Quand Romane apprend qu'un détective privé cherche à la rencontrer, elle s'interroge. Que lui veut-il?
Elle ira de surprise en surprise, emportée dans un tourbillon de révélations et de réactions en chaîne qui bousculeront sa vie à jamais ... Elle...
Depuis le quartier branché et cosmopolite de Camden, lieu de résidence de John et Cath, au carré d'or Londonien, il n'y eut qu'une vingtaine de minutes en voiture. Romane put compter une fois de plus sur les indications touristiques que son amie lui apporta pendant le trajet, cela n'était en rien surprenant, puisque que Cath qui avait de réelles prédispositions, travaillait depuis quelques années dans une agence de voyage du centre ville. Raconter l'histoire ou commenter les curiosités était devenu une seconde nature chez elle.
– Sais-tu que les quatorze rues les plus chères de Grande-Bretagne se trouvent à Knightsbridge ?
– Non, je ne le savais pas, à part un voyage scolaire au collège, je n'avais jamais passé autant de temps à Londres et notre visite de classe éclair s'était résumée au palais de la reine, le Tower-Bridge et un musée de personnage de cire dont je ne connais plus le nom. Immergée dans ses souvenirs d'adolescente, un sourire se marqua sur ses lèvres, elle se souvint aussi des détails scabreux de cette virée en Angleterre:
– Certaines collégiennes voulaient jouer les « pretty woman » chez Harrods, mais l'odeur de vomis provoquée par la traversée en ferry avait dissuadé notre prof d'Anglais de nous y emmener finalement.
– Oui effectivement, pas très glam... souligna Anne-Catherine l'air écœuré, puis elle s'exclama spontanément: Ah ! Regarde ! C'est la Royal Bank où travaille John !Tout en indiquant la direction d'un immeuble cossu.
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.
Le bâtiment qui abritait le bureau de son époux était d'époque Victorienne, un impressionnant porche en arche décoré de sculpture ouvrait sur un hall magistral, des lettres d'or au nom de l'établissement s'étalaient sur la façade donnant un caractère prestigieux à l'institution. Anne-Catherine n'était pas peu fière de la réussite professionnelle de son homme et Romane pouvait parfaitement le comprendre. Sur Brompton-Road, les façades rivalisaient maintenant de luxe, les boutiques les plus prestigieuses s'égrainaient à rythme effréné : Burberry, Hermès, Cartier,Bulgari et compagnie se succédaient, désormais le ton était donné.Romane se sentit de plus en plus petite face à cet étalement de richesse, elle n'avait pas pour habitude de s'éblouir de la fortune d'autrui, mais quand le taxi stationna devant une imposante maison bourgeoise, cet effet s'ancra plus encore en elle. En tournant le visage vers son amie, elle comprit qu'elle aussi se sentait quelque peu intimidée par le contexte. Elles se toisèrent mutuellement avant de sonner mais leurs mines de petites filles effarouchées,leur tirèrent rapidement des rires nerveux qui se transformèrent peu à peu en fou rire. Embarrassées à l'idée d'être surprises ainsi, elles tentèrent d'être plus discrètes en étouffant leurs éclats
– J'ai l'impression que nous allons rentrer dans le bureau du directeur... lâcha Romane dans un souffle.
Cette phrase eut à nouveau l'effet de faire rire son amie aux larmes et le fou rire reprit de plus belle. Après des exercices de respiration ayant pour but de soulager le réflexe hilare, Romane appuya enfin sur le bouton de la sonnette, un son de carillon très formel les sortit immédiatement de leur état second.
Quelques instants plus tard un majordome « so british » leur ouvrit la porte et les invita dans la vaste entrée aux murs blancs décorés d'œuvres d'art. Les deux amies, revenues au calme, patientèrent, puis l'homme placide revint et les invita à le suivre. Ils pénétrèrent dans une très belle salle à manger au plafond haut, Flora ne tarda pas à faire son apparition, un sourire radieux sur le visage.
– Rrromane, How are you ?
La jeune femme fut bouleversée de redécouvrir, la ressemblance de la femme avec sa mère. Mais ce fut la prononciation à l'Anglaise de la première syllabe de son prénom ainsi roulée qui la ravit vraiment, il y avait déjà quelque chose d'affectif dans le ton de Flora. Elle lui présenta son amie qui fut rapidement déridée par l'accueil chaleureux de la dame âgée. Le dialogues'instaura aussi facilement que la veille, Romane redoublait d'effort pour améliorer son anglais même si son amie la corrigeait parfois.Elles s'installèrent toutes trois dans un patio afin de profiter de la douce chaleur du soleil de la matinée qui ombrageait encore le lieu. Le majordome revint avec des rafraîchissements et Flora fit les présentations, l'homme au flegme Britannique se prénommait Georges, il eût l'air surpris quand Romane fut présentée comme étant la nièce de Lady Laurence, comme il la prénommait. Au début les femmes apprirent un peu plus à se connaître, Anne Catherine évoqua les raisons de son installation à Londres, sa rencontre avec son banquier de mari, puis Georges réapparut pour s'informer des préférences culinaires de ces dames. Flora ne manqua pas de préciser que Liam les rejoindrait pour le déjeuner. A l'évocation de sa venue, Romane se sentit fébrile, cet homme la mettait mal à l'aise. Cath lui jeta une œillade furtive et bien qu'elle lui sourit pour donner le change, celle-ci perçut quelque peu son trouble. Décidément, on ne pouvait rien lui dissimuler, Flora toujours occupée à régler les détails du repas, ne décela rien. Elle quitta ensuite le patio accompagnée de Georges pour aller chercher des albums de famille. Cette initiative fut accueillit avec enthousiasme, avec les photos l'histoire de famille se dépeindrait plus facilement.
– Nous allons voir ce cher Liam Laurence ! amorça immédiatement Cath.
– Oui j'aurai préféré ne pas le revoir, asséna Romane à voix basse.
– Oui j'ai vu ta réaction ! Tu vas avoir des choses à me dire petite cachottière !
– Il n'y a rien à en dire, il m'insupporte avec ses airs supérieurs, assura la jeune femme.
Son amie lui répondit un – je vois – chargé de sous entendu, Romane n'eut pas le temps de se disculper de quoi que ce soit que Flora et Georges revenaient déjà les bras chargés.
