Chapitre 20 : L'Affaire Katagiri

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La pluie balayait la plage. La mer, sombre et houleuse, crachait de l'écume en clapotant sous l'averse. Le sable était piqué de myriades de gouttes. J'avais ôté mes chaussures détrempées pour courir. Les grains mouillés crissaient sous mes pieds nus. Izuku, lui, avait conservé ses baskets. Nous avions adopté le même rythme, et nos souffles s'étaient calés l'un sur l'autre. L'averse nous cinglait en plein visage, mais je trouvai cela plus vivifiant qu'autre-chose. Mêlé d'embruns, la pluie avait un goût salé.

Cela faisait quatre jours que mon frère et moi allions pratiquer ensembles des courses de fond, en vue de travailler notre endurance. Même l'amoncellement de nuages menaçants se matin ne nous avait pas découragé.

Cela faisait presque deux heures que  nous arpentions en longueur la plage de Dagobah, quand mon portable vibra dans ma poche. Mon cœur sauta un battement. Ça y est, pensai-je.

Je fis signe à Izuku de poursuivre sans moi, et ralentis l'allure pour finalement adopter le pas. Protégeant d'une main mon écran, je consultai le message que j'attendais depuis plusieurs jours.

Agence. 11h.

Décidément, Shoto était encore plus succin par écrit. Onze heure. Cela me laissait tout juste le temps de rentrer me changer. Je récupérai mes chaussures là où je les avais laissé, et les enfilai malgré mes pieds couverts de sable. Une poignée de minutes plus tard, je pénétrai en trombe dans l'appartement pour troquer mon jogging dégoulinant contre un jean et un tee-shirt, endossait une veste en cuir à capuche amovible, puis frottait rapidement mes pieds avec une serviette avant de sauter dans une paire de bottines à lacets.

Ce ne fut qu'une fois assise dans le train, le front appuyé contre la vitre ruisselante de pluie, que je pris pleinement la mesure des choses. J'avais convenu avec Shoto qu'il me ferait signe dès qu'une occasion se profilerait, afin que nous puissions établir l'ampleur du risque qu'Endeavor me reconnaisse comme une Katagiri. Seulement je pris conscience qu'il ne s'agissait pas uniquement de déterminer ce qu'il savait, mais aussi de lever enfin toute la vérité sur mes origines. Et j'appréhendais au plus haut point ce à quoi j'allais être confrontée.

Le gratte ciel se dressait comme une tour d'onyx polie sous les trombes qui fouettaient ses façades, l'enveloppant d'une fumée blanche. Shoto, vêtu d'une chemise en jean par-dessus un tee-shirt blanc et un pantalon noir, m'attendait au sec sous le porche. Je gravis les marches à sa rencontre, et il me fit rentrer par les portes coulissantes tandis que je rejetai ma capuche en arrière. Le trajet de la station jusqu'au bureau des Héros m'avait douché. Mon jean collait à mes jambes. Des perles d'eau coulaient de mes cheveux sur mon visage. Je les essuyai d'un revers de main.

- Mon père ne sera pas là avant la fin d'après-midi, mais on ferait mieux de ne pas traîner, m'indiqua Shoto alors qu'il me conduisait vers les ascenseurs.

La cabine était aussi austère et digne que le reste de l'édifice, avec ses parois de marbre gris, son plafond en nid d'abeille, et son tableau de manœuvre en inox. Nous nous appuyâmes contre la main courante, dos au miroir, et l'ascenseur entama sa montée.

Malgré son apparent stoïcisme, Shoto me jetait des coups d'œils furtifs tout en esquivant mon regard. Je finis par hausser un sourcil inquisiteur, et il se racla la gorge avant de me reprocher :

- Tu aurais pu prendre un parapluie.

Ce disant, il fit un mouvement de tête vers la glace, comme pour m'inviter à m'y regarder. Je me retournai face à mon reflet. Des mèches trempées pendaient devant mon visage et se plaquaient à mon cou. Mon cuir ouvert s'égouttait et laissait entrevoir le textile trempé de mon tee-shirt qui adhérait à ma peau, moulant les contours de mon soutient-gorge.

𝐓𝐰𝐢𝐬𝐭 ᴛᴏᴍᴇ 1 ᴬᵇ ᵒʳⁱᵍⁱⁿᵉ ᶠⁱᵈᵉˡⁱˢ 【MHA】Where stories live. Discover now