Chapitre 37

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14 Juin

De toute ma vie je n'ai jamais été aussi angoissé d'entrer dans un café. Ma poitrine menace d'exploser sous l'effet du stress et mes jambes risquent de me lâcher à tout instant.

Je ne dois pas flancher. Parce que Logan a tenu parole en me gardant au courant. Il n'a même pas attendu le vendredi pour me prévenir : dès mercredi, nous avons convenu de nous voir le dimanche.

Tout devient bien plus concret. Nous ne sommes plus dans l'ordre du fantasme : je vais revoir Logan. Perspective aussi terrifiante que réjouissante.

J'ai si peur que ce soit bizarre entre nous. La dernière fois s'est si mal terminée et nous avons des choses à régler. Ce ne sera pas une réunion si anodine autour d'un café entre deux vieux amis.

Mais il le faut. Il est important que l'on puisse s'exprimer sur tout ce qu'il s'est passé. Reprendre normalement n'est pas faisable. Je refuse, tant les non-dits risquent de me hanter.

Et si ça se passe mal, au moins, je serai fixé. Cela me permettra de tourner la page et d'avancer. C'est tout ce que je veux.

Le Quotidien est un endroit assez chic qui encourage les producteurs locaux et le bio. Le choix de se revoir ici est surprenant de prime abord mais l'ambiance y est plutôt cosy et calme. Ce sera parfait pour parler. Être dans un lieu public, un endroit neutre, est aussi le meilleur moyen pour aplanir les choses.

Logan n'est pas encore arrivé, alors je m'installe sur les banquettes dans un coin. Il y a peu de gens, ce que je trouve assez rassurant. Je me sentirai moins gêné si je venais à être débordé par les émotions. Ce qui est plus que probable tant je suis sur le point d'exploser.

Je pose mes paumes à plat sur le bois de la table, ferme les yeux quelques instants et prends de profondes respirations. Me concentrer sur les sensations. La régularité du rythme.

Tout ira bien.

Ce n'est pas une crise d'angoisse. Juste un stress un peu intense. Mais je le mate, tout comme le Monstre qui ne montrera pas son museau aujourd'hui. En vérité, il ne se manifeste plus vraiment depuis que je dessine mes différents souvenirs.

Raconter mon histoire par le dessin est si apaisant. Étrange par moments de replonger dans des évènements enfouis dans les tréfonds de ma mémoire. Mais cela me fait beaucoup de bien : alors je continue.

J'ai hésité à amener certains dessins à Logan aujourd'hui. Mais je me dis qu'il est trop tôt pour ça. D'abord parler et s'expliquer. Voir ce qu'il se passera.

Mon regard balaye la salle. Le bois du mobilier est clair, l'espace est lumineux. Mais je dois avouer que j'aime beaucoup cette immense baie vitrée dont la vue donne sur le Boulevard Tirou. Pour peu, on se croirait dans les quartiers chics de Bruxelles.

Observer l'environnement m'aide à calmer la tension dans mon corps. Il ne va rien arriver d'horrible. Logan a tout autant envie que moi de parler. Nous sommes prêts.

C'est à ce moment-là que je le vois débarquer. Parcourir la salle du regard, jusqu'à ce qu'il m'aperçoive lui faire signe. Il me décoche un sourire lumineux et d'un seul coup, je me dis qu'il n'y a aucune raison que les choses se passent mal. Il est tel que le premier souvenir que j'ai de lui : solaire.

Je me lève, un peu gauche car je reste stressé. Il arrive vers moi, pose sa main sur mon bras et me fait la bise.

—Salut toi ! dit-il avec cette énergie habituelle. Ça fait longtemps que tu attends ?

—Non, t'inquiète.

—Parfait !

Nous nous asseyons l'un en face de l'autre. Logan se plonge directement dans le menu. Je sais déjà ce que je vais prendre mais je fais mine de m'y intéresser également.

Ce qu'il reste de toiWhere stories live. Discover now