10. Poubelle la vie

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Je suis une quiche.

Une immense, énorme quiche doublée d'une taupe même pas myope, mais pas pour autant fichue de lire un plan correctement. 

Me perdre dans Paris, c'est la défaite assurée : je suis incapable de situer la rue ou le quartier dans lequel je me trouve.

Si la ville devait faire face à une invasion de zombies là, tout de suite, maintenant, je serais la première victime.

Heureusement, les revenants n'ont pas encore envahi la capitale, et j'ai chargé mon portable avant de partir. Mon cas n'est pas désespéré – pas plus que d'habitude, en tout cas.

Ce n'est qu'une déconvenue. Ma chance est toujours à portée de main, il est encore temps de défier le destin. Mais si je n'y crois pas, personne ne le fera pour moi. 

J'écris, pourtant ! J'ai le pouvoir de changer l'ordre des propositions pour transformer un énoncé négatif en une phrase positive, une anaphore que je me répéterai chaque matin, une anaphore qui deviendra mon nouveau refrain, une anaphore... 

— Madame ? 

— Oui ? m'enquiers-je en découvrant un quinquagénaire vêtu d'un gilet jaune. 

— Vous pouvez vous décaler sur la droite ? Il faut que je récupère les ordures, m'explique-t-il en désignant le camion poubelle derrière lui. 

Je ne dis rien et avance sur le trottoir d'en face en tâchant tant bien que mal de faire taire la petite voix dans ma tête, qui me crie de retourner à ma place près des détritus. 

Mais il n'est pas question que je l'écoute davantage ! Il faut que j'apprenne à entendre les mouvements intérieurs de mon être, si calmes et diffus que je me contente de les ignorer, d'ordinaire

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Mais il n'est pas question que je l'écoute davantage ! Il faut que j'apprenne à entendre les mouvements intérieurs de mon être, si calmes et diffus que je me contente de les ignorer, d'ordinaire... Aujourd'hui, je décide pourtant de tendre l'oreille, attendant patiemment qu'ils me soufflent une solution à mes déboires.

Ce n'est qu'une fois que le gang des éboueurs disparaît que des souvenirs de ma conversation avec Eliott me reviennent en mémoire. Ma conversation avec Eliott... et Megan Blake.

Nom d'un artichaut pas chaud ! Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? 

Sans surprise, un rapide coup de fil à la coordinatrice de la WattySélection suffit à régler la situation. Une chance qu'elle m'ait appelée depuis son portable ! Sans ça, je n'aurais jamais su qu'elle avait oublié un 4 au numéro de l'adresse qu'elle m'a envoyée. Autrement dit : je suis dans la bonne rue, mais ce n'est pas le bon immeuble. Et pour une fois, je n'ai pas fait de boulette. J'ai même plutôt bien géré la situation, si l'on fait abstraction de l'épisode des poubelles. 

Sans plus attendre, je me dirige au pas de course vers le lieu de rendez-vous. Je suis un peu en avance, mais Megan m'a assuré que ce n'était pas grave et que ça me laisserait le temps de me familiariser avec les lieux. On ne sait jamais, ça peut être utile – et pas seulement en cas d'attaque de zombies.

LES AMOURS ÉPONYMES 2Where stories live. Discover now