XXVII.

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— Et du coup... cette histoire de surnom... ça marche comment ?

Ponce leva les yeux vers OP Crotte qui avait pris la parole. Jusqu'à présent, le petit-déjeuner c'était fait dans un silence de mort. La soirée de la veille avait fait des dégâts et seuls les plus vaillants avaient eu la foi de faire le déplacement jusqu'au réfectoire.

Rivenzi en faisait partie, ce bâtard ne buvait que de l'eau. Il affichait une mine bien trop réjouie au goût de nombre des autres membres de la troupe.

OP Crotte s'était aventurée ici un peu par hasard, ne voulant pas réveiller ses colocataires. Ponce n'était pas étonné, vu la manière dont elle s'était jetée sur le verre d'eau puis sur le plat qu'on lui avait offert la veille, il allait lui falloir un peu de temps avant qu'elle ose sauter des repas. C'était souvent le cas des nouveaux arrivants. Ça avait été le sien.

— Oh... mais c'est vrai que t'es arrivée de nulle part ! Et personne t'as rien expliqué ! C'est vraiment pas cool de leur part... s'offusqua Rivenzi. Et en plus ils t'ont même pas emmenée à la soirée... vraiment un accueil honteux. Moi j'ai honte pour nous. J'ai honte de ce qu'on est devenus...

— Réponds juste à sa question, pitié, intervint Ponce.

— Rohhh, ça va, on peut plus prendre son temps ici. C'est ça votre problème, vous êtes tous trop pressés ! Tout le temps.

Ponce grogna. Rivenzi lui adressa un grand sourire.

— Bon... je vais faire simple sinon mon voisin ici présent risque de m'étouffer dans mon sommeil.

— Je peux aussi le faire dans ton réveil, remarqua Ponce.

— C'est pas avec tes petits muscles de jongleur que tu vas faire quoi que ce soit, rétorqua Riv.

— Tu veux parier ?

— Je te prends quand tu veux. En tout bien tout honneur bien sûr, je ne voudrais pas que ton petit-ami vienne se venger.

— Bon, réponds à sa question, recadra Ponce.

Il n'avait pas envie de penser à ZeratoR. Pas tout de suite. Il avait retrouvé l'homme en pleine crise de larmes la veille au soir et il n'avait pas pu en tirer un mot. Il avait dormi lové contre lui sans rien lui expliquer et cela agaçait Ponce en plus de l'inquiéter. Ce matin, il était introuvable, ce qui ajoutait à son malaise.

— Je te signale que c'est toi qui as détourné la conversation. Mais bon. Bref, comme d'habitude c'est moi qu'on engueule. C'est toujours le pauvre petit Riv qui prend pour les autres parce qu'il est trop gentil. Donc, les surnoms. Alors en fait, c'est pas du tout obligatoire. Tu vois par exemple Antoine, c'est son vrai prénom. C'est sûrement dû au fait qu'il a pas du tout d'imagination, mais bon...

— Ah oui... c'est celui qui m'a ramené du sirop hier...

— Du sirop... nos meilleurs soigneurs utilisent tous leurs talents pour concocter des potions et elle appelle ça un sirop, se lamenta Rivenzi.

— Riv...

— Oui, bah c'est bon. Bon. Donc oui, Antoine c'est juste son prénom, parce qu'il craint. Mais la plupart d'entre nous, on a abandonné nos patronymes originels à un moment ou un autre dans notre vie. Peut-être lorsque nos parents ont essayé de nous tuer ? Peut-être quand on a grandi et qu'on est devenu une autre personne. Peut-être quand on est rentré dans la résistance.

L'acrobate lança un regard appuyé à Ponce. C'était là que les deux hommes avaient fait connaissance, Ultia était aussi de la partie. Depuis, ils s'étaient très peu éloignés. Ils avaient visité les camps ensemble et avaient dit adieu à leurs envies de révoltes en échange d'une place au sein de la troupe de ZeratoR.

La Troupe des DamnésWhere stories live. Discover now