Quand Romane apprend qu'un détective privé cherche à la rencontrer, elle s'interroge. Que lui veut-il?
Elle ira de surprise en surprise, emportée dans un tourbillon de révélations et de réactions en chaîne qui bousculeront sa vie à jamais ... Elle...
Romane saisit le pli et l'ouvrit. Elle déplia ce qui ressemblait à une coupure de journal. Celui-ci n'était pas récent, il datait de 2008, neuf ans auparavant et avait été édité dans le nord de la France, plus exactement dans la région dunkerquoise. Elle fit une moue étonnée à l'encontre de Liam, qui l'encouragea à lire.
Une photo ancienne y était imprimée. Un homme vêtu d'une espèce de tablier et d'un képi, portait une grosse sacoche de cuir. Il posait fièrement pour le cliché tout en tenant son vélo. Le titre de l'article annonçait ostensiblement « On a retrouvé Fernand le facteur ! ». La jeune femme débuta la lecture de l'article :
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« Il aura fallu attendre le 9 mai 1945, lendemain de la reddition Allemande ! Pour que celle qui fut surnommée « la forteresse oubliée » soit enfin délivrée de l'oppresseur. Dunkerque dernière ville de France libérée, fut considérée comme un point hautement stratégique par Hitler , en raison de l'emplacement du port par rapport à une future attaque allemande contre l'Angleterre. Il y fit stationner une armée après que les forces Britanniques aient été évacuées in extremis lors de l'opération Dynamo (27 mai 1940).
Puis à l'annonce du débarquement en Normandie (6 juin 1944) des écluses d'eau de mer furent ouvertes afin d'inonder le territoire. Après plus de 4 ans d'occupation, Dunkerque est en ruine, son port dévasté et toute sa région truffée de mines...
C'est dans ce contexte ne permettant plus aux véhicules de la poste de circuler en toute sécurité, qu'il est décidé d'acheminer le courrier- jusque là interrompu- à vélo jusqu'au port.
En juin 1945, Fernand Dubus, facteur de son état, part à bicyclette pour transmettre des plis à destination de l'Angleterre, au port de Dunkerque, on ne le reverra plus...
Mercredi dernier, soit soixante-trois ans après, sur le chantier d'une nouvelle maison de retraite, les employés d'une société de terrassement ont mis au jour une bicyclette, des ossements humain, ainsi qu'une sacoche remplie de courrier. Fernand Dubus, n'est plus porté disparu. Il aura eu la malchance de passer non loin d'une mine qui lui coûta la vie... »
À la fin de sa lecture, Romane replia le papier. Décidément, la haine des hommes la dépassait et un sentiment amer l'envahit. Cet événement vieux maintenant de soixante-douze ans avait eu tellement de conséquences pour Rose et ses proches. Elle but une gorgée de sa boisson et releva la tête vers Liam qui attendait sa réaction.
—Je n'ai rien à dire, tout ça est tellement... elle inspira profondément, je n'ai pas les mots.
—Tu sais, j'étais avec William quand il a reçu le courrier perdu. Il était effondré quand il a comprit qu'il avait laissé son enfant.
—La mère de Violette, Angèle, le savait et elle s'est tue, il faut en découvrir la raison, c'est trop injuste! pesta-t-elle. Et c'est aussi pour cela qu'il faut retrouver Violette ! On leur a volé une vie ensemble, mais il leur reste l'éternité à s'aimer !
Liam découvrit le tempérament idéaliste de sa belle, ce qui n'était pas pour lui déplaire car lui-même ne renonçait jamais. Les mots de la jeune femme résonnèrent comme une lueur d'espoir dans l'absolue incertitude qui entourait la promesse faite à William. Il reposerait auprès de celle qu'il n'avait pas pu oublier durant toute une vie !
Il s'approcha plus près de Romane, l'enlaça pour lui offrit un baiser langoureux. Rien n'existait plus autour d'eux, le temps n'existait plus.
Quand ils relevèrent enfin la tête, une Flora consternée les toisait...
Liam se leva spontanément afin de poursuivre sa mère qui partait précipitamment, laissant en plan Charlène qui l'accompagnait. Romane déstabilisée ne sut comment réagir, le mieux était de ne pas leur emboîter le pas.L'assistante vint s'asseoir près de la jeune femme qui affichait une mine renfrognée comme une enfant prise la main dans un pot de confiture.
— Ne soyez pas embarrassée lui émit Charlène qui paraissait amusée par la situation.
— Être découverte bouche-à-bouche avec mon cousin, je connais mieux comme situation...
— Ce n'est pas comme-ci vous aviez été élevés ensemble comme frère et sœur, la rassura-t-elle d'une voix douce et calme.
C'était bien vrai, de plus elle savait bien qu'elle n'avait aucun lien de sang avec Liam. Lui l'ignorait, malgré tout, ça ne semblait pas lui poser problème.
— Vous êtes tolérante, s'il y avait plus de gens comme vous, on pourrait éviter des guerres, plaisanta Romane.
La remarque de la jeune femme fit rire Charlène.
— Je suis ouverte d'esprit, c'est vrai. Elle marqua un petit temps, hésitante, puis conclut :
— Moi... j'aime les femmes, alors je ne vais pas juger les autres,conclut-elle simplement.
L'annonce de l'homosexualité de Charlène ne choqua pas Romane. Chacun faisait ce qu'il voulait de ses fesses, tant qu'on ne lui imposait rien à elle.
— J'espère que cet épisode ne va pas créer de tension avec Flora, c'est tout...
— Ne vous inquiétez pour ces broutilles, pensez à votre maman, elle a besoin de vous.
S'il fallait bien reconnaître une qualité à Charlène – mis à part ses traductions – c'était qu'elle avait une vraie faculté à relativiser. C'était le genre de personne qu'il était bon de côtoyer.
Le smartphone de Romane vibra, c'était un message de Liam.
— L'infirmière du centre arrive bientôt, rejoignez-nous au restaurant de l'hôtel et ne t'inquiète pas tout va bien...
Il avait beau dire que tout allait bien, vu les yeux exorbités de sa tante en les voyant, elle n'en était pas si sûre. Depuis leur premier baiser, Romane anticipait le moment où Flora découvrirait cette aventure. Maintenant, elle allait pouvoir le découvrir...
