34. Emy et son monstre

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Ce qui se passe ensuite n'a aucune importance. 

Je m'emprisonne dans un tourbillon de craintes et d'incertitudes, cherchant mon propre souffle parmi les vagues de honte qui déferlent sur moi. 

Je ne ressortirai pas indemne de ce tsunami d'émotions. 

Pourquoi ne me suis-je pas levée ? Pourquoi n'ai-je pas dit à tout le monde ce que ce connard m'a fait ? Pourquoi ne leur ai-je pas raconté les crimes qu'il est prêt à commettre pour parvenir à ses fins ? 

Je me hais. 

Et je hais encore plus l'assurance qui permet à Hugo de déambuler à travers la salle comme s'il était intouchable. 

Il rit à gorge déployée avec Béa, Antoine, et trois autres Wattpadiens que je n'ai même pas eu l'occasion de côtoyer, ces derniers jours. 

J'ignore si d'autres participants ont critiqué l'histoire de leur binôme, mais ce que je sais, c'est que Megan a décrété qu'il était temps de prendre une pause après la performance d'Hugo. 

Cela fait maintenant cent quarante-sept secondes que je suis là, clouée sur mon siège, à m'efforcer de trouver le courage nécessaire pour m'adresser aux deux policiers restés près des chambres. 

Cent quarante-huit. 

— Je vous promets que, quoi qu'il arrive, je ne vous lâcherai pas du regard.

Je sursaute. Eliott a beau rester calme, je perçois sans mal sa colère dans les inflexions de sa voix. Maintenant qu'il a compris qu'Hugo m'a droguée, il se demande probablement pourquoi je ne vais pas le dénoncer aux autorités. 

Mais Eliott sait aussi que j'ai besoin de temps et d'apaisement, et c'est probablement ce qui le pousse à s'asseoir près de moi sur le canapé, une tasse de thé à la main. 

Béa va s'étouffer avec un pain à l'ail, si elle voit ça. 

— J'attends toujours que vous m'expliquiez pourquoi une culotte a coupé court à notre premier appel, au fait, déclare-t-il le plus naturellement du monde, reprenant une discussion qui remonte à presque une semaine comme si rien ni personne ne l'avait jamais interrompue.

Un éclat de rire m'échappe. Ma fuite chez Gabin remonte à loin.

— J'ai juste... 

— Chut ! Vous ne pouvez rien me dire tant que vous ne vous êtes pas qualifiée pour la prochaine étape ! 

J'ouvre la bouche pour protester, mais Eliott pose un doigt sur ses lèvres pour m'intimer au silence. Le temps que je réalise ce que son geste signifie, il m'offre son mug avec un sourire enthousiaste. 

Aujourd'hui, je n'ai pas seulement gagné la sympathie de mon auteur préféré. J'ai remporté la compétition d'une vie, celle que j'aurais pu abandonner une bonne demi-douzaine de fois si j'avais donné du crédit à mes craintes. 

— Je vais aller parler à la police, décrété-je en me levant du sofa. 

 

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LES AMOURS ÉPONYMES 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant