Chapitre 11 (partie1) : Shoto et Arashi

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Je m'effondrai à genoux, ahanant de fatigue, ruisselante transpiration. Autour de moi, la salle d'entraînement se mit à tourner.

- C'est tout ?

La voix, inflexible, tomba comme un couperet. J'essayai de solliciter mes muscles, mais ceux-ci ne répondaient plus. J'étais clouée à terre. Mes yeux remontèrent vers le visage de la haute figure qui se tenait devant moi. Bras croisés derrière son dos, campé sur ses deux pieds, mon père m'écrasait d'un regard impitoyable. Je ne pus soutenir longtemps la dureté qui se lisait dans ses prunelles mauves, et baissai la tête.Une perle de sueur coula le long de ma mâchoire.

- Regarde tes cibles.

J'obéis. Une vingtaine de mannequins de frappe, pesants aussi lourds qu'autant d'individus de gros gabarit, étaient disséminés dans la pièce. Sept étaient renversés à terre. A l'emplacement de la poitrine, le revêtement de cuir synthétique de trois d'entre eux avait fondu. Le contenu calciné fumait, libérant des effluves âcres. Les autres se dressaient en spectateurs aveugles, insensibles à mon martyr.

- Tu penses avoir fini ?

Je secouai négativement la tête. Je pris une profonde inspiration pour tenter de reprendre la maîtrise de mon souffle erratique. Mes ailes étalées comme une traîne dans mon dos se soulevèrent avec un froufrou de soie. Une brise de leva, fraîche contre ma peau moite, agita mes cheveux, fit danser la poussière. Mais les mannequins ne bronchèrent pas. Ne vacillèrent même pas sur leurs pieds. Le vent retomba.

Un soupir de déception se fit entendre au-dessus de moi.

- Tu n'en as pas terminé, Arashi. On n'arrêtera que lorsque tu les auras tous renversé.

Une vague de découragement monta en moi. Tous ? Je ne pouvais pas !

Je n'avais même pas l'énergie de protester. La douleur me tenaillait les muscles des bras. Ils n'étaient pas en état d'encaisser la conduction d'un autre éclair. Une boule de plomb me noua la gorge. Je serrai les dents à les briser, mais les larmes m'embuèrent malgré tout la vue.

- Est-ce que tu pleures ?

Le son de pas martiales sur le sol m'indiqua que mon père s'approchait. Je tressaillis, submergée de panique. Me relevai avec un mouvement instinctif de recul. Retombai à genoux quand ceux-ci ployèrent sous moi.

- Tu sais ce qui arrive, quand tu faiblis face à l'adversité ? Quand tu renonces à mi-chemin ?

Pour rien au monde, je n'aurais voulu croiser son regard. Pourtant je relevai la tête. Parce qu'une partie réflexe de moi voulait voir. Voir la menace arriver, même s'il n'y avait rien que je puisse faire pour m'en défendre.

Comme s'il savait exactement ce qu'il se jouait dans mon esprit, mon père tourna la paume de sorte que je vis nettement sa peau se fendre d'une longue ligne vermeille, depuis l'intérieur du coude jusqu'au creux de sa main. Un épais filet de sang s'épancha hors de la plaie. Cependant, au lieu de ruisseler au sol, il se solidifia, se condensa en une longue lame sombre, sans reflets.

- Tu meures, conclut-il.

Je ne perçus même pas son geste. Le plat de la lame s'abattit Chtak ! sur mon épaule. Je lâchai un cri de protestation et de douleur. Chtak ! Mon flanc.

𝐓𝐰𝐢𝐬𝐭 ᴛᴏᴍᴇ 1 ᴬᵇ ᵒʳⁱᵍⁱⁿᵉ ᶠⁱᵈᵉˡⁱˢ 【MHA】Where stories live. Discover now