XLIX.

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 Étoiles avait échappé au plus gros de la pluie. Et, plus important, son tout nouveau violon aussi.

Il le déposa sur la caisse qui lui servait de table de nuit et mit son pull à sécher devant la cheminée pour en enfiler un autre. Il tentait de ne pas repenser à ce qu'il venait de se passer. Il ne pouvait pas continuer à faire ça. Antoine était passé à autre chose. Il devait arrêter d'insister.

Mais s'il était passé à autre chose, pourquoi avait-il répondu à son baiser ?

Le jeune homme passa une main sur sa joue, là où les doigts métalliques l'avaient touché. Antoine avait perdu ses gants pendant la fuite et Étoiles avait découvert sa prothèse. Il essayait de faire comme si de rien n'était. Mais comment ne pas repenser à tous les moments qu'ils avaient vécus ensemble en se disant que jamais plus il ne pourrait sentir ses mains saisir son visage pour le porter à ses lèvres ?

Quelque part au fond de lui, il se réjouissait du fait qu'Ultia ne saurait jamais ce que ça faisait de sentir ses doigts dans les siens. La pensée le dégoûta de lui-même. Était-il tombé si bas ? Alors que la jeune femme ne lui avait rien fait. Bien au contraire, elle s'était proposée pour l'aider à maîtriser son altération quand il serait remis.

Le baiser qu'il avait échangé avec Baghera lui revint également en tête. Dire qu'il n'avait jamais pensé à sortir avec elle aurait été un mensonge pur et simple. Il la trouvait jolie. Même très belle. Elle était drôle, elle s'intéressait à lui et elle faisait de son mieux pour l'intégrer. Lorsqu'elle était dans les environs, il se sentait mieux. Si elle lui avait clairement demandé de se mettre en couple, il aurait sauté sur l'occasion. Au moins, il aurait eu quelqu'un sur qui s'appuyer. Quelqu'un qui l'aimait et à qui il pouvait faire confiance.

Mais la jeune femme avait été claire. C'était une erreur. Ils étaient plutôt faits pour être amis. Il se doutait qu'elle avait raison. Entamer une relation maintenant avec quelqu'un d'autre était tout sauf une bonne idée. Il acceptait à peine que celle avec Antoine était finie... Enfin... accepter était un bien grand mot vu ce qu'il venait de faire.

Il était épuisé, sa nuit avait été courte et sa matinée en cuisine n'avait pas arrangé les choses après toutes ses journées oisives. Son corps lui faisait comprendre qu'il fallait lui laisser le temps de s'accoutumer à nouveau à ce genre de choses.

Alors qu'il se laissait tomber sur son lit, il remarqua que celui de son colocataire était vide.

— Merde, Zera... souffla-t-il.

Ponce allait le tuer. Pas qu'il soit officiellement responsable de lui. C'était juste que jusqu'à présent il était là quand le meneur se réveillait. Ou alors, il le trouvait encore au lit. Il se redressa, prêt à partir à sa recherche alors que l'averse faisait rage dehors.

La porte s'ouvrit au même instant, laissant entrer ZeratoR et Ponce, tous les deux trempés.

— Oh tiens, mon infirmier personnel est de retour ! Ça va ? lança le premier.

— Euh ouais, ouais... j'allais venir te chercher, je viens de rentrer...

— Oh trop mignon, il s'inquiète vraiment pour moi ! Mais je plaisantais, hein ! Tu me dois rien, en réalité. Tu peux te balader comme tu veux. Surtout que je commence à être assez grand pour affronter le monde extérieur seul.

— Ouais, enfin c'est quand même mieux si tu le gardes à l'œil, tempéra Ponce en langue des signes.

— Qu'est-ce que t'es en train de signer là ? Tu crois que je t'entends pas bouger ? grogna ZeratoR.

— T'as l'ouïe trop fine, se plaignit Ponce. Je lui disais juste de prendre soin de toi.

— Eh bah dis donc, avec autant de gens pour prendre soin de moi, j'ai intérêt à me remettre vite. On a un endroit où sécher ça ?

La Troupe des DamnésWhere stories live. Discover now