17. Le sauvetage du homard

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Ça aurait pu être drôle.

Ça aurait pu, oui, si je ne m'étais pas étouffée après avoir craché au visage de Béa.

Résultat : elle pousse un cri d'indignation, et tout le monde se précipite à ses côtés sans prêter attention à la sombre quiche qui s'effondre sur sa droite.

La sombre quiche en question, c'est moi. Et si quelqu'un ne vient pas me taper le dos dans les trente prochaines secondes, je risque de mourir sans avoir rencontré Eliott Scott – la cause de mon décès aussi tragique que prématuré.

— Emy !

Pile au moment où je commence à perdre espoir, deux bras s'enroulent autour de ma taille et font pression sur ma cage thoracique, si fort que je me demande s'ils ne me broient pas une côte au passage.

Ce n'est que lorsque je parviens à reprendre mon souffle que je découvre l'identité de mon sauveur : Hugo.

— Merci, m'étranglé-je, touchée qu'il soit venu à mon secours.

— Bois ça, m'ordonne-t-il en me tendant un verre d'eau.

Je m'exécute sans rien dire, prête à tout pour apaiser ma gorge en feu.

Quelques miettes de pain à l'ail se coincent dans ma gorge, et ma toux répétée me vaut deux coups supplémentaires dans les omoplates. 

— C'est bon, Hugo. Je suis... je suis vivante.

— Merde ! Ça aurait fait une concurrente en moins.

Je souris malgré moi, attendrie par son trait d'humour.

À quelques mètres de là, Béa essuie rageusement son chemisier blanc avec la première serviette qui lui passe sous la main, indifférente au drame qui a manqué de se nouer sous ses yeux. 

Je m'apprête à lui présenter des excuses, mais me ravise en me remémorant ses paroles : « t'as dragué Eliott pour qu'il te fasse directement accéder à la WattySélection afro-européenne. ». 

Et puis quoi, encore ? Je ne sais pas qui est le débilos qui lui a raconté ça, mais il faut vraiment être quiche pour croire qu'Eliott Scott a recours au favoritisme. Il a lui-même expliqué qu'il n'exerçait aucune influence sur les résultats !

On dirait que l'égocentrisme de Béa s'accompagne d'un sérieux problème d'audition... Quoique, ses oreilles fonctionnent suffisamment pour entendre des rumeurs et les propager à tout-va. C'est l'écoute qui lui fait défaut – et aucun ORL ne pourra soigner ça pour elle. 

J'aurais du mal à donner tort à ses détracteurs, désormais, même si elle trouvera certainement un moyen de tourner la situation à son avantage... En attendant, je préfère éviter de raconter à Megan Blake pourquoi j'ai rendu mon repas du midi sur une autre participante. Je me faufile dans la cour extérieure, soulagée de souffler un peu et de m'éloigner de cette pimbêche opportuniste.

J'en suis la première étonnée, mais j'ai envie d'appeler Rozy. Là, tout de suite, maintenant. Si on exclut Bleuenn, ma petite sœur est la mieux placée pour me conseiller, non seulement parce qu'elle passe son temps à « partir en croisade contre les garces » de son collège, mais aussi parce qu'elle se tient informée de tous les potins et ragots qui animent la Wattpadsphère. 

S'il y a quelqu'un qui peut m'aider à combattre Béa, c'est bien elle... Mais non. Non, non, non. Je ne dois pas céder à la panique. Je suis toujours en vie, mon compte Wattpad n'est pas supprimé, et nous ne sommes pas sous le coup d'une pénurie de glace à la pistache.

Ce n'est pas une autrice aux milliers d'abonnés qui va m'inquiéter, si ?

Ce n'est pas une autrice aux milliers d'abonnés qui va m'inquiéter, si ?

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