Chapitre 16

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25 Avril

J'ai l'habitude de me réveiller avec un poids sur la poitrine.

Une pression inexplicable dès que mes paupières s'ouvrent. Une sensation de malaise diffuse qui s'amplifie parfois durant la journée. Associée à mes pensées intrusives et à la présence du Monstre bien souvent.

Sauf que, contrairement à d'habitude, ce poids que je ressens n'est pas dû à mon mental.

Mais plutôt au corps nu de Logan endormi sur le mien.

Ses bras m'enserrent, ses jambes sont entremêlées aux miennes. Il est accroché à moi tel un naufragé à une bouée, sa respiration toutefois bien plus apaisée que celle de quelqu'un qui lutte pour sa vie.

Mon sommeil a été calme mais peu profond cette nuit. Il faut toujours un temps d'adaptation quand on dort avec quelqu'un de nouveau pour la première fois. Du moins, c'est mon cas, surtout que ce n'est plus arrivé depuis des lustres.

Et que Logan est du genre très collant. Après s'être endormi comme une masse, il s'est rapidement réfugié contre moi durant la nuit.

Je n'ai d'ailleurs pas osé bouger lorsque j'ai senti ses bras autour de moi et sa chaleur contre mon dos. Au début même, j'étais terrifié. Mais sa respiration si calme et régulière ont eu raison de moi.

Là, allongé sur le dos à contempler mon plafond et avec Logan qui se repose sur mon torse, j'ai peur de me lever et briser cette magie. Alors j'attends le réveil, à caresser le dos de mon amant du bout des doigts.

J'essaie encore de rassembler les souvenirs et sensations de la nuit. Les graver dans ma mémoire, écrire de nouvelles pages. Pour pouvoir y revenir en cas de coup dur et me créer un espace sûr dans mon esprit si tourmenté.

Des années que le sexe est devenu pour moi quelque chose de mécanique. Juste une envie à satisfaire certains jours, avec des gars qui ne cherchent pas plus loin. Pas de sentiments, de lendemain ou d'attentes.

Cette nuit, j'ai redécouvert tout ça. Le foulard posé sur mes yeux et mes sensations m'a été ôté. J'ai retrouvé le désir de découvrir le corps de l'autre. De faire monter et refluer la tension. S'arrêter. Se regarder. Reprendre. S'embrasser. Se consumer.

Tout était parfait dans les imperfections. Ces moments d'hésitation propres à un nouveau partenaire. Où l'on essaie de s'adapter à son tempo et ses envies. Comprendre ce qu'il souhaite, ce qu'il aime. Ou le but n'est pas de d'exercer la meilleure performance possible. Juste de vivre l'instant et se laisser porter par la vague.

Sans doute que c'est une chose facile avec Logan, amant attentif et passionné. L'humain qu'il est en-dehors se reflète au lit, en une logique des plus imparables.

Il remue et grogne un peu contre moi avant de reprendre une respiration régulière. Ma main a glissé dans ses cheveux que je caresse lentement. Ils sont doux, un peu bouclés par endroits.

Je ne sais plus de quand date la dernière fois où je me suis senti autant en paix. Sans Monstre dans la tête. Sans respiration difficile, démangeaisons ou mains moites.

La seule chose que je sais, c'est que je la dois à cette personne endormie entre mes bras. Cette personne dont l'âme est si scintillante qu'elle a réussi à transpercer la densité de mes ténèbres.

Il est trop tôt pour parler d'un certain sentiment que j'ai évité avec grand soin durant tan d'années. Bien trop tôt.

Mais pour une fois, je veux bien baisser un peu mon armure.

Ce qu'il reste de toiWhere stories live. Discover now