Plonger dans tes yeux

Quand le sang parle...

Le cœur battant à tout rompre, Romane avança.

Au début, elle ne put distinguer qu'une grande bibliothèque, puis un homme chauve, derrière un secrétaire, l'avocat de toute évidence. L'homme inclina la tête et la salua respectueusement.

Puis Charlène s'écarta pour que Romane puisse enfin découvrir le parent qui l'avait prier de venir à Londres... Deux personnes lui faisaient face, en discernant le visage de l'une d'entre-elles, Romane eût spontanément un mouvement de recul... Frappée de stupeur, elle se raidit.

Le souffle court, elle dévisagea longuement cette personne... Une femme... Une totale incompréhension s'empara de Romane... Je vais me réveiller ! Se dit-elle... Ce n'est pas possible!

Les yeux écarquillés, elle ne pouvait plus décrocher son regard de celui de cette femme, la sidération l'avait complètement submergée...

– Romane... Vous allez bien ? La voix douce de Charlène vint interrompre le tourbillon d'idées infernales qui s'était emparées de l'esprit de Romane.

Le regard de la jeune femme alla de Charlène à la femme tout aussi incrédule...

– Souhaitez-vous un verre d'eau ? proposa Charlène.

Après une inspiration, Romane prononça un petit« oui », puis elle tenta enfin...

– Maman?

 A l'instant même ou elle prononça ces mots, son instinct lui signifia qu'elle était dans l'erreur, cette femme ne pouvait-être pas sa mère... Bien que la ressemblance fut indéniable, ce que dégageait ce « clone » était loin de ce que Romane pouvait éprouver au contact de sa mère... Le visage était plus rempli, les yeux du même bleu étaient plus vifs mais sans l'expression qu'elle leurs connaissait, les cheveux coiffés en chignon, conféraient plus de rigueur, la posture... Et puis ces vêtements chics et sans doute très onéreux... Certes, elle lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, mais elle n'était pas face à la même personne... Rien à voir avec la « Rose »atteinte d'Alzheimer qu'elle avait laissé à Paris...

C'est à cette instant même que la phrase du détective, Jacques Lemoine, prit tout son sens... « Quand vous serez à Londres, l'évidence s'imposera à vous... » Oui ! Véritablement... L'évidence s'imposait à elle, Rose n'avait pas été clonée évidemment... Elle avait une sœur jumelle !

Comme dans tous ces instants qui saisissent, les secondes s'étaient écoulées comme des heures pour la jeune femme. Une voix masculine vint à nouveau la sortir de sa torpeur...

– Souhaitez-vous, vous asseoir, Mademoiselle Saint-Clair ?

Jusqu'ici, Romane n'avait pas prêté attention à cet homme, la sidération l'avait complètement occulté. En le considérant, elle eût le sentiment qu'il ne lui était pas étranger mais son esprit habituellement si réactif, était complètement embrumé par ses émotions, impossible de savoir d'où lui venait sur cette sensation de déjà vu.

– Je me présente Liam Laurence... Sur ces paroles, l'homme lui saisit la main et la porta à ses lèvres... Décidément, la Française n'était pas au bout de ses surprises, voilà maintenant qu'on lui faisait le « baisemain », elle qui pensait que cela ne se faisait plus depuis une éternité... Dans sa leçon de savoir vivre, Cath avait omis cette pratique désuète.

Assez grand, brun, il parlait un Français correct, un regard aussi bleu que celui de la femme qui l'accompagnait, Liam Laurence dégageait un certain charisme. Son costume gris anthracite, fitté, très bien taillé, semblait indiquer une position sociale assez confortable. Il poursuivit les présentations, en désignant la femme à ses côtés. 

– Et voici ma mère, Flora Laurence... Celle-ci lui fit un signe de tête, Romane l'imita poliment. 

Liam Laurence l'invita ensuite à prendre place dans un fauteuil cabriolet.

Un peu tremblotante, Romane apprécia de pouvoir s'asseoir, pour retrouver un peu de contenance. Charlène lui tendit un verre d'eau.

– Oui mais j'ai besoin de comprendre...

– Bien sûr, nous allons répondre à vos questions,assura Charlène, mais tout d'abord Madame Laurence souhaiterait prendre la parole... Puis elle jeta une œillade à Flora Laurence.L'avocat patiemment assis derrière son bureau, observait la scène très attentif, n'en perdant aucun détails.

Toutes les attentions se tournèrent vers la femme âgée,qui commença un monologue dans la langue de Shakespeare, visiblement très troublée, elle regardait Romane dans les yeux. La jeune femme regretta aussitôt son niveau d'Anglais, trop moyen pour saisir l'intégralité de ces paroles. Flora marqua un temps d'arrêt et Charlène se mit à traduire.

– Madame Laurence est très émue, depuis neuf ans,elle espère retrouver la trace de sa sœur et la découvrir atteinte de cette maladie... Lui est très pénible. Elle aimerait que vous acceptiez de répondre aux nombreuses questions que son père et elle se sont posés de tout ce temps.

– Oui bien-sûr... Approuva Romane, mal à l'aise. A vrai dire, elle ne voyait pas bien comment elle pourrait lui apporter des réponses, elle n'avait même pas connaissance de l'existence de Flora dix minutes avant... En outre, elle s'interrogeait de plus en plus... Pourquoi ne recherchaient-ils Rose que depuis neuf ans ?

– Votre mère, vous a-t-elle dit qu'elle avait une sœur jumelle ? Demanda alors Liam Laurence.

– Non, jamais... Lâcha-t-elle, Je ne sais même pas si elle en eût connaissance... Elle m'a dit que ses parents étaient décédés pendant la seconde guerre en France... Je ne lui posais pas trop de questions car ça la peinait...

L'homme se tourna vers sa mère, il compris tout de suite qu'elle avait bien saisi les propos de la jeune femme. Flora s'essuyait le coin de l'œil avec un mouchoir de tissu, son fils lui prit la main dans la sienne pour la réconforter.

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Bisous 💋 Luce