Chapitre 37 : Couleur de glycines et de réminiscences

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Assise sur un tabouret devant le lavabo de la salle de bain, j'appréciais le travail expert et délicat des doigts de ma mère dans mes cheveux. Lorsque j'étais petite, Inko avait dû s'armer de patience pour que je consentis à la laisser me coiffer. Je ne supportais pas de rester en place pendant que l'on tirait sur mes mèches, la résistance des nœuds défaits par les dents du peigne m'était une agression. À force d'obstination bienveillante, ma mère avait finalement su me faire affectionner le rituel. Depuis que j'étais en âge de me préparer seule, les occasions pour elle de s'occuper de ma coiffure s'étaient faîtes rare, aussi profitions-nous avec une pointe de nostalgie des moments tels que celui-ci.

Inko avait démêlé mes cheveux après y avoir appliqué une huile parfumée et nourrissante, puis les avaient habilement enroulé en un chignon tressé, qu'elle termina de fixer en y fichant une multitude d'épingles. Quand elle eut terminé j'examinai mon reflet en tournant la tête pour l'observer sous tous les angles. Ravie du résultat, je souris à ma mère dans le miroir.

Izuku nous attendait dans le hall d'entrée. Lui portait une chemise à carreau enfilée dans un jean brut, tandis que j'avais revêtu une robe chemisier couleur pêche, les manches roulées jusqu'aux coude, serrée sur les hanches d'une fine ceinture de cuir beige. Un sac en daim camel à franges enfilées de perles que je portais en bandoulière, et des chaussure de toile basses complétaient ma tenue. Mon frère et moi nous étions habillés avec ce léger souci d'élégance pour nous rendre au festival des glycines, événement auquel notre mère avait lourdement insisté pour que nous y prenions part. Elle avait en effet décrété nous avions tous les deux besoin de relâcher un peu la pression, et de faire une pause dans nos révisions.

Le trajet jusqu'à Koto fut long et un rien éprouvant du fait des rames bondées et de la chaleur moite que le soir tombant ne dissipait plus. Lorsque le Torii fraîchement repeint du sanctuaire de Kameido se profila enfin, surplombant les étroites rues piétonnes, Inko étira le cou et se hissa sur la pointe des pieds, paraissant chercher quelqu'un parmi la foule qui confluait vers l'entrée.

- Ah, les voilà ! S'exclama-t-elle avec enthousiasme en repérant le trio qui patientait sur les dalles brûlantes.

- Maman, marmonna Izuku entre ses dents d'un air dépité.

Il nous était déjà arrivé à plusieurs reprises de participer à un festival en compagnie des Bakugo, seulement la dernière fois devait bien remonter à plus de deux ans. Nous réunir tous les trois pour ce genre d'activité était plus difficilement réalisable que lorsque nous étions enfants. Les festivités populaires rebutaient Katsuki, et Izuku fuyait le malaise qui s'instaurait invariablement lorsqu'ils se retrouvaient l'un en présence de l'autre dans ce genre de contexte. Tous deux ne se seraient probablement pas laissé traîner ici si nous avions été avertis au préalable de ce que tramaient nos parents. Évidemment, ceux-ci pensaient sans doute bien faire, puisqu'ils ignoraient tout de l'ambiance régnant au lycée.

Je croisai le regard de Katsuki par-dessus la marée de tête, et les prunelles rouges dévièrent sur mon frère avant de revenir sur moi, accusatrices. Je fronçai les sourcils avec indignation face au reproche muet, niant mon implication dans les manigances d'Inko et Mitsuki. Au fur-et-à-mesure que le flot de visiteurs nous rapprochait des Bakugo, l'agitation d'Izuku s'accroissait. Il paraissait ne plus savoir où se mettre. Nous étions tous deux bien conscients que la trêve cordiale qu'il était prêt à adopter était inacceptable pour le blond.

De fait, un contraction nerveuse passa sur le visage de celui-ci avant qu'il ne voûte les épaules et ne se détourne abruptement, mains dans les poches, pour s'enfoncer dans la foule et s'éloigner. Je passai sous le Torii et me mis à jouer des coudes pour gagner le pont semi-circulaire que venait de franchir Katsuki, laissant à ma mère et mon frère le soin d'échanger les civilités avec les Bakugo. De là, je dominais tout le jardin du sanctuaire.

𝐓𝐰𝐢𝐬𝐭 ᴛᴏᴍᴇ 1 ᴬᵇ ᵒʳⁱᵍⁱⁿᵉ ᶠⁱᵈᵉˡⁱˢ 【MHA】Où les histoires vivent. Découvrez maintenant