Chapitre 5 : Élucidations turbulentes

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Voler est une drogue. Une fois qu'on y a goûté, il n'y a plus de retour en arrière possible. Une dose ne suffit jamais : sitôt ses effets estompés, il en faut une autre.

Le serment que je m'étais imposée en devenant Midoriya m'avait sevré un temps, mais je compris que je n'aurais jamais pu le tenir toute une vie. J'étais vouée à réutiliser à mon Alter un jour où l'autre.

Après le sauvetage, une fois ma convalescence achevée, ce qui n'avait été qu'une envie titillant était devenu un besoin irrépressible. Chaque souffle de vent, chaque aperçu d'une plume d'oiseau attisait ma faim des cieux. J'en rêvais la nuit, j'en obsédais le jour. Je levai la tête quand l'air froid caressait mon visage, avide mais frustrée par ce pauvre échantillon des sensations que procurait le vol.

Le courts laps de temps durant lequel j'avais fait appel à mes ailes pour secourir le conducteur m'avait en outre fait réaliser à quel point mon Alter avait diminué. Toutes ces années sans la moindre pratique avait émoussé mon habileté, réduit mon endurance. L'idée de le laisser se dégrader, de négliger mon unique paire restante me faisait horreur.

Je ne résistai pas bien longtemps. Au mépris de tous les risques, je résolus de consacrer quelques minutes par jour à son utilisation. Par précaution, je ne m'envolais que lorsqu'il faisait sombre, depuis des lieux déserts.

Les premières fois, je n'eus même pas la force de m'élever à plus de huit-cent mètres, et demeurais prisonnière sous les nuages. A force, je parvins à gagner les hauteurs auxquels j'étais habituée, à plus d'un kilomètre de la terre, pour bénéficier du couvert des cumulus. Grisée de vitesse et d'altitude, je ne ne redescendais que lorsque je sentais la fatigue commencer à faire trembler mes ailes. Il me suffisait alors de les reployer, et de m'abandonner à la gravité.

Je n'avais jamais l'impression de chuter. Il me semblait plus tôt que c'était la terre qui se hissait à ma rencontre. La difficulté consistait à ouvrir mes ailes au bon moment. Trop tôt, on risquait davantage de me remarquer ; trop tard, je n'aurais plus le temps de ralentir.

Ce fut finalement la concentration que requerrait cet exercice qui joua contre moi.

Immobilisée au sol par le poids de Katsuki, je me maudis de ne pas avoir été plus attentive tandis qu'il m'arrachait mon cache-col. La stupeur lui fit écarquiller les yeux, sourcils froncés, bouche-bée.

- Seki ?

Mon cœur s'était rarement emballé aussi fort qu'il ne le faisait en cet instant. Mon esprit tâchait d'examiner la situation, et mes pensées filaient à toute allure, comme des phalènes piégés dans un abat jour chercheraient l'échappatoire.

- Ne dis rien à Zuku ! Fut la première idée qui fusa.

Elle dessina un épais nuage de buée devant mon nez. Les traits de Katsuki se tordirent en un rictus furieux. Il tira plus fort sur le col de mon sweat.

- Deku ? On s'en cogne de Deku ! Explosa-t-il.

Puis un éclair de compréhension traversa son regard.

- Attends... t'es en train de me dire qu'il n'est pas au courant ?

Je secouai négativement la tête, les lèvres pincées. Mes mèches trempées de neiges fondues se collèrent à mes joues.

- Personne ne sait ? Interrogea-t-il avec incrédulité.

- Non, soufflé-je.

Malgré la pénombre que le crépuscule instaurait sur le parc, je vis une myriade de réflexions fugitives et impénétrables passer derrière ses yeux, puis son expression se durcit. Sa mâchoire se contracta alors qu'il serrait les dents à les en faire grincer.

𝐓𝐰𝐢𝐬𝐭 ᴛᴏᴍᴇ 1 ᴬᵇ ᵒʳⁱᵍⁱⁿᵉ ᶠⁱᵈᵉˡⁱˢ 【MHA】Where stories live. Discover now