Chapitre 6

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TW : Consommation d'alcool - consommation de viande (lapin) -  mention de méthodes de suicide (rien de graphique ni sous-entendu, juste une mention)  

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19 Avril

Il ne me reste qu'une seule épreuve à affronter ce week-end après avoir formé Logan : le dîner dominical chez mes parents. N'ayant pas le permis, il m'incombe donc d'utiliser les transports en commun.

Un dimanche, sachez que c'est la mort absolue au niveau des horaires : un bus toutes les deux heures. Pour un trajet qui en compte une. Autant dire qu'il faut être motivé ou contraint pour aller dans le coin chic où habitent les Bogaert.

Vu que je l'ai promis et que je veux vraiment voir ma soeur, je n'ai pas le choix que d'affronter l'ennui. Pas les gens vu que nous sommes, à tout casser, huit dans le bus qui me mène jusqu'à Jamioulx.

Afin de tuer le temps et tromper mon ennui pendant ce trajet que je connais par coeur pour l'avoir emprunté tant de fois – tous les jours quand j'allais à l'école en secondaire notamment – je décide de parcourir le compte Facebook de Logan.

Pour des raisons qui m'échappent, il a décidé après notre étrange temps de midi qu'on s'ajoute comme amis. Je ne vois pas très bien ce que j'ai pu dire de si intéressant pour qu'il veuille le faire mais j'ai accepté.

Après tout, c'est une étape logique pour les gens de notre âge. Même si on est pratiquement tous passés à Twitter et Instagram, Facebook étant surtout à l'heure actuelle peuplé des boomers. Même si mes parents n'y sont pas ce qui, à vrai dire, m'arrange un peu : je n'ai pas envie qu'ils tombent sur mes dessins.

Parce que c'est bien l'une des rares utilités de mon compte à l'heure actuelle. Ma dernière image de profil date d'il y a deux ans, mes seuls posts sont ceux qui sont liés à mon Instagram. Ou quelques photos dans lesquelles on m'identifie – le boulot ou Rémy. Pour le reste ? C'est inintéressant niveau stalking.

Logan, par contre, a un profil plus fourni : photos en tous genres, que ce soient celles de ses vacances ou de ses soirées, des posts sur tous les concerts qu'il peut faire ou juste pour montrer sa chienne, Trixie, un berger australien. Déjà hier il n'a pas résisté à me la montrer sous toute les coutures. Je comprends sa fierté : elle a l'air absolument adorable.

Lui et moi sommes assez différents. Dans toutes ses photos, il est souriant et dégage une énergie des plus solaires. Mes rares sourires sont ceux capturés à l'improviste, au moment où je ne regarde pas l'objectif. Dans la majeure partie des cas, je tire la tête de l'artiste tourmenté.

Pas que j'apprécie ce cliché ceci dit. Mais il faut admettre que c'est la première chose qui ressort de ce que l'on voit. Alors que mes dessins, quant à eux, sont plutôt dans une tendance inverse.

C'est une chose étrange que mon art soit doux et lumineux, là où je vois souvent le monde dans des nuances grisées, influencées par mes propres pensées qui se projettent sur ce qui m'entoure. Sous mes crayons par contre, il y a beaucoup de douceur.

Parce que je cherche l'évasion. Trouver une chose belle à représenter. Souvent les gens ou mes propres souvenirs. Il m'arrive souvent d'observer ceux qui m'entourent, capter leurs traits, leurs imperfections et les représenter dans toute leur beauté. Du moins, c'est ainsi que mes yeux les perçoivent.

Rémy est le modèle que j'ai plus dessiné. Sans doute car je connais ses traits par coeur et qu'il me suffit de fermer les yeux pour voir son visage, sa posture dans les moindres détails. Il m'arrive parfois de représenter des gens sans visage définis, juste des silhouettes ou des traits communs.

Ce qu'il reste de toiWhere stories live. Discover now