Chapitre 8

283 25 8
                                    

L'ombre de Maxime plane dans ma tête toute la journée. Si je ne suis plus paralysé comme j'ai pu l'être au supermarché, le noeud dans mon estomac est toujours présent. Je n'ai rien pu avaler, si ce n'est un verre d'eau.

Un malaise certain flotte au-dessus de ma tête, quand il ne se perche pas sur mes épaules, pesant de tout son poids. Ma peau me démange à divers endroits et je dois me retenir de ne pas me gratter : ça ne fera qu'empirer ces signaux que m'envoient mon corps.

J'ai tenté de me distraire du mieux possible. Mais tout me ramène à Maxime à un moment ou à un autre. Même mes rituels habituels ne servent pas à grand-chose, son nom revenant sans relâche.

Toute mon énergie mentale est concentrée à le chasser, lui et tous ses souvenirs. Je dois y arriver si je ne veux pas que ma crise s'aggrave et que je plonge davantage.

Cela fait trois ans. Après autant de temps, je devrais avoir enterré cette histoire. Tant d'eau a coulé sous les ponts et tout a changé.

Laure et Rémy ne sont sortis que quelques semaines ensemble avant qu'elle ne le largue pour retourner avec son ex. Sandra a rencontré son mec quelques mois plus tard. Aux dernières nouvelles, ils sont toujours ensemble. Pareil pour Eric et Charlotte qui auraient prévu des fiançailles pour cet été. Quant à Quentin, difficile à dire : il a toujours voyagé de relations en relations avec une rapidité déconcertante.

Pas que j'ai des nouvelles, sauf via les réseaux. Des likes discrets. Ou des souvenirs que ramène Facebook à la surface. Des claques en pleine tronche pour me rappeler que le temps passe et que les gens avancent.

Sauf moi. Qui reste bloqué sur un passé douloureux qui ne m'a laissé que des cicatrices, des angoisses plus fortes et des souvenirs. Je me sens stupide et faible à la fois.

Toute histoire laisse des marques. Certaines sont plus profondes que d'autres. Maxime a transpercé ma peau d'un bout à l'autre et je ne suis plus qu'une créature suturée de partout.

Appelez-moi Frankenstein.

Ne tenant plus et lassé d'être allongé depuis une heure dans mon canapé à contempler les imperfections du plafond, je finis par foncer vers ma sacoche.

Il y a une chose que je n'ai pas encore essayée pour calmer la tempête de mes pensées. Pas sûr que ça fonctionne mais je me dois de tenter. De toutes façons, Rémy est absent pour la soirée – il a un conseil de classe – et ne peut pas venir me distraire pour le moment.

Pourtant, j'aurais bien besoin de ses mots et sa présence. Si cela ne passe pas, je sais que je pourrai toujours l'appeler pour qu'il passe une fois ses occupations remplies.

Je n'aime pas spécialement appeler à l'aide comme ça, cela me rappelle trop de sombres moments de mon passé mais je ne suis plus qu'une boule de nerfs. Pas en pleine vague de panique, mais la sensation de malaise se diffuse bien trop dans mon corps.

C'est comme si chaque battement de mon coeur envoyait une onde en moi qui vient alimenter le Monstre. Je ne me sens pas très bien, cela se sent à ma respiration hachée et à cette pesanteur qui ne se décroche pas de mon plexus.

Il me reste le dessin. Me concentrer sur cette tâche va pouvoir m'aider, du moins je l'espère, à ce que mes pensées dérivent sur autre chose.

Je tourne les pages de mon carnet de croquis jusqu'à arriver à la dernière que j'avais entamée : le portrait de Logan. Il me faut quelques instants pour réaliser que je ne l'avais pas terminé, tout y est encore si brouillon.

Je m'empare de mon crayon, tapote le bout sur le carnet. Hésite. Puis, sans même reprendre la photo d'origine sous les yeux, je me mets au travail.

Ce qu'il reste de toiWhere stories live. Discover now