Chapitre 24 : Intérêts divergeant

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/!\ Notes importantes à la fin du chapitre !



La tour, d'une architecture pompeusement moderne, flambait sous le soleil couchant. Ses cinquante étages illuminés par des projecteurs dominaient crânement la rue.

Capuche rabattue sur les yeux, paupières closes, mains enfouies dans les poches de son blouson, Akira inspira profondément. L'odeur de la pâte à gaufre en train de dorer sur les plaques du stand auquel Chika, Baku, et lui faisaient la queue lui emplit les narines. Hormis cela, il percevait l'odeur de ses deux compagnons, rendue légèrement acide par la tension qui crispait leurs muscles et l'appréhension qui palpitait dans leurs veines ; celles des autres clients de la file, la puanteur des pots d'échappements, les effluves des repas que s'affairaient à préparer les habitants des immeubles voisins et, enrobant tout cela, l'humidité annonciatrice d'averses imminentes.

On lui tapota le bras. Il ouvrit les yeux pour s'apercevoir que leur tour était venu d'être servis. Baku, trop timide pour s'adresser lui-même au vendeur, lui désigna leur amie d'un signe de tête. Chika, oublieuse des précautions, s'était tournée vers l'édifice, tête levée vers les étages. Ses oreilles de guépard pointaient de sa chevelure -à la limite entre la partie d'ébène qui tombaient en une frange asymétrique sur son front et couvrait le sommet de son crâne, et les mèches blond sable qui partaient de ses tempes et cascadaient dans son dos – pour s'orienter vers l'objet de ses sombres pensées. Elle fronçait inconsciemment le nez, l'un de ses crocs émergeant partiellement d'entre ses lèvres. Ses yeux aux ardentes prunelles topaze étaient soulignés d'un trait noir qui s'écoulait en une ligne nette sur ses joues, pareille à des larmes d'encre, et filait du coin de ses yeux en points qui constellaient ses tempes. Sa queue se balançait en signe d'agitation.

Akira lui toucha l'épaule. La jeune fille tressaillit, et se retourna vers lui. Du pouce, il lui désigna le marchant. Elle plaqua un sourire factice sur sa figure, puis hocha la tête.

- Chocolat, confiture, ou pâte de haricot rouge ? S'enquit-elle.

Il n'eut aucune difficulté à lire la phrase sur ses lèvres, tant il avait l'habitude qu'on lui pose la question. Sa mère avait coutume de leur acheter des Tayaki lorsque Ryoka et lui revenaient de l'école.

- Rien pour moi. J'ai pas faim. Achètes-en à Baku, signa-t-il.

La confusion fit froncer les sourcils à Chika. Elle jeta un coup d'œil à l'intéressé, n'ayant manifestement saisit que son nom dans la série de signes qu'Akira venait d'exécuter. Il se retint de soupirer. Depuis bientôt six mois qu'il les connaissait, il avait bien tenté de leur inculquer des notions de la JSL, mais leur maîtrise restait extrêmement lacunaire, et Chika n'était vraisemblablement pas en état de solliciter ses connaissances.

Vitaly Pearl aurait compris, mais ils avaient décrété unanimement qu'elle ne participerait pas à l'opération de ce soir.

Le jeune homme se tourna donc vers le vendeur, et, sans avoir consulté Baku, pointa de l'index le «Tayaki Chocolat» proposé dans le menu affiché, puis leva deux doigts. Au moins ce signe-là était-il compris de n'importe qui.

Il paya, reçut les gaufres toutes chaudes fourrées au chocolat, et tendit celles-ci à ses deux compagnons. Les trois justiciers s'installèrent sur le rebord d'un bac de fleurs en pierre. Chika grignotait machinalement, la figure à nouveau sombre, tandis que Baku affichait son habituel air taciturne. Âgé de treize ans, celui-ci était le plus jeune de leur petite bande, contre dix-sept ans pour la semi-guépard et dix-neuf pour Akira. C'était sans compter Vitaly, dix-huit ans, et Shin, leur aîné à tous, vingt-et-un ans.

𝐓𝐰𝐢𝐬𝐭 ᴛᴏᴍᴇ 1 ᴬᵇ ᵒʳⁱᵍⁱⁿᵉ ᶠⁱᵈᵉˡⁱˢ 【MHA】Där berättelser lever. Upptäck nu