Chapitre 23 : Intervalle réparateur

1.2K 181 354
                                    


- J'avais beau les haïr, à ce moment-là ils m'ont fait me sentir en sécurité auprès d'eux. Ils ont accouru quand j'étais en danger. Ils étaient là quand j'ai eu besoin d'eux.

Ce que j'avouais à Shoto, je me l'avouais également à moi-même. J'avais eu beau m'en défendre jusqu'à présent, il était temps de l'admettre : le souvenir de mes parents ne m'inspirait pas que de la haine. Enfant, j'avais admiré leur force, envié leur puissance, et profité de leur protection.

Le jeune homme rouvrit les yeux pour les abaisser vers sa main, qu'il contempla gravement.

- Je sais de quoi tu parles, me confia-t-il. J'éprouve la même chose pour ma mère. Elle m'a toujours protégé de mon père... Pourtant c'est elle qui m'a infligé ma pire blessure.

Il tourna la tête vers moi, le regard hanté d'une peine aussi profonde qu'elle était ancienne. Une peine que je ne pouvais pas davantage apaiser que la mienne. J'étudiai son visage, beau malgré la marque rosâtre inscrite sur sa peau. En fait, elle donnait étrangement plus d'intensité au bleu de son œil. Sa prunelle était comme une flamme inextinguible.

Ses mèches carmin comme ses mèches blanches étaient en désordre, et tombaient, défaites, sur son front. Je me pris à sourire et avançai la main pour les recoiffer. Shoto se tendit d'abord, puis ses épaules se relâchèrent et ses paupières s'abaissèrent doucement sur ses yeux verrons. Ses cheveux étaient lisses et doux sous mes doigts, se démêlant aussi docilement que des fils de soie. J'arrangeai d'abord le côté gauche de sa chevelure, puis passai au droit. Je constatai alors que ses mèches blanches étaient fraîches comme une neige de printemps.

Intriguée, je glissai une autre main dans ses cheveux, comparant le contraste de température. Mes mains descendirent lentement sur ses pommettes pour y apposer mes paumes. Sous la droite, sa joue paraissait presque fiévreuse, tandis que sous la gauche elle était aussi froide qu'une porcelaine. Shoto rouvrit les yeux, les plongeant droit dans les miens.

- C'est le contrecoup de mon Alter, expliqua-t-il. Toute à l'heure, je ne pouvais presque plus remuer la main droite, mais j'avais l'impression que mon sang bouillait dans la gauche.

Ce disant, il couvrit les miennes de ses larges paumes, les retenant contre sa figure. Une ébauche de sourire étirait la commissure de ses lèvres. Il inclina insensiblement la tête, approchant son front du mien.

- Les muscles de mon dos me font mal si je vole trop longtemps, et j'ai des migraines quand je manipule une quantité trop importante de vent, l'informai-je alors que nos fronts se rencontraient.

Mais ce n'était déjà plus le sujet. Ce qu'il se produisait résidait dans ce que nous ne disions pas. Mon cœur se gonfla, irradiant d'une tendresse soudaine. Nous étions en train de nous retrouver. Comme nous aurions dû le faire des semaines plus tôt.

La porte de l'infirmerie s'ouvrit tout à coup. Nous nous écartâmes brusquement l'un de l'autre, toutefois Shoto conserva mes mains dans les siennes. Sur le seuil, Izuku nous lorgnait avec stupéfaction, les yeux écarquillés. Il était flanqué du blond filiforme, qui sourit d'un air fin en nous découvrant.

Nos doigts se quittèrent finalement alors que nous nous levions. Shoto s'était rembrunit à la vue de mon frère. Il ne lui adressa qu'un coup d'œil avant de lâcher un «j'y vais» et de s'esquiver. Je m'approchai d'Izuku dont le bras en écharpe reposait sous son haut de survêtement ouvert. Sa jambe bandée l'obligeait à reposer tout son poids sur la droite.

- Comment ça va ? Lui demandai-je d'un ton de sincère préoccupation.

- Il n'y aura pas de séquelles, m'assura-t-il.

𝐓𝐰𝐢𝐬𝐭 ᴛᴏᴍᴇ 1 ᴬᵇ ᵒʳⁱᵍⁱⁿᵉ ᶠⁱᵈᵉˡⁱˢ 【MHA】Where stories live. Discover now