16. Miss pain à l'ail

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Il y a les rencontres qui vous mettent du baume au cœur, et celles qui vous marquent à vie. Je ne sais pas encore dans quelle catégorie se situe Hugo, mais ce qui est sûr, c'est qu'il ne me laisse pas indifférente.

Pas comme Gabin ni Maxence, non. Pas de façon romantique. Plus comme... 

Zut, je n'ai personne à qui le comparer. Tout ce que je sais, c'est qu'il me perturbe. Peut-être parce que c'est la première fois que je fais la connaissance de quelqu'un d'aussi déterminé, qui croit en ses rêves et n'a pas peur de les accomplir. Ça m'inspire.

— Tu habites à Paris ? m'enquiers-je en le voyant s'éloigner avec l'assiette de fromages.

Il se retourne aussitôt, surpris que je poursuive notre conversation.

— Non, je suis de Bordeaux. Et toi ?

— De Crozon, en Bretagne. Tu as quel âge ?

— 32 ans, pourquoi ?

— Chouette ! Comme Étienne de la Boétie, quand il est mort. Tu as un travail, en dehors du sport et de l'écriture ?

Il garde le silence, et je réalise que cette session de questions-réponses est en train de tourner à l'interrogatoire. Hugo doit se sentir comme un cobaye qu'on analyse sans états d'âme. Où sont passées mes bonnes manières ?

— Désolée. Je ne suis pas particulièrement douée pour discuter avec les gens...

— Je vois ça...

— Eh ! m'exclamé-je, piquée au vif. C'est pas sympa !

— Ça n'avait pas pour but de l'être, rétorque-t-il en dissimulant un sourire.

Je bredouille une excuse et parcours la salle en sens inverse, sans tenir compte des têtes qui se lèvent sur mon passage. Je crois que l'adrénaline commence à me monter au nez, comme de la moutarde extra-forte. Comment expliquer mon comportement chelou et inapproprié, autrement ?

J'ai super faim, en plus ! Je donnerais n'importe quoi pour engloutir la première chose qui me passe sous la main, comme... je ne sais pas, moi...

— Du pain à l'ail !

J'en suis déjà à mon deuxième toast lorsque Hugo revient vers moi, tel un chat à la recherche de sa souris.

Oh, non... voilà que je recommence avec mes comparaisons bizarres ! Ce n'est pas bon signe.

Pas bon signe du tout.

La dernière fois que j'en ai utilisé autant, j'ai laissé Maxence seul sur une plage, et je ne l'ai plus jamais revu. 

Il faudrait que je réponde à son message, d'ailleurs. 

Même s'il date du mois dernier. 

Je l'aurais bien fait là, tout de suite, maintenant, si je ne devais pas gérer le cas Georges Clooney – Hugo lui ressemble un peu, si on fait abstraction de ses dix kilos de muscles en plus. 

— Je suis éducateur canin, plastronne-t-il, comme si cette annonce allait effacer les dix longues secondes de malaise qui ont suivi notre échange. 

Et il a bien raison, parce que ça fonctionne parfaitement.

— C'est génial, ça ! Tu travailles avec quelles races de chiens ? me renseigné-je en cherchant une autre tartine du regard.

Les toutous, c'est ma came, désormais.

— Des labradors et des golden retrievers, mais...

Je l'écoute distraitement en avalant une autre bouchée de pain à l'ail. Je risque de puer de la gueule durant toute l'après-midi, mais je m'en fiche : je n'ai jamais été aussi proche de l'orgasme gustatif.

— ... toi aussi, tu as un chien ? 

— Pas vraiment. J'ai passé l'été avec la chienne d'un de mes amis. Il est parti en vacances en Tunisie, mais il s'est cassé la clavicule, alors j'ai continué à la promener à son retour. Elle s'appelle Pépette.

— Ah. C'est chouette, comme nom...

Je sens à son intonation qu'il ne le pense pas du tout, mais ne relève pas. Je suis bien trop occupée à étudier la silhouette longiligne qui s'approche vers nous : Béa Darmin. Je l'avais presque oubliée, avec toute l'agitation de la matinée.

— Bonjour ! gazouille-t-elle, toute guillerette à l'idée de... faire notre connaissance ?

— Salut, maugrée Hugo. 

Il semble agacé que quelqu'un interrompe notre conversation.

Un brin perplexe, je me tourne vers Béa et lève la main en guise de salut. C'est le mieux que je puisse faire, avec la bouche pleine.

— C'est vrai, ce qu'on dit ? demande-t-elle à mon attention.

— Fe'est-ce fi est vrai ? répété-je, la bouche pleine. 

Pendant ce temps, mon voisin en profite pour se goinfrer de Saint-Nectaire.

— Que t'as dragué Eliott pour qu'il te fasse directement accéder à la WattySélection afro-européenne.

J'ignore ce que cherche à faire Béa en me provoquant ainsi, mais à sa place, je me serais abstenue : quand les gens sont gentils avec moi, je ne leur recrache pas mon pain à l'ail à la figure. 

Pourquoi Béa Darmin a raconté qu'Emy draguait Eliott dans l'espoir d'être pistonnée ? 🤦‍♀️

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Pourquoi Béa Darmin a raconté qu'Emy draguait Eliott dans l'espoir d'être pistonnée ? 🤦‍♀️

Elle a inventé ça toute seule, à votre avis, ou ses paroles contiennent une part de vérité ?

On en parle, de nos deux grands mangeurs de pain à l'ail et de fromage ? 😂

On en parle, de nos deux grands mangeurs de pain à l'ail et de fromage ? 😂

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LES AMOURS ÉPONYMES 2Where stories live. Discover now