Moi, c'est Emy. Si vous êtes là, c'est que vous suivez mes mésaventures depuis un roman déjà.
Ou alors, vous êtes maso.
Pardon, mais je ne vois pas quelle autre raison il y a à parcourir le résumé d'un deuxième tome sans avoir lu le premier. C'est...
— Pourquoi pas moi... murmuré-je pour moi-même, mettant du sens là où je peinais à en trouver il y a encore quelques secondes.
Je suis tellement distraite par mes pensées que je ne vois même pas Eliott tourner les talons, et note encore moins la marque de familiarité dont il a fait preuve à mon égard.
Ce n'est qu'après être retournée dans ma chambre que je réalise que j'ai directement traduit le « you » de son « why not you ? » par un « tu ».
La fatigue, sans doute.
🧡🧡🧡
Une heure plus tard, dans la chambre d'hôtel d'Emy...
J'ai écrit cent mots.
C'est peu, oui, mais c'est toujours cent mots de plus qu'hier, et j'ai tellement mal au ventre qu'avoir rédigé deux paragraphes relève de l'exploit, aujourd'hui.
Même si j'évite soigneusement le sujet, j'ai conscience que mon blocage est dû à ce qui s'est passé à Paris, avec Hugo.
Mais que puis-je y faire ? Ce n'est pas comme si j'avais le temps de me poser pour y réfléchir, avec tout ce qui se passe en ce moment...
Mon téléphone vibre, donnant du crédit à mes paroles. Le bon sens aurait voulu que je le passe en mode avion ou que je l'éteigne pendant ma session d'écriture, mais j'en suis incapable.
Les 1D pourraient se reformer, Les Feux de l'Amour s'arrêter, et Bleuenn se marier !
Comme ça, sans prévenir.
Le risque – ou mon penchant pour la procrastination – est trop important pour que je m'en détache plus de dix minutes.
Cette fois, c'est Megan qui m'a contactée.
Elle veut s'assurer que je me tiens prête pour la soirée de lancement, dans un peu plus de deux heures maintenant. D'après ce qu'elle m'a dit, des internautes ont posé des questions à Antoine et moi, et nous devrons y répondre sur le live, en duo.
Heureusement, je suis trop fatiguée pour stresser – pas sûr que ce soit très positif, en un sens...
Je réponds rapidement à Megan en lui assurant que je ne répéterai pas la scène de ce matin, même si une part de moi ne peut s'empêcher de penser que j'aurais bien besoin de scoubidous pour me détendre là, tout de suite, maintenant.
Après avoir jeté un dernier regard en direction de l'écran, j'éteins mon ordinateur et compose le numéro de Gérard. S'il y a quelqu'un qui peut trouver un remède à mon manque de motivation, c'est lui !
— Si vous voulez m'vendre vos vitres, vous pouvez vous foutre le doigt là où je...
— Gérard ? le coupé-je. C'est moi, Émilie !
— Gast ar c'hast ! J'ai cru qu'c'était encore ce pauv' type, là, le vendeur de f'nêtres. Martine ! Y'a Mymy qui m'appelle !
Des murmures étouffés se font entendre à l'autre bout du fil alors que je me demande si le vieux Schtroumpf n'a pas momentanément oublié ma présence.
J'ai l'impression que le charme de Martine n'y est pas pour rien...
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