LES AMOURS ÉPONYMES 2

27. Trois jours à Paris

Quelques heures plus tard, dans la chambre d'hôtel d'Emy...

« Une succession de rendez-vous manqués. »

À en croire Edith, c'est ce qui définit le mieux sa relation avec Megan. 

Elles sont tellement touchantes, toutes les deux, qu'elles me donnent envie d'être en couple juste pour ressentir une once de leur complicité, de leur amour et de leur tendresse, mais mon petit cœur de célibataire se réjouit de ne pas avoir à endurer la distance qui les sépare épisodiquement. 

Non, vraiment, je n'ai pas envie de tomber amoureuse. 

Ça crée trop de problèmes, trop de souffrances pour être réellement heureuse. 

Ou alors, je dis ça parce que Gabin est le seul petit ami que j'ai connu. Il faut dire que ça restreint grandement mes connaissances sur le sujet... 

— Là, voiiiiiilà. Trèèèèèès bien. 

— Hein ? bramé-je en me redressant, agacée que Bleuenn m'ait tirée de mes pensées. 

— Ne bouge pas, Emy ! 

Je m'écroule sur le matelas en soupirant. Mieux vaut attendre que ça passe, ce sera plus simple. Impossible de lutter contre Blue et ses lubies. 

Même lorsqu'elles consistent à me mitrailler avec l'appareil photo de son smartphone bon marché, oui.

— Tu en as encore pour longtemps ? 

— Tais-toi, tu me remercieras plus tard. Si tu veux lutter contre Béa, il te faut un feed Instagram digne de ce nom.

— Bleuenn... 

— Quoi ? Tu préfères que ce soit Hugo qui s'y colle, peut-être ? 

Hugo. J'ignore comment, mais il a trouvé le moyen de venir me parler pile après le départ de Megan, comme s'il avait écouté toute notre conversation et attendu le moment parfait pour se manifester... 

Évidemment, Blue s'est pointée deux minutes plus tard et a cru que je l'avais plantée pour discuter avec lui en toute tranquillité. Depuis, elle me lance des piques dans l'espoir de me faire cracher le morceau.

Jusqu'à présent, j'ai tenu bon. Je ne veux pas lui avouer que le comportement d'@HaltereEgo m'intrigue, moi aussi. 

Il n'était pas comme ça lors de notre arrivée à Paris. Pas aussi collant, ni aussi... affectueux. Je ne sais pas ce qui a changé, mais le soudain intérêt qu'il me porte n'a rien de séduisant.

Heureusement, tout sera terminé dans trois jours, lorsque les résultats de la WattySélection française seront annoncés. 

Seuls deux gagnants seront choisis pour accéder à la prochaine étape du concours... et il faudrait un sacré coup de bol pour qu'Hugo et moi fassions tous les deux partie des lauréats. Tout ce que j'ai à faire, d'ici là, c'est agir normalement sans baisser ma garde. 

Ne pas paniquer parce que je ne trouve plus des feuilles que je tiens entre mes mains, ne pas cracher du pain à l'ail à la figure des gens, ne pas raconter en long, en large et en travers la vie de mes petites culottes...

— Tu sais qu'il a une copine, pas vrai ? m'indique Bleuenn en scrollant l'écran de son portable. 

— Qui ? 

— Hugo. Ce que j'ai du mal à comprendre, c'est pourquoi... 

— Il me drague, complété-je à sa place. 

— Ça pue le Dom Juan à plein nez, ça, raille-t-elle. 

— Espérons qu'il ne finisse pas comme lui... ironisé-je, déroutée par ces nouvelles révélations.