, il n'était pas à l'abri d'une rechute.

N'ayant jamais vraiment pris le temps d'adresser la parole à Ultia, il la connaissait trop peu pour savoir si elle lui en voudrait. Antoine avait essayé de lui parler d'elle et de le convaincre de lui donner sa chance lorsqu'il n'était pas encore prêt pour ça. Le moment était venu de rattraper le temps perdu.

Il rentra dans sa chambre pour enfiler des habits plus pratiques. Enfin, sa chambre... c'était toujours l'infirmerie, même s'il n'avait plus besoin de visites quotidiennes grâce à un système mis au point par Onutrem qui automatisait son calcul de glycémie de manière plus efficace. On était encore loin de la précision de ce qu'il utilisait lorsqu'il était là-haut, mais c'était déjà pas mal. Il n'était plus dépendant de quelqu'un d'autre et ne doutait pas que bientôt il rejoindrait l'un des dortoirs de plus en plus nombreux et bien aménagés.

ZeratoR était assis à son bureau.

— T'as l'air de bonne humeur, lança-t-il. Je t'ai jamais entendu ouvrir la porte avec autant d'entrain !

Cela faisait plus d'une semaine qu'il était réveillé assez longtemps pour reprendre un rythme de vie presque normal. Ses nuits étaient encore un peu allongées, mais le meneur était presque de retour. Étoiles le soupçonnait de ne pas avoir déménagé simplement pour lui tenir compagnie. Et de fait, ils s'étaient rapprochés. Il était évident que l'homme cherchait à le prendre sous son aile et à le protéger. Quelque chose d'assez nouveau dans la vie du prince pour qu'il ait du mal à l'accepter aussi facilement, mais il se forçait. C'était tellement agréable.

Il se demandait à quel point sa mère influait sur le comportement de ZeratoR. Ils avaient cohabité pendant des années, il ne pouvait pas l'avoir tout à fait oubliée... Qu'elle y soit pour quelque chose ou non, le jeune homme devait avouer que se réveiller d'un cauchemar avec quelqu'un à ses côtés pour le calmer était une amélioration bienvenue.

Il arrivait à Ponce d'endosser ce rôle, mais ils avaient moins le temps de discuter. Le mage avait encore fort à faire sur tous les chantiers du camp.

La Troupe des DamnésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant