Chapitre 4 : L'Ange de Noël

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Petite précision avant le chapitre : la musique incrustée en plein milieu est celle qui m'a inspiré pour la scène cruciale écrite en italique. Je ne vous en dis pas plus et vous souhaite une bonne lecture !

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Noël approchait. Comme chaque année, Tokyo semblait avoir déployé ses plus splendides parures pour pallier à la blancheur de la neige et aux longues nuits. Il n'y avait pas un arbre qui n'ait été embobeliné de guirlandes lumineuses, pas une vitrine sans ornements, pas un balcon sans festons. C'était à chaque coin de rue un nouveau spectacles de lumières, de nouveaux tons, de nouveaux alliages de couleurs. Du bleu électrique, au jaune doré, au rouge rosé, au violet parme.

Au silence comateux des chutes de flocons s'opposaient les chants de Noël, crachotés par des enceintes, entonnés par des chorales au beau milieu des places et des parcs ; à la senteur froide de la neige, les arômes de vin chaud, d'épices et de marrons ; à l'air glacial, la chaleur de l'esprit généreux et bon enfant que chacun se trouvait subitement capable d'adopter.

Pour moi qui avait passé une partie de mon enfance recluse dans les montagnes, cette période de l'année recelait une féerie que ne pouvait pas même estomper la succession des ans.

Malgré tout, lorsque l'envie se faisait sentir d'aller dépenser mes forces en course de fond, je recherchais toujours la quiétude des bords de mer. Les vacances d'hiver de ma seconde année de collège étaient entamées depuis quatre jours, mais je me levai ce matin là de bonne heure afin d'aller courir. En guise de défense contre les basses températures, je rabattis l'épaisse capuche de mon sweat sur ma tête, remontai mon cache-col sur le nez et passai mes gants à mes doigts.

Je me vis forcée de trotter à petite allure, en assurant mon pied au sol à chaque foulée, afin de ne pas déraper sur les plaques de verglas. En compensation de mon manque de vitesse, je voulus demeurer plus longtemps sur la promenade, seule sous la lumière crue des réverbères, seulement accompagnée du murmure du ressac. Cependant, la brûlure glaciale qui me rongeait les poumons m'obligea à reprendre le pas au bout d'une demi-heure.

Ne désirant pas retourner chez moi immédiatement, je préférai m'enfoncer dans le centre ville pour déambuler dans les rues en m'abandonnant à ce curieux alanguissement couplé d'ondes ardentes qui imprégnaient le corps après l'effort.

C'était l'aube. Une aube grise, l'obscurité ayant à peine décrue, qui rendait plus douces les couleurs des illuminations, plus estompé leur éclat, plus faible leur halo. Je me retrouvai à longer le fleuve Sumida, que même le gel n'était pas parvenu à dompter. A ma droite s'écoulaient paresseusement les flots noirs, à ma gauche rutilaient les arbres nus aux branches comme poudrées d'étoiles.

Ce fut le son, qui m'alarma.

Au milieu de cette rumeur de circulation bien rodée, un véhicule se soustrayait à la cadence. Son moteur grondait par à-coups et les pneus torturés protestaient sur le bitume. Je tournai la tête en tous sens, cherchant à localiser la voiture folle.

Mon cœur sauta un battement lorsque je la repérai. Elle s'engageait en zigzaguant sur le pont qui enjambait le fleuve. J'accélérai le pas sans réfléchir, taraudée d'un funeste pressentiment. Celui-ci se confirma lorsque, après s'être trop déporté sur la gauche, le véhicule se rua à la rencontre d'un autre, qui arrivait en sens inverse.

La collision ne se produisit jamais. Il y eut une vibration qui se répercuta sur l'eau, pareille à un bourdonnement électrique amplifié, et soudain la voiture hors de contrôle décolla du sol, exécuta une rotation dans les airs, puis amorça sa retombée droit dans le vide. Quelqu'un avait manifestement activé son Alter sous le coup de la peur, expédiant la voiture hors du pont.

𝐓𝐰𝐢𝐬𝐭 ᴛᴏᴍᴇ 1 ᴬᵇ ᵒʳⁱᵍⁱⁿᵉ ᶠⁱᵈᵉˡⁱˢ 【MHA】Kde žijí příběhy. Začni objevovat