Chapitre 33 : Cartes sur table

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Douleur.

Ce fut la première sensation que Ryoka éprouva lorsqu'elle revint à elle. Il n'y avait plus de sources identifiables et distinctes, seulement une conscience diffuse et intense d'avoir mal.

La deuxième sensation fut celle de flottement. Une eau froide et mouvante l'enveloppait.

La troisième était celle de mains la tirant sous les aisselles.

Lorsqu'elle eut finalement suffisamment rassemblé ses esprits pour se souvenir qu'elle était en danger, la jeune femme voulut se libérer. Elle ouvrit brusquement les yeux sur un ciel nocturne, puis tenta de se débattre. Tout son corps protesta sous la violence de sa ruade. Crucifiée par la vague de souffrance qui la traversa, elle ouvrit la bouche sur un gémissement que noya l'eau qui s'engouffra dans sa bouche. Étouffée, elle gronda entre deux hoquets de toux.

Ses talons finirent par racler le fond limoneux du fleuve, et Ryoka réalisa alors qu'on était en train de la ramener sur la rive. Trop exsangue pour lutter davantage, elle se laissa traîner au sec, ruisselante, ballottant de la tête, glacée jusqu'aux os malgré les points d'où s'écoulait une chaleur brûlante parmi la douleur. Dès que le niveau de l'eau ne supporta plus son poids, des ahanements d'efforts lui parvinrent par-dessus les bruits d'éclaboussures.

A ce son et à la faiblesse des bras qui la soulevaient, Ryoka comprit que son hypothétique sauveuse n'était qu'une gamine. La douleur persistait, la perforant et vrillant de partout. Néanmoins, cela dissipait son exténuation et l'aidait à ne pas resombrer dans le néant. Elle commençait à identifier ses blessures. Elle avait été atteinte au crâne par quelque-chose de coupant ; son épaule droite l'élançait tellement qu'il lui était impossible de remuer le bras ; son poignet gauche semblait prit dans une gaîne qui le broyait répétitivement. Tout son torse la mettait au supplice, de l'extérieur comme de l'intérieur, au point qu'elle avait l'impression d'avoir été mâchée par des mandibules géantes qui lui auraient profondément perforé les côtes.

Elle fut tout à coup étendue sur l'herbe humide et y demeura, frissonnante, les traits crispés. Une jeune fille entra alors dans son champ de vision. Trempée de la tête aux pieds, ses longs cheveux d'une couleur vert menthe identique à ses yeux coulaient jusqu'au bas de son dos. Elle s'accroupit nerveusement à côté d'elle.

- Je suis une amie d'Akira, déclara-t-elle. Il veut que tu arrêtes de le chercher. Il te retrouvera dès qu'il pourra, mais pour l'instant, il faut que tu restes loin de lui. Il sait ce qu'il fait et il te dit de euh... retourner... hem ! Enfin ça implique un lanceur de couteau et de la peinture néon pour le corps.

Ryoka était trop lasse et brisée pour démêler les émotions qui s'enchevêtrèrent dans sa poitrine à l'entente de ces mots.

- J'ai traité le venin en te sortant de l'eau, l'informa ensuite l'adolescente. Tu es hors de danger, mais je ne peux rien faire de plus.

- Ça ira, répondit-elle plus faiblement qu'elle ne l'aurait voulu. Je peux me débrouiller à partir de là, merci.

L'adolescente hocha la tête d'un air qui semblait dire que l'aide qu'elle était disposée à lui apporter s'arrêtait de toute façon ici. Elle se releva, lui adressa un dernier coup d'œil, puis trottina d'un pas leste jusqu'au fleuve. Au son d'un corps frappant l'eau, Ryoka supposa qu'elle venait d'y plonger.

Elle n'aurait rien tant aimé que de rester allongée sur la pelouse moelleuse jusqu'à ce que ses forces lui soient revenues, cependant elle demeurait consciente des risques qu'elle encourait à top s'attarder à proximité du repère de Kubo. Par ailleurs, ses blessures nécessitaient d'être traitées urgemment.

𝐓𝐰𝐢𝐬𝐭 ᴛᴏᴍᴇ 1 ᴬᵇ ᵒʳⁱᵍⁱⁿᵉ ᶠⁱᵈᵉˡⁱˢ 【MHA】Where stories live. Discover now