38. Le salon, la page blanche et l'étoile magique

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Quatre heures plus tard, dans le Wait'ty Salon...

Paris, c'est gris.

Oui, c'est tout ce que je trouve à dire ce dimanche, alors qu'il s'agit de mon dernier jour dans la capitale.

Ce constat atteste l'état de mon inspiration actuelle : lacunaire.

Cela fait maintenant trois quarts d'heure que je fixe l'écran de mon ordinateur, les mains suspendues au-dessus du clavier, espérant vainement que mon chapitre trente-huit s'écrive tout seul.

J'étais bien partie, pourtant, mais non. Ça ne le fait pas.

Ça fait trop longtemps que j'ai laissé ma nouvelle histoire de côté, et maintenant, je ne sais plus comment faire.

Elle n'a même pas de titre !

Plus les minutes passent, et plus je me trouve des excuses pour repousser la sortie du chapitre. Mieux vaut ne rien publier du tout, au lieu de partager un contenu qui ne me satisfait pas et que je me suis forcée à créer. 

Pourquoi n'ai-je pas rédigé une romance sur l'élevage de vaches ? Je l'aurais appelée « Amour vache », et tout le monde aurait trouvé ça génial !

Pourquoi n'ai-je pas rédigé une romance sur l'élevage de vaches ? Je l'aurais appelée « Amour vache », et tout le monde aurait trouvé ça génial !

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Sauf que ce n'est pas comme ça que je vais terminer mon chapitre... ni le commencer, en fait. J'ai honte, mais oui : je n'ai pas écrit un mot depuis que je me suis posée dans le Wait'ty Salon, à la recherche d'un prétexte quelconque pour quitter ma chambre.

Résultat : je procrastine en fixant le vide.

C'est probablement ce qui déclenche mon toussotement gêné lorsqu'Eliott Scott entre dans la pièce, son ordinateur portable sous le bras.

Nous avons eu la même idée – sauf que lui est beaucoup plus sérieux dans ses intentions.

Moi ? Je ferme mon PC d'un geste rageur et sors prendre l'air, perdue, déprimée, épuisée... ou les trois à la fois.

Pourtant, une voix m'interrompt avant que je ne franchisse le seuil de la porte.

— Un problème ?

Je me tourne vers Eliott, perplexe. Comment lui expliquer que je n'ai pas envie d'écrire mon chapitre hebdomadaire à l'arrache pour le poster dans la foulée alors qu'il en publie un tous les jours, même quand il est en déplacement ?

L'air songeur, il rabat doucement l'écran de son Mac, mettant de côté ses écrits pour me parler, à moi

Je me sens coupable de le déranger, mais je n'arrive plus à prétendre que tout va bien... alors que c'est tout le contraire.

— Vous souffrez du syndrome de la page blanche ? 

— Je crois, oui, lâché-je du bout des lèvres. 

— Si l'inspiration vous a abandonnée, lance-t-il après quelques secondes, il ne reste qu'une chose à faire : vous détendre.

Je le regarde avec des yeux de merlan frit, ce qui a le mérite de lui arracher un sourire. Me détendre, vraiment ? Blue ne serait pas du tout, mais alors pas du tout d'accord avec ça. 

LES AMOURS ÉPONYMES 2Where stories live. Discover now