Chapitre 35

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5 Juin

—Bonjour, je cherche la chambre d'Aurore Bogaert, je demande à l'accueil de la maternité. Je suis son frère, Hugo Bogaeart.

—Carte d'identité s'il vous plait.

Je la lui tends. Elle y jette un oeil avant de me la rendre. Après quelques instants à pianoter sur son clavier, la secrétaire m'accorde à nouveau son attention.

—Chambre huit. Vous prenez ce couloir, ce sera sur la gauche.

Je la remercie avant de suivre ses indications. Le sac avec le cadeau parait peser une tonne dans ma main au fur et à mesure de mon avancée.

J'ai été poussé à la porte du Fox par Charles. Dès qu'il a appris la naissance de ma nièce, il m'a obligé à prendre un jour de congé pour aller voir ma sœur. Aucune protestation permise de ma part, alors même que j'insistais pour travailler après ces deux semaines loin du boulot.

Après, j'ai peu protesté, trop heureux de pouvoir les voir toutes les deux. J'aurais pu venir un peu plus tôt, mais je préférais éviter un peu le rush post-accouchement.

Surtout pour me préparer face à l'arrivée de cet enfant. J'ai tant de mal à réaliser que je suis parrain. Un an semble s'être écoulé entre le moment où j'ai accepté la proposition et celui où Aaliyah est née. Sauf qu'il n'y a qu'un peu plus d'un mois que j'ai pris cette décision.

Arrivé devant la chambre, je marque un temps d'arrêt. Je reprends ma respiration afin de calmer les battements affolés de mon cœur.

Pour enfin donner de petits coups sur la porte.

—Entrez !

Je m'exécute et suis accueilli par le salutations plus qu'enthousiastes d'Aurore et Mohammed. Leurs mines sont pourtant fatiguées, sans doute car les nuits en tant que jeunes parents sont courtes.

Mon beau-frère me fait une accolade vigoureuse qui me coupe la respiration tant je ne n'y étais pas préparé. Je la lui rends une fois le choc passé.

—C'est bon de te voir ! me dit-il une fois lâché. Comment tu vas ?

—Plutôt bien. Et vous deux ?

Mohammed ricane tandis qu'Aurore rit un peu jaune.

—Moi ça va, réponds mon beau-frère. Ce n'est pas moi qui a accouché, ni celui qui doit manger la bouffe dégueulasse de l'hôpital.

—C'est pas une légende alors ?

Ma sœur secoue la tête.

—Pas du tout, frissonne-t-elle. C'est immonde. Vivement qu'on me fasse un bon petit plat quand je rentrerai à la maison.

—Si j'avais su, j'aurais préparé quelque chose.

—Ne t'en fais pas pour ça.

Elle me fait signe d'approcher pour me coller un baiser sur la joue. Sa main s'attarde sur mon bras, plus longtemps que d'habitude. Je lis dans ses yeux qu'elle aussi voudrait m'interroger sur les récents événements. Après tout, elle et moi n'en avons pas encore parlé.

Mais elle ne le fera pas devant Mohammed. Ce qui m'offre un moment de répit : je ne me sens pas de me livrer devant lui. Encore moins sur tout ce que j'ai traversé.

Traverse encore par moments. Tant la bataille contre mes pensées et les souvenirs de Logan est loin d'être terminée.

Mais je survis. Un peu mieux. J'apprends à vivre avec la douleur et l'absence, car c'est ce que l'on attend de moi. Et que je ne peux pas imposer à mon entourage d'être au plus bas.

Ce qu'il reste de toiWhere stories live. Discover now