Plonger dans tes yeux

Premier jour d'une nouvelle vie

Une heure et demi plus tard, l'entrevue se terminait. Romane sortit du bureau. La seconde partie du rendez-vous avait, elle aussi, amené son lot de surprises... Sans doute consciente de la confusion de Romane, la dame âgée s'était considérablement rapprochée de la jeune femme, au propre comme au figuré, car profitant que son fils sorte répondre à un appel professionnel, elle avait pris sa place. Plus proche de Romane, Flora fut également plus active pour la suite des événements, n'hésitant pas à interrompre Maître Speare et solliciter Charlène, pour apporter plus de réponses à la Française.

La lecture du testament de William Miller avait achevé Romane, elle comprit rapidement que sa vie venait de prendre une tournure incontrôlable, son monde et celui de sa mère venaient de basculer...

La jeune femme se sentait épuisée, un mal de tête lancinant s'était installé, tant de sensations fortes, de rebondissements l'avaient complètement abasourdie. Son téléphone vibrait indiquant un message, sans doute Cath, se dit-elle, car elle l'avait prévenue que l'entretien était sur le point de se terminer.

Elle renvoyait un message à son amie quand Floral'interpella. Celle-ci lui saisit la main et l'emmena à l'écart des autres. Un dialogue s'instaura entre les deux femmes, assez proche de la langue des signes, certes, mais elles parvinrent à se comprendre. La jumelle désirait voir sa sœur.

- Of course... Rassura Romane.

La journée avait dû être tellement attendue pour cette femme, on la sentait à fleur de peau, elle aussi. Enfin, dans un geste de réconfort, la jumelle serra la jeune femme dans ses bras, une émotion partagée les envahit, faisant rouler des larmes sur leurs visages. Cette instant suspendu, assura une réelle bienveillance de la tante à l'égard de sa nièce. La ressemblance n'était pas seulement physique, Flora dégageait la même onde de chaleur que Rose, avant que la maladie ne la change. Oui, c'était une réalité maintenant, elle avait toujours une famille.

Puis Charlène fut sollicitée de nouveau.

- Madame Laurence souhaite vous inviter demain, serez-vous toujours à Londres ?

- Oui, je repars dans la soirée.

- Très bien, un taxi viendra vous chercher pour le déjeuner ! Ajouta l'assistante.

Le téléphone vibra de nouveau, indiquant que Anne-Catherine se trouvait en bas de l'immeuble. Romane salua respectueusement les deux femmes, pour prendre congé. Elle jeta ensuite un coup d'œil à Liam en pleine conversation avec l'homme de loi.

Furtivement, elle balança un « au revoir, à bientôt » et fit un signe de la main, ne laissant place à aucun retour de la part des deux hommes, cela ne lui ressemblait vraiment pas d'expédier les politesses ainsi, mais elle sentait proche de son point de rupture, dans ce cas la fuite s'imposait. Elle tourna les talons, dévala l'escalier, avide de respirer l'air extérieur, de retrouver son amie, pressée de reprendre pied dans une réalité qui était la sienne. En ouvrant la lourde porte de sortie, elle aperçut immédiatement son amie qui faisait les cent pas, Cath lui tendit aussitôt un large sourire et s'avança vers elle.

- Tu es toute pâle, ça va ? Lui dit-elle inquiète, puis avant même que Romane puisse répondre, le regard de Cath se fixa derrière elle, et elle stoppa son élan.

Instinctivement, Romane se retourna, Liam Laurence l'avait visiblement suivie dans l'escalier... Trop pressée de partir, elle ne l'avait pas perçu.

- Romane ! Vous me permettez de vous appeler Romane ? Nous sommes cousins après tout !

La jeune femme lui fit un signe de tête pas vraiment ravie de cet état de fait.

- Vous êtes partie rapidement mais il faut que nous parlions ! Intima-t-il.

- Je viens demain chez votre mère... Lança-t-elle.

- Non ! Maintenant, ordonna-t-il.

Romane, très souple par nature, ne manquait pas pour autant de tempérament, néanmoins elle n'aimait pas s'emporter, pour elle céder aux pulsions ne pouvait rien apporter de bon... Mais être mise ainsi au pied du mur de la sorte, après cette journée harassante, eût un effet dévastateur sur ses bonnes résolutions...

- Monsieur Laurence, tout d'abord que faisiez-vous dans la chambre de ma mère, il y a deux mois ? Deuxièmement, Pourquoi n'avez-vous pas eu la décence de vous présenter quand nous nous sommes croisés au centre ? Et troisièmement, je ne suis pas une de vos employées ! Je ne reçois d'ordre de personne ! Au revoir ! Son ton sans équivoque fut catégorique sur son intention de ne pas coopérer.

Anne-Catherine a l'écart, n'avez pas pour autant échappé à la scène. Romane détala sans se retourner, elle passa le bras sous celui de son amie, l'invitant à poursuivre leur chemin, sans tenir en compte ce cher Liam Laurence. L'homme furieux d'avoir été éconduit de la sorte, pestait, personne ne s'était jamais permis de lui parler de cette façon !

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