Moi, c'est Emy. Si vous êtes là, c'est que vous suivez mes mésaventures depuis un roman déjà.
Ou alors, vous êtes maso.
Pardon, mais je ne vois pas quelle autre raison il y a à parcourir le résumé d'un deuxième tome sans avoir lu le premier. C'est...
Mardi 1er octobre 2024, quelque part dans la Gare Montparnasse...
Aujourd'hui, j'ai appris une information capitale sur moi-même : j'ai presque aussi peur des trains que de l'eau.
Résultat : j'ai manqué de vomir à trois reprises sur mon siège, et ma découverte progressive de la Gare Montparnasse ne suffit manifestement pas à faire passer ma nausée.
Ou alors, j'exagère parce que je suis paniquée à l'idée de voyager seule pour la première fois de ma vie.
C'est probablement ça, à la réflexion.
Ce n'était pas facile de laisser Gérard repartir à Crozon, mais je m'en serais mordu les doigts, si j'avais décliné la proposition de Megan Blake. Je n'ai pas de travail, et aucune obligation personnelle qui m'empêche de me rendre à Paris pour les cinq prochains jours.
Si j'en crois les instructions fournies dans le mail envoyé par l'équipe des Wattys, je suis censée prendre un taxi au « hall d'arrivée ». Mais où se situe le « hall d'arrivée », exactement ?
À l'arrivée ?
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Zut, zut, zut. C'est la catastrophe ! Je ne vais jamais arriver à destination !
Au bord de la crise de nerfs, je tente d'appeler Bleuenn, mais raccroche aussitôt en entendant ses beuglements à l'autre bout du fil – il n'est même pas 9h du matin.
Il faut me rendre à l'évidence : je ne peux compter que sur moi-même, dans cette aventure.
Le problème, c'est que je suis capable de faire confiance à n'importe qui, excepté... moi.
Comme toujours dans ces moments-là, je prends une grande inspiration et ouvre la seule application qui puisse me rassurer : Wattpad.
Mes doigts glissent machinalement vers mes notifications, mais une section inédite attire mon attention : « Wattys 2024 ». Je clique sur l'onglet, et atterris sur une page annexe remplie de citations inspirantes et d'un énorme compte à rebours. Si j'en crois ce que je lis, il ne reste plus que quatre heures avant l'annonce des gagnants.
Quatre heures.
Autrement dit : j'ai intérêt à respecter le planning établi par la WattySélection. Comme l'a dit Gérard, je ne suis pas venue ici pour « cueillir des pissenlits ».
Prise dans un tourbillon d'émotions toutes plus contradictoires les unes que les autres, je m'approche d'un agent de la SNCF pour obtenir des renseignements. Quand on ne sait pas, mieux vaut demander autour de soi.
Il m'indique gentiment la direction à suivre pour dénicher mon taxi, commandé par Wattpad, et je communique l'adresse que Megan m'a transmise au chauffeur, impatiente d'arriver au lieu de rendez-vous.
Si j'en crois Google Maps, il s'agit d'un immeuble chic du centre de Paris.
Entre deux palpitations, je fais le tour des stories Instagram. Eliott Scott en a déjà posté une dizaine ce matin, expliquant à quel point il est heureux d'être « ici, à Berlin ».
Comme il me l'a laissé entendre hier, il ne sera donc pas de la partie à Paris... Je n'ai pas d'autre choix que de me qualifier, si je veux le rencontrer en personne et lui exprimer l'amour inconditionnel que j'éprouve pour lui.
Enfin, pour ses romans.
Mais même avec toute la bonne volonté du monde, je ne sais absolument pas comment je vais réussir à gagner la WattySélection française. Tout ce que je peux faire, c'est tirer le meilleur de cette expérience.
Le reste ne dépend pas de moi.
Pas entièrement, du moins.
🧡🧡🧡
Une trentaine de minutes et plusieurs kilomètres d'embouteillages plus tard...
Durant le trajet, le stress s'insinue lentement mais sûrement dans chaque parcelle de mon corps tandis que je reste tétanisée à l'arrière. Je suis tellement sonnée que je ne remarque même pas que la voiture s'est arrêtée.
J'ai à peine posé un pied à terre que le conducteur file sans demander son reste, me laissant seule face au moment le plus angoissant de ma vie – après la fois où je suis arrivée en retard à la première épreuve du bac, bien sûr.
Je fais quelques pas sur les pavés et me dirige vers le bâtiment le plus proche, le n°2. Mon regard s'attarde un instant sur l'interphone, sans comprendre. Cynthia Duhamel, Pierre Dupond, Mohamed Saadi... aucun nom ne s'apparente à Wattpad, de près ou de loin. C'est un immeuble résidentiel tout ce qu'il y a de plus banal – si l'on fait abstraction de ses moulures et balcons de style haussmannien.
Refusant de céder à la panique, j'inspire profondément et presse le bouton le plus proche, priant pour ne pas me faire insulter de tous les noms pour avoir réveillé un autre lève-tard à 9h du matin.
C'est peine perdue, évidemment. Je n'ai même pas le temps d'ouvrir la bouche qu'un résident me traite de poulpe bossu à demi défraîchi.
— Dé... désolée !
Après deux ou trois essais tout aussi infructueux, je finis par me rendre à l'évidence : soit le chauffeur s'est trompé, soit l'adresse a changé, soit on m'a disqualifiée, soit... je suis perdue.
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On dirait qu'Emy n'est pas venue seule à Paris : la poisse l'accompagne. 🤡 À votre avis :
– Elle s'est égarée !
– Elle n'est plus qualifiée !
– Il y a une autre raison...
Vous avez déjà visité la capitale ? Si oui, qu'est-ce qui vous a le plus marqué ?
Et les Parisien.ne.s ? Qu'appréciez-vous le plus dans votre ville ? 🏢
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